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RELIGION : I - Ce qui insupporte radicalement... C Delarue

dimanche 30 octobre 2011, par Amitié entre les peuples

RELIGION : I - Ce qui insupporte radicalement...

Aujourd’hui ce sont des fondamentalistes chrétiens qui manifestent, un autre jour ce sera d’autres fondamentalistes. Ils crient à la christianophobie comme d’autres à la judéophobie ou à l’islamophobie. Mais dénigrer un aspect de la religion n’est pas dénigrer les humains croyants. Dénigrer le Capital en bloc ou en partie n’est pas offenser les marxistes. Idem pour Freud par rapport aux psychanalystes.

 Une double reconnaissance refusée.

Les religions s’appuient sur quelques textes et sur diverses traditions elles-mêmes articulées à telle ou telle fraction de texte.

Mais, il n’y a pas que les religions à s’appuyer sur des textes. Les grands discours idéologiques non religieux s’appuient aussi sur des textes. Quant aux discours scientifiques ils prennent également appui sur des textes.

A suivre Patrick TORT un texte d’un scientifique peut tout à la fois contenir des vérités proprement scientifiques et des dogmes qui relèvent de l’idéologie. Mais peu importe ici.

La différence entre les deux types de texte est que les textes des religions doivent être tout à la fois jugés comme sacré au plan formel et comme supérieur au plan du contenu. Cela est nettement refusé et de plus en plus. Il n’a pas de tolérance pour cela. Au nom de quoi d’ailleurs.

 Le moment de la dégénérescence du conflit.

Fort de leurs certitudes de supériorité de forme et de contenu, certains croyants partent en guerre contre l’intolérance. Là ils se mettent, pour certains, à devenir eux-mêmes méprisants mais des humains réels ce coup-ci. C’est autre chose que de dénigrer un objet fut-il sacré. Ils bafouent ce faisant les quelques bons principes qui peuvent figurer dans leurs textes. Mais ce n’est pas ce qui nous préoccupe.

Ce qui est plus grave est qu’un cercle vicieux s’enclenche : La critique adressée aux livres se retournent alors naturellement contre ces personnes qui ont pris pour elles - à tort - une critique qui ne les visaient pas. Ne pas distinguer le soi de l’objet de sa croyance parait infantile . Mais cela devient franchement comique quand ces croyants crient christianophobie ou judéophobie ou islamophobie.

 La ligne de crête.

Car évidemment ce genre d’instrumentalisation de l’antiracisme ne trompe qu’un temps. On ne peut se cacher derrière l’antiracisme pour imposer une vision du monde sur un texte forme ou contenu. La plupart des croyants le savent. Cela est fort différent si la critique des livres est reportée explicitement sur les croyants eux-mêmes pour les rabaisser. Là aussi on ne peut se cacher derrière la critique des textes pour éviter l’accusation de racisme.

Ceci dit, passons à un autre niveau :

 La défétichisation.

Dans le monde certains sont croyants d’autres pas et ces derniers n’ont pas à se voir imposer des dogmes bidons et du sacré à deux balles ! Sacré de forme et supérieur de contenu, Voilà en effet un double orgueil et une double domination proprement insupportable .

Il est donc fatal qu’il y ait des résistances et même des répliques qui opèrent des remises à niveau, qui cassent les fétiches, qui dégradent la position surplombante au-dessus des humains. Ces désacralisations sont libératrices car elles visent à faire remonter la positions des humains en même temps qu’elle rabaissent la position surélevées des livres religieux.

Tant qu’il y aura l’expression de ce sentiment de supériorité il y aura fatalement des réactions de rabaissement du fétiche. A priori, la Bible ou le Coran ne valent pas mieux que le Capital de Karl Marx ou les œuvres de Charles Darwin. On pourrait même dire que les unes ne sont que répétition de dogmes alors que d’autres ont une portée critique, car dévoilantes de rapports de d’oppression, de domination, d’exploitation.

De fait la théorie de la défétichisation des dispositifs abstraits qui surplombent les humains est mis en application pour diverses activités. On peut évoquer un fétichisme technologique, un fétichisme des normes de soumission de la force de travail, etc...

 Que faire de la haine ?

Au final il s’agit de respecter les humains, de les reconnaitre et de haïr les procès de domination. Haïr la domination du capital ce n’est pas haïr la bourgeoisie. Mais ces processus sociaux de distanciation ne sont pas toujours évidents.

Quand la police insulte les jeunes des quartiers populaires pour les provoquer ils savent qu’ils vont recevoir de la haine en retour - bien compréhensible au demeurant - mais ils savent aussi qu’il n’y aura pas le plus souvent de répliques. De fait, ces jeunes observent scrupuleusement les consignes de « self contrôle » que les grands leur enseignent. Mais quand surgit un évènement tragique, il ne faut pas s’étonner de la volée de cailloux. L’hypocrisie c’est toujours être en-dessous de la vérité et de la remplacer par de la morale à deux balles. Bourgeoise celle-là.

Christian Delarue