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Quadrature de l’Islam : progressiste, conservateur, intégriste, plus l’islamisme

jeudi 1er décembre 2016, par Amitié entre les peuples

Quadrature de l’Islam : progressiste (faible), conservateur, intégriste, plus l’islamisme

Au regard de la diversité relaté par M Belab ci-dessous dans son texte De quel islam parlez-vous ? il apparait, semble-t-il, que l’islam progressiste soit très minoritaire (si l’on considère comme tel l’islam de Turquie ou l’islam du Maroc - ce que j’hésite à dire tant il y a variation interne à un pays, une nation) au moins autant minoritaire que les « salafistes-wahhabites extrémistes » (islamisme). Entre ces deux pôles extrêmes on trouve toute la palette allant d’un islam conservateur en moeurs à l’intégrisme religieux musulman et pire encore - islamisme - qui me semble massif et montant dans nombre de lieux.

Christian Delarue

De quel Islam parlez-vous ?

De la soi-disant unicité de la sharia et du pseudo-monolithique Islam.

27 sept. 2016 par Belab

Édition : L’escarbille

L’Islam embrasse de très nombreuses ethnies et autant de cultures. La majorité des musulmans se situe dans l’est de l’Asie (1,006 milliard) ; les arabes du Golfe, du Levant, d’Irak et de Palestine ne sont qu’une petite partie de cette immense ensemble (236 millions), les maghrébins (libyens compris) encore moins (86Millions).

De la soi-disant unicité de la sharia et du pseudo-monolithique Islam.

Selon Max Weber, les lois Islamique, Juive, Hindou, ou canon chrétienne, présentent des caractéristiques communes .Esotériques, elles nécessitent l’interprétation de prêtres, moines, rabbins et autres. Max Weber les regroupe sous l’appellation de lois sacrées et les oppose à la loi rationnelle telle que développée dans les Etats bureaucratiques modernes. Basées sur la révélation, source non fiable à ses yeux, elles inclinent, selon lui, vers « l’irrationalité matérielle » donc vers « la défense de l’intégrité » du traditionnel et le maintien du statu quo.

La population mondiale compte 1,620 milliards de musulmans répartis dans différents pays. L’islam est présent au Maghreb, en Egypte, en Afrique sahélienne, en Afrique de l’est ,dans la CEE, dans les Balkans, en Russie, au moyen orient, dans la péninsule arabique, en Turquie, en Bulgarie , dans les anciennes Républiques soviétiques d’Asie, en Iran, en inde, au Bangladesh, au Pakistan, en Afghanistan, en Malaisie, en Indonésie, en chine, aux USA , au Canada, en Amérique du sud .

L’Islam embrasse donc de très nombreuses ethnies et autant de cultures.

La majorité des musulmans se situe dans l’est de l’Asie (1,006 milliard) ; les arabes du Golfe, du Levant, d’Irak et de Palestine ne sont qu’une petite partie de cette immense ensemble (236 millions), les maghrébins (libyens compris) encore moins (86Millions).

Selon les pays, ils peuvent être :

 Sécularistes .Ils se caractérisent par une appropriation du modèle occidental : il y a émulation .C’est le cas de la Turquie laïque.

 Religieux modernistes. Qui semblent dire, nous voulons rester musulmans et réformer l’Islam. Cette approche est celle du Maroc, et de la Tunisie. Non seulement l’Islam a droit de cité mais en plus il est jugé compatible avec la modernité moyennant une réinterprétation à l’aune de la tradition, du Fiqh et de la modernité, concomitamment.

 Traditionalistes, qui veulent conserver les sociétés islamiques en l’état. C’est le cas de l’ArabieSaoudite et des autres monarchies du golfe. Pour eux, nul besoin de changer quoi que ce soit .La société musulmane n’est pas parfaite, certes, mais ils la juge supérieure à l’Occident, selon eux, décadent. Ils mettant dans la balance l’aspect négatif de la vie moderne tels que le divorce et son impact désastreux sur les familles, la prostitution, la déliquescence des mœurs, la criminalité etc...

 Fondamentalistes. Cas de l’Iran, du Pakistan, de l’Afghanistan et du Soudan qui veulent radicalement changer leurs sociétés. Un des points clés les caractérisant est le rôle qu’ils entendent faire jouer à leurs lois Islamiques respectives au détriment du droit rationnel moderne. Les représentants de ce groupe sont réactifs et erratiques. Ils monopolisent l’agenda politique mondial et travaillent les imaginations musulmanes et occidentales d’une même peur. Leur impact est démesurément hypertrophié par les media. Les membres de ce groupe ne se retrouvent que sur une thèse et une seule : modernistes, laïques et religieux, tous ont failli et se sont déconsidérés, ils doivent passer la main.

Selon une méconnaissance occidentale à la vie dure - entretenue, par ailleurs, par certains pays musulmans, dont les régimes trouvent intérêt à cette turbidité ambiante - la sharia serait un corpus unique et clairement identifié qui s’appliquerait à l’ensemble des musulmans.

Il n’y a rien de plus faux. L’Islam a deux obédiences principales : la sunna (orthodoxie) et la ShiA’A. Elles sont composées de six écoles de pensées – ce qui fait, déjà, un total de 6 sharias. A ces dernières, il faut ajouter de nombreuses sectes- ayant chacune ses prescriptions propres- qui se sont émancipées, au fil des âges, de tel ou tel courant.

Par conséquent, l’Islam est, au moins, aussi complexe que le Christianisme.

1) Considérons le « monde sunnites ».

