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République, services publics et quartiers populaires. Christian DELARUE

samedi 23 juin 2018, par Amitié entre les peuples

République, services publics et quartiers populaires.

http://amitie-entre-les-peuples.org/Republique-services-publics-et-quartiers-populaires-Christian-DELARUE ?

Préalable :
Les « quartiers populaires » ne concernent pas que les familles immigrées ou issues de l’immigration.

En introduction, il importe de rappeler que les quartiers populaires sont divers : multicolores (blancs et non blancs) et multi-ethniques (soit avec une diversité culturelle et d’origine). Il ne faut donc ni accepter la racialisation externe (venant du FN ou de la droite), ni celle interne, en réaction. C’est Michel Kokoref qui exprimait cette tendance ainsi : « Tout se passe comme si la racialisation « par le haut » s’inversait dans un processus d’ethnicisation « par le bas ». Cependant, on ne saurait pour autant « ethniciser les rapports sociaux » dans les « quartiers de relégation » comme le disait jadis Jean-Marie DELARUE.

Il s’y pose certes le problème des discriminations cumulées (sexistes et racistes, avec le problème de la montée des intégrismes religieux) sans doute plus fortement qu’ailleurs. C’est un aspect que je développe ailleurs (1) car ici du point de vue de l’implantation des services publics c’est l’aspect économique, social et territorial que j’aborde en deux points.

I - CLASSISME et quartiers populaires.

Le classisme (ou politique en faveur de la classe dominante contre le peuple-classe) y est double, sur deux plans territorial et social. Les quartiers populaires concentrent les phénomènes d’exclusion (territoriale et sociale) et ceux du mal-vivre des grands ensembles. Deux aspects donc.

 Les quartiers évoquent au plan SPATIAL un milieu urbain assez dégradé et des logements peu spacieux (HLM) à franchement insalubres fort différents des lotissements des classes sociales plus aisées (sans parler des résidences du 1% d’en-haut).

 Au plan SOCIO-ECONOMIQUE la population des quartiers populaires concerne les classes sociales modestes et pauvres soit les plus dominées au plan économique et social (2), qu’ils s’agissent des nationaux ou de simples résidents, d’ athées ou de croyants, de métropolitains ou de « domiens » (issus des DOM-TOM) ou de migrants ACP...

Que ce soit en termes d’espace territorial ou en termes de populations subissant plus fortement le chômage (à deux chiffres ici), c’est à eux que le FN et le MEDEF pensent à propos d’« assistanat » . Il y a une alliance objective entre l’extrême-droite et une fraction du patronat pour limiter les investissements et les aides dans les quartiers délaissés de la République. C’est aller contre toute démarche solidaire et égalitaire digne d’une véritable République.

II - REPUBLIQUE, SERVICES PUBLICS pour les quartiers populaires

Les quartiers populaires ont besoin d’une République sociale, d’une véritable République. C’est en mesurant l’écart entre les « quartiers bourgeois » et les quartiers populaires que l’on mesure la dégénérescence de la République, une République acceptée du bout des lèvre par les classes dominantes que sous un format très minimaliste et rabougri. Il en va d’ailleurs ainsi pour d’autres thématiques de la philosophie politique et sociale comme la « justice sociale », la « cohésion sociale », les « droits créances » et même la démocratie.

A) Le sens de la République contre les privilèges.

La République, avec son souci de l’intérêt général et du bien commun orienté contre les privilèges, vaut pour tous et toutes tant au plan territorial qu’ au plan social et donc pour les différentes couches ou classes sociales, y compris les plus modestes. Il en va de notre modèle social que de faire un tel effort.

Cet effort suppose de combattre le « développement inégal et combiné du capitalisme » ou pour le dire plus simplement le « mal développement » tant au plan territorial que social.

C’est sur ce plan que l’implantation diffuse des services publics prend toute son importance. Or il se trouve que la démarche actuelle - sous couvert d’informatisation - est à l’inverse, soit en réduction du maillage territorial. Cela se voit dans plusieurs secteurs. S’y ajoute une chute des effectifs de fonctionnaires (ou d’autres types de travailleurs).

B) Le néolibéralisme nous ramène au XIX ème siècle.

Le néolibéralisme nous ramène à une République sans services publics, une République bridée dans son développement au cours du XIX ème siècle par les forces sociales historiques issue d’avant 1789 (noblesse et assimilée) qui n’en voulaient pas.

Tant qu’on ne critiquera pas en paroles et en actes la dégénérescence néolibérale des services publics en France et en Europe (ordolibéralisme et SIG - SIEG) qui subordonne le service public aux impératifs de l’économie capitaliste financiarisée on ne pourra valoriser une véritable République agissante. On devra se contenter d’une simple rhétorique par ailleurs sélective. Or la République est sociale ou elle n’est pas.

C ) Une République sociale comme synthèse pour de véritables services publics

Pour être sociale la dite République doit se dégager - de part l’autonomie du politique en lien avec l’appui des acteurs du combat social (pour le dire brièvement) - de l’emprise des logiques marchandes et capitalistes. Il importe de voir que ces logiques ne recouvrent pas encore les services publics et que les fonctionnaires qui en sont les producteurs le savent d’ou leur combat actuel. Nombre d’usagers ne l’ignorent pas plus.

Christian DELARUE

Membre du CA de Convergence des Services publics

1) « La force des quartiers populaires : de l’indifférence à l’engagement » - Christian DELARUE - BELLACIAO
https://www.bellaciao.org/fr/La-force-des-quartiers-populaires-de-l-indifference-a-l-engagement

Plan du livre « Banlieues en difficultés : la relégation » de Jean-Marie DELARUE -Ed Syros Ten 1991

1- Des habitants tenus en lisière,
2 - Les politiques publiques et les quartiers,
3 - Quelle stratégie ? Citoyenneté plus trilogie du 4.
4 - L’urbain, le social, l’économique.
5 - Cultiver la ressemblance, cultiver la différence.
6 - Jalons pour la mise en oeuvre
7 - Les réalisateurs

2) On trouve aussi des pauvres et des couches sociales modestes en habitat peu confortable en milieu rural. N’oublions pas au passage les agriculteurs pauvres . Il n’y a pas que les gros agriculteurs défendus par la FNSEA .

XXX

1) Plan Borloo pour les quartiers : le décryptage du Bondy Blog - Bondy Blog

https://www.bondyblog.fr/reportages/cest-chaud/plan-borloo-pour-les-quartiers-le-decryptage-du-bondy-blog/

Thomas Kirszbaum : « On a atteint un point critique dans la désolidarisation vis-à-vis des quartiers » - Bondy Blog

https://www.bondyblog.fr/reportages/au-pouvoir/thomas-kirszbaum-atteint-un-point-critique-dans-la-desolidarisation-vis-vis-des-quartiers-populaires/