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Qui sème le vent récolte... Sharon et Dieudoné - J Fortin
samedi 11 janvier 2014, par
Qui sème le vent récolte... Sharon et Dieudoné
11 Janvier 2014 | par Jacques FORTIN
Des évènements se télescopent comme ça, qu’on regarde comme s’ils n’avaient aucun rapport entre eux et qui, pourtant sont intimement liés. Là, c’est la mort du criminel de guerre en Israel, et ici l’interdiction d’un humoriste douteux.
Douteux, soyons clair, parce qu’il sait ce qu’il fait, sait ce qu’il dit, a revendiqué de tout autres opinions naguère, se fout de tout et du reste sauf de sa pomme et de la thune.
On ne peut, on ne doit pas penser ce qui se passe autour de cet humoriste n’importe comment.
Israel s’est construit comme un colonialisme absolument radical, celui de l’épuration ethnique, un des colonialisme jusqu’au bout après ceux des Amériques, d’Australie et quelques autres lieux. Ce colonialisme ne s’est pas « contenté » de piller les richesses, y compris humaines, à son service autant et tant qu’il a pu.
Ce colonialisme s’approprie au nom de légendes (dévoyées selon la théologie hébraïque d’ailleurs) qui ne concernent que ses croyants, une terre où des gens vivent, travaillent, aiment, meurent, croient aussi mais pas la même chose, n’en feraient sans doute pas tout un plat si on ne prétendait pas les spolier de leur espace (leurs richesses, leur indépendance etc) contre les lentilles de promesses que nul de tiendra (l’état palestinien) ni n’a jamais commencé de tenir.
Israël mène avec constance ce colonialisme radical qui ne vise, ni plus ni moins, à rien d’autre qu’à expulser les habitants traditionnels des lieux à coups de territoires obtenus par la violence, de grignotage immobilier jusqu’à maintenant revendiquer l’annexion de la vallée du Jourdain. Tout cela au nom (fallacieux, hypocrite, menteur) d’une sécurité qu’il serait intéressant de comparer à celle des habitants de Gaza ou des Territoires palestiniens.
Cette obstination coloniale qui ne connaît pas de répit, est officiellement condamnable par la « Communauté internationale » qui condamne d’ailleurs avec componction par des « résolutions ». Celles-ci n’ont aucun effet, aucun effet de leur est donné, elles sont comme des bulles de savon soufflées régulièrement quand des tanks, des bombes, des murs, des spoliations, des destructions gratuites de champs et d’habitations sont perpétrées.
Israël s’appuyant sur l’horreur radicale de ce qu’elle a nommé la Shoa, a monté une arnaque inouïe à la mémoire universelle, elle pare ses propres horreurs des habits des héritiers de ces martyres.
Cette idéologie coloniale s’est répandue petit à petit, à grands coups de larmoiements catastrophistes des dirigeants coloniaux sionistes et de propagande « occidentale » des capitalistes du pétrole et des industries qui lui sont liées, trop heureux de tenir un abcès de fixation des résistances arabes.
De même que cette idéologie a imprégné les colons venus sur place munis pour beaucoup d’idéaux réels voire d’utopies fraternelles, elle a gangrené les communautés de culture juive de par le monde et tout particulièrement dans les métropoles impérialistes. Ces communautés « activées » par les propagandistes coloniaux ont pris du poids dans ces métropoles d’autant que celles-ci portent le poids (le remords ?) d’un antisémitisme souvent prononcé (et le goût du pétrole arabe).
L’impunité que ce colonialisme a conquise comme il est en passe de conquérir l’ensemble de la Palestine, se retourne contre lui et contre ces communautés qui en sont venues à le soutenir aveuglément, inconditionnellement jusque dans ses pires exactions (Sabra et Chatila par exemple, l’espace concentrationnaire de Gaza etc).
Ce retour sinistre de bâton est porté par des générations qui dans les métropoles impérialistes supportent le poids de leur propre passé de colonisés qui, pour passé qu’il soit, les voue ici à la défiance tacite, au mépris insidieux, à la dévalorisation, à la mésestime de soi, à la surexploitation, au chômage, au flicage, à la ghettoïsation, au racisme et à l’exaspération de la misère et de la discrimination.
Il ne se sentent pas concernés par le discours antiraciste quand celui-ci est incapable de rendre justice et de rendre justice aux colonisés en général, aux palestiniens en l’occurrence et à eux-mêmes dans ce qui est leur pays : la France. L’hypocrisie et l’inefficacité de ce discours prétenduement consensuel les écœure et ils n’ont pas tort tant est écœurant cet unanimisme de posture, sans acte et sans effet sauf à interdire un peu plus la liberté de parole (même obscène) en ce pays.
Ces dénis absolus de justice qui sont consentis à l’entreprise coloniale sioniste (et à eux-mêmes) permettent toutes les dérives et les procès pas totalement infondés en lobbysme international, en toute puissance et ainsi de suite.
Cette rage a vite fait d’emprunter le vocabulaire, les mythes odieux et les antiennes antisémites. De faux prophètes s’en servent, s’en gobergent, s’en couvrent d’or et d’argent et de notoriété. Ils usent, ils abusent une jeunesse que les rodomontades égotistes du ministre de l’intérieur poussent dans les bras de l’extrême droite : il a réussi le tour de force de lui faire le cadeau de la défense de la liberté d’expression !
Lutter sur le seul thème d’un antisémitisme qui serait le leur est une erreur, un mensonge, une impasse. Cet antisémitisme est d’un autre ressort que celui qui a produit l’extermination. Tout le monde le sait, le tait. Tant qu’on n’aura pas construit un solide antisionisme juste et solidaire, tant qu’on n’aura pas soldé non plus le passif colonial français, condamné les criminels des guerres du pétrole (et d’autres) rien ne sera audible. Et les faux humoristes propéreront.