Il est composé de quatre courants principaux qui, encore une fois, ont chacun sa Sharia :

- Ecole Hanbalite, de ibn Hanbal, qui se rencontre encore dans la péninsule arabique, bien que passablement Submergée par la secte Wahhabite.

- Ecole Hanafite, de ibn Hanifa, en Turquie et dans d’autres populations turciques.

- Ecole Malékite, de ibn Abdelmalek, en Afrique du Nord

- Ecole Shaffi’ite, de ibn shaffi’i, au Pakistan et à sa périphérie

Au Maghreb, au Liban, en Syrie, le Code Français (Code Napoléon) est en vigueur et en Turquie les Codes Pénal et Civil ont été empruntés respectivement à l’Italie et à la Suisse. La justice se rend quotidiennement sur la base de ces Droits. La prégnance des lois Islamiques (Malékite et Hanafite) dans le corpus juridique est minime. Nous sommes loin d’un système juridique islamique normatif univoque.

Remarquons que le code Napoléon, rafraichi, est en vigueur en France. Il est d’inspiration de Droit Romain, donc mâtiné de droit canon - ce qui est normal, car il a été l’affaire des moines pendant 16siècles.

L’Islam Malékite n’a même pas de clergé. Imams, Muftis et autres Oulémas sont des titres purement honorifiques . Les premiers sont élus par les fidèles pour conduire les prières et sont révocables, de la même façon ; les prérogatives des seconds est de veiller au Fiqh, l’équivalent du Talmud Juif.

L’Islam de France est en majorité d’extraction Malékite. Par conséquent, la thèse selon laquelle l’Islam de France avancerait ses pions dans le but de promouvoir la confusion entre le temporel et le spirituel au sein de la République française est absurde. Là où la force compacte - aussi déterminée qu’organisée- des escadrons jésuites a échoué, en 1905, celle débile, de croyants épars, se caractérisant par un individualisme obstiné - rechignant même à laisser penser que le CFCM, la Mosquée de Paris ou celle de Lyon parleraient au nom de tous – une telle force donc, ne saurait tordre le bras à la République, en 2016.

Pour ce qui est du rite Hanafite, la Séparation du spirituel et du temporel s’est faite en deux temps, en Turquie : au 19e siècle, par le biais des Tanzimat et au 20e quand Mustapha Kemal proclama la laïcité.Dès 1934, la Turquie musulmane reconnaît la femme citoyenne de plein droit, et ce, avant même un bon nombre de pays occidentaux, dont la France. Dès 1926, la République turque adopte un nouveau Code Pénal sur le modèle Italien, ce faisant, elle aboli implicitement les prescriptions pénales d’extraction islamique. La même année, elle adopte un nouveau Code Civil, une pure transcription du Code Civil Suisse. Ils sont toujours en vigueur aujourd’hui

2) Considérons le « monde Shi’ite ».

Il se caractérise par deux courants principaux - ayant chacun sa propre Sharia – et de diverses sectes.

L’Ecole Iranienne est encadrée par un clergé, devenu une puissance politique intérieure à la fin de la dynastie Qadjar. Sa hiérarchie est comparable à celle de l’Eglise Catholique Apostolique et Romaine. Depuis l’avènement de Khomeiny, les pouvoirs spirituel et le temporel s’entre pénètrent.

L’Iran a réussi à lever l’embargo qui l’étouffait économiquement et à réintégrer la communauté internationale ; les Shi’ites d’Irak sont devenus par la force des choses alliés des USA. Ces deux faits conjointement ont œuvré à desserrer l’étau autour du Shi’isme.

L’aversion qu’il inspirait depuis 1979 - date de la Révolution Iranienne et de l’affaire EURODIF- s’est reportait sur l’islamisme salafiste. Les Américains se plaisent à dire de tel ou tel dictateur de leur « pré carré » : c’est un « sonofabitch » mais c’est notre « sonofabitch », et ce, pour le meilleur des mondes selon Huxley.

Historiquement le salafisme (puritanisme) est mort au 11e siècle. Il a était exhumé, au milieu du 18e siècle par Ibn Abdelwahab sous forme d’une secte. Cette dernière végéta jusqu’au début du 20e siècle avant de se mettre entièrement au service Abdelaziz Ibn el Séoud, fondateur de l’Arabie Saoudite. La victoire de ce dernier les a propulsés au premier plan.

Ainsi donc, à bien y regarder, Salafisme égal Wahhabisme . On ne promeut l’appellation Salafisme que pour épargner l’image de marque de nos « amis à la mode américaine ». Cela étant, l’honnêteté pousse à avouer que le nombre des salafistes-wahhabites extrémistes est infiniment petit au regard de la majorité vivant son islam en puritains.

Conclusion : L’Islam est multiple et s’adapte à d’innombrables cultures. Il est miscible dans la laïcité (Turquie, France), dans le conservatisme éclairé réformateur (Tunisie, Maroc), dans des démocraties toutes britishs (Malaisie, Grande Bretagne), dans des régimes traditionnalistes rigides (royaumes du golfe). Bref, l’Islam tient du caméléon : il est à l’image de son pays d’accueil.

Belab

Par CHRISTIAN DELARUE en réponse au commentaire de BELAB (le 23/11/2016 22:57)

Au regard de ce panel il semble que l’islam progressiste soit très minoritaire (si l’on considère comme tel l’islam de Turquie ou l’islam du Maroc - ce que j’hésite à dire tant il y a variation interne ) au moins autant minoritaire que les « salafistes-wahhabites extrémistes ». Entre ces deux pôles on trouve toute la palette allant d’un islam conservateur en moeurs à l’intégrisme religieux musulman qui me semble massif et montant dans nombre de lieux.