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Religion : Sur « Les intégrismes » de Daniel Béresniak

mardi 4 octobre 2016, par Amitié entre les peuples

Sur « Les intégrismes » de Daniel Béresniak - Ed Jacques Granger (mars 1998) - Idéologie du délire paranoïaque.

Le livre porte sur les intégrismes religieux et si cela allait quasiment sans dire il y a plus de 15 ans il en est plus de même puisque le terme est sorti de sa sphère d’origine la religion pour porter critique de divers excès ou abus d’autorité dans les domaines les plus divers.

L’auteur lui concentre les développements de sa pensée contre les dérives qui frappent les principales religions révélées : christianisme, islam, judaîsme.

Intégrisme et fondamentalisme.

Le propos de D Béresniak démarre avec le Syllabus (1) publié en 1864 par Pie IX et dont les partisans se disaient « catholiques intransigeants ». Les intégristes ou les intransigeants étaient les même catholiques qui ne se reconnaissaient pas par le concile de Vatican II (2) et qui ont créé un schisme sous la direction de monseigneur Lefebvre. On trouvaient des catholiques très conservateurs au plan des moeurs chez les papistes mais les intégristes allaient plus loin en se raidissant face à la modernité acceptée au sein de l’Eglise. Par modernité, nous évoquons l’acceptation du fait démocratique, le principe d’égalité entre hommes et femmes ce qui emporte l’idée de droits nouveaux pour les femmes. On sait que cela fut très difficile et qu’il n’y avait pas que les intégristes pour s’y opposer.

Le fondamentalisme vient lui de la Conférence de Niagara (3) dont on retient souvent que le premier point sur les cinq à savoir une lecture littérale des Ecritures car cela définit souvent de nos jours le fondamentalisme. Mais il y a aussi la certitude du retour du Christ pour le jugement dernier ce qui a des effets concrets en termes de refus de citoyenneté et de refus de toute réforme du cours des choses dans le monde. s’y ajoutent encore la divinité de Jésus Christ et la naissance virginale de Jésus ainsi que la valeur expiatrice et pleinement rédemptrice de la mort de Jésus.

Les intégristes catholiques et les fondamentalistes protestants se ressemblent en pratique par l’adoption de valeurs traditionnelles opposées à la modernité et aux tendances d’émancipation. Le terme intégrisme s’emploie aussi de façon englobante pour saisir cet ensemble de croyants de diverses religions (juifs et musulmans aussi) travaillant au rétablissement d’un monde passé, ou domine la forte autorité de la tradition patriarcale (culte du chef et conformisme pour les hommes ; soumission et pureté pour les femmes), d’ou le terme de réactionnaire. Les intégristes sont très souvent psycho-rigides et souvent dotés d’un surmoi très sévère qui refusent les plaisirs, ceux de la chair surtout (le christianisme est plus sévère que l’islam mais l’intégrisme musulman est lui très sexoséparatiste comme chez les juifs haredim). Ils sont portés non seulement vers l’abstinence (pour soi) mais aussi vers la répression des moeurs d’autrui.

Faire le mal à son prochain.

Un intégriste se focalise sur l’appartenance religieuse et sur le respect du dogme. Mais non seulement il ne supporte pas les écarts par rapport au prescrit mais il n’admet pas qu’un humain puisse être bon et juste s’il n’appartient pas à sa religion. C’est pire encore s’il est athée. Un croyant non intégriste admettra beaucoup plus volontiers que la bienveillance se trouve ailleurs que dans son groupe religieux d’appartenance. Ce qui est inadmissible pour un intégriste qui est intransigeant sur tous les préceptes et c’est ainsi que l’amour s’efface et dégénère en cruauté.

La violence et la cruauté voire le sadisme dans la punition est le signe des intégristes. Mais le contexte empêche parfois la violence ouverte, c’est alors un autoritarisme caché qui sévit dans le cadre familial ou communautaire. Les autres croyants se gardent eux d’avoir un « coeur dur » et, au contraire, pardonnent bien volontiers et s’ouvrent ainsi avec autrui à l’espérance d’un monde meilleur. Mais cette attitude ouverte et chaleureuse a été combattue par les intégristes sous le nom d’ « indifférentisme » soit un mal qui génère une société dépravée et qui est aussi une « faiblesse de l’âme ». La force d’âme n’est pas placée pareillement chez les uns et les autres.

Les renégats et apostats sont au mieux écartés voire franchement éliminés si la situation s’y prête (contextualisation nécessaire ici pour différencier l’autoritarisme sourcilleux de la violence ouverte) car ils empêchent la formation d’une société homogène et hiérarchique nommée « ordre moral » par Mac Mahon en 1877. Le terme s’est généralisé pour nommer le modèle de société des intégristes de façon générale, bien que chaque intégrisme religieux a évidemment ses particularités, ses obsessions.

Christian DELARUE

1) Syllabus de Pie IX — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Syllabus_de_Pie_IX

2) IIe concile œcuménique du Vatican — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/IIe_concile_œcuménique_du_Vatican

3) Qwika - Niagara Bible Conference
http://wikipedia.qwika.com/en2fr/Niagara_Bible_Conference