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Question textile : notions essentielles.

mercredi 15 juin 2022, par Amitié entre les peuples

QUESTION TEXTILE et JUSTICE TEXTILE : NOTIONS ESSENTIELLES

Article revu déjà publié sous le titre « Question textile : état des lieux théoriques » sur Mediapart en sept 2016

On parle ici de question textile comme de la question sociale ou de la question démocratique. Il s’agit tout à la fois d’un champs et d’un objet d’étude. Mais on y trouve aussi des revendications au titre - plus récent - de la « justice textile », comme se diffusent ces dernières années les thématiques de justice sociale et justice fiscale, de la justice territoriale aussi, ainsi que justice climatique et environnementale. On trouve même la « justice animale » !

Avec la « question textile » et la « justice textile », il s’agit de penser la diversité culturelle dans toute son ampleur tant hypertextile (personne très couverte) qu’hypotextile (personne peu ou pas couverte) . La question textile aborde tôt ou tard la liberté de principe avec des exceptions variables pour se vêtir ou non, peu ou beaucoup.

Préalable

Il faut admettre que la question textile s’est posée avec le développement de normes religieuses très sévères de grande couverture du corps féminin. Il s’agissait pour les intégristes religieux notamment musulmans mais aussi juifs haredim de cacher aussi bien la peau que les formes du corps féminin (seins, fesses, cuisses, épaules, poignets trop graciles, cheveux trop féminins) et d’interdire certaines pratiques : bijoux, maquillage.

Elle s’est posée aussi parce que des individus, issus d’une génération de « libération textile » des années 68 en Europe se sont accommodés du port de l’hypotextile - voire ont pratiqué le nudisme - là ou c’était possible. Ce préalable débouche sur la distinction des formes de patriarcat, (qui n’est pas objet de ce texte).

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 Les notions de base  :

Il ne suffit pas d’évoquer, à propos du vivre ensemble égaux quoique différents et libres, une société multicolore et multitextile.

A) La notion d’ « extreme(s) textile(s) » .

Elle constitue le premier élément de réflexion de cette question textile. C’est un préalable avant d’aller plus loin dans l’étude. Les notions d’hypotextile (hypo-textile) et d’hypertextile (hyper-textile) permettent de penser les « extrêmes textiles ». Ces notions permettent d’éviter les mots issus de cultures particulières afin d’universaliser les échanges.

Il ne s’agit pas pour autant de nier la différence de problématique qui se pose dans le réel.

B) L’hypotextile et l’hypertextile.

I - L’HYPOTEXTILE se réfère pour l’heure à trois niveaux  :

1) le nu complet (nudisme et naturisme). Certains pays tolèrent le nu dans certaines zones, souvent des plages mais aussi des centres de loisir pour nudistes ou naturistes. Mais certains pays dictatoriaux interdisent ces zones de nudisme.

2) le dénudé avec un hypotextile qui cache le sexe masculin et féminin ( niveau string seulement ou string seins nus pour les femmes si on développe sur cette spécificité culturelle).

Dans de très nombreuses société le sexe - masculin ou féminin - doit être caché. On peut dire qu’il existe une « stringophobie »de la part de celles et ceux qui refusent soit la vente soit le port, tant pour les hommes que pour les femmes, du string.

3) l’hypotextile relatif chez les femmes avec la mini-jupe ou le décolleté.

Certain-e- s leur demandent, violemment ou non, à ce que ces femmes hypotextile se couvrent (sans nécessairement exiger le port du voile) ! On évoque ici un harcèlement sexyphobique.

Il existe une haine du féminin sous trois aspects (cumulables ou non) : haine des formes du corps, haine de la chair ou de la peau , haine de certains vêtements, ou bijoux, ou chaussures à talons. Elle est dite aussi sexyphobie.

II - L’ HYPERTEXTILE

Trois formes :

1) L’hypertextile intégral cache tout le corps y compris les mains (port de gands) et le visage (avec parfois un grillage qui camoufle les yeux)

2) L’hypertextile courant cache les cheveux mais pas le visage ni les mains. Les formes du corps sont souvent cachées : En cas de pantalons il sera mis une grande chemise cache-fesse.

3) Une modalité hypertextile ne cache pas les cheveux (et le visage) mais doit cacher les jambes et les bras. Le décolleté est prohibé et les chemises sont près du cou. Exemple : Les zones de tourisme dans les pays ou les femmes sont souvent voilées.

L’hypertextile concerne les modalités ou des formes de voilement important du corps masculin ou féminin : Souvent il s’agit pour des hommes ou des femmes de cacher les femmes sous voile, jupe longue, tunique cachant les fesses si port de pantalons.

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Eléments de débat : ils sont nombreux

Il peut y avoir hypertextile libre ou hypertextile imposé.

Il y a débat aussi sur l’aliénation du fait d’accepter un voilage continu du corps chaque jour et tous les jours. On évoque la soumission hiérocratique.

L’hypertextile accompagne pour certains le processus d’invisibilisation des femmes dans la société ainsi que la réclusion des femmes au foyer (sexoséparatisme)

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Les autres catégories employées pour penser et tenir un discours théorique sur la « question textile »

On pensera aussi la question textile avec les termes de liberté, d’égalité, de réciprocité, mais aussi d’inclusion, de diversité et d’équilibration.

Autre débat : Un usage de déstigmatisation de pratiques textiles est possible. En même temps il ne saurait être question de banalisation de pratiques oppressives.

La notion de « réciprocité multiculturelle textile » a sa pertinence : si hypertextile est possible alors l’hypotextile aussi.

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L’importance d’un langage universel ou universalisable pour penser et échanger

Cette terminologie facilite la pensée critique (selon moi mais on peut ne pas être d’accord) en usant d’un langage plus neutre (et non pas forcément plus scientifique) c’est à dire ni en valorisation de la religion ni en stigmatisation de la religion . Il est moins stigmatisant de dire hypertextile que « bâchée » ou « emprisonné sous voile » . Il ne s’agit pas non plus de valoriser, même implicitement, la religion, eu égard à tout ce qu’elle peut charrier de réactionnaire même si on y trouve aussi des éléments de progrès. On passe en fait d’une question religieuse à une question plus largement culturelle ou multiculturelle.

En outre, ce type de langage plus abstrait, mais pas compliqué, facilite les liens, les oppositions ou les complémentarité, en matière de vêtement ou non vêtement. C’est un avantage pour penser et donc comprendre.

Christian Delarue

A propos de la notion de « réciprocité (multi)culturelle textile » (Université d’ été d’ATTAC Marseille 2015)

http://m.amitie-entre-les-peuples.org/La-notion-de-reciprocite-multiculturelle-textile-C-Delarue?lang=fr

La théorie du « double regard » de C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/La-theorie-du-double-regard-de-C

Contre le sexo-séparatisme.
http://amitie-entre-les-peuples.org/-Contre-le-sexo-separatisme-pour-la-