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Religion, respect, « ver dans le fruit ». C Delarue

vendredi 21 janvier 2011, par Amitié entre les peuples

Religion, respect, « ver dans le fruit ».

1 – Paradoxe du respect en rapport à la religion.

Le respect des humains est important et cependant pas toujours facile. Par contre, le respect de la religion n’est pas un du - du moins à titre individuel - laïcité ou pas . La critique est même parfois nécessaire.

En matière de respect, il importe de signaler très fortement ici une inversion : certains respectent la religion mais pas les humains, d’autres font l’inverse : il plaisantent contre la religion mais se montrent attentionnés et gentils avec les humains, croyants ou non.

Évidemment il y a aussi ceux qui sous couvert de malmener la religion entendent clairement s’attaquer aux croyants. Ce n’est pas les mêmes que les précédents. Il faut donc se garder de généraliser : tous les blasphémateurs des religions ne sont pas racistes. Loin de là ! Certains ironisent sur les majuscules des croyants qui sont « gonflants » ; la plaisanterie est alors un moyen de mise à niveau. Olivier Le Cour Grandmaison signale ce procédé d’égalisation face aux puissants dans son ouvrage « Haine(s) Philosophie et politique » (p192). Quant à la critique anti-fétichiste authentique, elle se propose de détrôner les fétiches qui surplombent les humains pour rétablir la valeur de ces derniers dans une perspective émancipatrice.

Au final, il importe de tendre vers le respect humain en sachant que tout un chacun est faillible. Le plus gênant en société, c’est ceux qui se font une spécialité du mépris humain. Ce n’est pas pour eux un faux-pas pardonnable mais une orientation malveillante générale de la personnalité. C’est grave. Mais la chose m’apparaît comme plus odieuse encore quand ce mépris est exercé au nom d’une religion. D’où ce qui suit.

2 – Tunisie : l’islam conservateur et l’islamisme (radical).

Sur une radio ce vendredi matin 21 janvier .

J’entends ce matin un journaliste évoquer les islamistes en Tunisie alors que le discours du responsable politique se réclamant de l’islam déclarait accepter la démocratie, la séparation du religieux et du politique . En plus, s’agissant de la société civile il a déclaré que son parti (je n’ai pas entendu le nom) n’avait pas de normes vestimentaires. Le journaliste a insisté en le questionnant sur le voile. Il a répondu clairement qu’il était pour que les femmes s’habillent librement. Il y a sans doute de véritables islamistes en Tunisie mais il y a aussi à l’évidence un islam démocratique et laïque.

Une spécialiste est intervenue pour préciser que cet islam pouvait être conservateur par rapport au code de la famille mais qu’il n’était pas radical car il acceptait le jeux des institutions politiques fondées sur l’élection et la laïcité.

Cette mise au point participe à mon sens de la lutte antiraciste dans la mesure ou il casse l’amalgame entre l’islam radical et le reste des positions possibles au nom de l’islam. On pourra toujours critiquer au nom de l’égalité entre hommes et femmes les éventuelles positions conservatrices, autoritaires et patriarcales concernant le code de la famille mais c’est là autre chose que de critiquer l’islamisme radical au plan politique ou au plan des mœurs sexo-séparatistes.

3 - Variation sur une image : le « ver dans le fruit » !

Quelle influence de ce discours sur le mode général de lecture du fait religieux musulman ?
L’islamologue française Anne-Marie Delcambre estime que « islamisme » et « islam » désignent une réalité indistincte mais Daniel Pipes (son préfacier) pense lui, que l’islamisme est une manifestation spécifique et extrémiste de l’islam. Il est l’auteur de l’expression « islamistophobe » pour distinguer le rejet de islamisme comme radicalisme du reste des interprétations de l’islam.

Pour ma part, simple citoyen non spécialiste de l’islam, mais antiraciste militant je ne défends ni l’un ni l’autre. Mais je comprends – et ce n’est pas sans importance - qu’il y a une différence entre dire que « le ver est dans le fruit » - ce qui se défend - et d’ajouter « que le ver rend pourrit le fruit » (AMD) ce qui est autre chose de dire que grosso modo « les musulmans mangent le fruit et pas le ver » quitte à reconnaître effectivement que « certains activistes ne mangent que le ver » (DP) . Cette distinction me semble bien participer au fait de mieux poser la question sur la diversité du monde musulman.

Christian DELARUE