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Qu’est-il advenu de la « classe capitaliste » ? par A BIHR et J-M HEINRICH

dimanche 6 janvier 2019, par Amitié entre les peuples

Qu’est-il advenu de la « classe capitaliste » ? par Alain BIHR et Jean-Marie HEINRICH

Note de remise en ligne : Cet extrait d’un ouvrage ancien (40 ans !) ne reflète peut-être plus ce que les auteurs diraient aujourd’hui. Il ne manque pas d’intérêts pour autant.

CD

Extrait issu de « La néo-social-démocratie ou le capitalisme autogéré » p 89 Ed L e Sycomore 1979.

publié jadis sur Bellaciao

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article28356

 Et d’abord pourquoi parler de « classe capitaliste » plutôt que de bourgeoisie ?

Le changement même de terme est significatif des transformations qui ont affecté la classe dominante. Le terme traditionnel de bourgeoisie désignait, au sein du capitalisme concurrentiel, la classe des propriétaires de capitaux singuliers (industriels, commerciaux, bancaires). Avec le passage au capitalisme monopoliste, la transformation des rapports des capitaux singuliers entre eux et avec le capital général (le capital comme rapport social) va entrainer une modification de la composition de la classe dominante. En effet, avec la constitution des monopoles et le rôle important qu’est amené à jouer l’Etat dans le processus de leur reproduction (dans l’« animation » et la « régulation » de l’activité économique) :

  au niveau des capitaux singuliers, c’est moins les rapports de propriété (la propriété juridique du capital, de plus en plus largement éparpillée) que les rapports de possession (le pouvoir de décision sur l’orientation et l’organisation de l’ensemble du procés de travail) qui comptent ;

 au niveau global, la prévalence du capital général (le capital comme rapport social) sur les capitaux singuliers (le capital réifié) et même sur les capitaux particuliers (les différentes formes de capital général) - ce que traduit le rôle prépondérant que joue l’Etat dans le processus de production - implique qu’une part importante des gestionnaires d’Etat occupent une position clef dans le processus de décision, tant au sein des grands « groupes économiques » liés à l’Etat qu’au niveau des appareils d’ Etat assurant la gestion globale de l’économie nationale.

Dans ces conditions, la classe dominante regroupera en plus des derniers « capitaines » de l’industrie et de la banque (généralement héritiers de quelques-unes des familles de la grande bourgeoisie d’autrefois), l’ensemble des technocrates gérant la « machine » économique, c’est-à-dire possédant un réel pouvoir de décision, sur l’orientation et l’organisation du processus de production - et ce, bien que le rapport de ces décideurs (un P.-D.G, un directeur commercial,etc.) au capital et à l’Etat prenne la forme (plus mystificatrice que jamais dans ce cas) du salariat.

Cette précision étant apportée, il convient de noter que la classe capitaliste ainsi définie a elle-même subi un double processus de transformation au cours de la période écoulée : elle s’est à la fois concentrée (en rapport avec le processus de concentration et de centralisation du capital) et internationalisée (en rapport avec le processus d’internationalisation des rapports capitalistes de production eux-mêmes).

Notons enfin que la persistance et même la renaissance incessante du capital non monopoliste sous la domination du capital monopoliste induit des différences importantes, varie des contradictions, au sein de la classe dominante (1).

1 Voir N. POULANTZAS : Les classes sociales dans le capitalisme aujoud’hui (Paris Le Seuil, 1974) notamment l’essai : « Les bourgeoisies : leurs contradictions et leur rapports à l’Etat ».