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Pour une alternative au capitalovirus. Note de Christian Delarue

dimanche 12 septembre 2021, par Amitié entre les peuples

Pour une alternative au capitalovirus

A partir du livre de Jean-Marie Harribey - Christian Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/Pour-une-alternative-au-capitalovirus-Note-de-Christian-Delarue

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Jean-Marie Harribey vient de publier en juin 2021 « En finir avec le capitalovirus » sous-titré « L’alternative est possible » (Ed Dunod 220 pages).

Introduction : Qu’apprendre de la vie au ralenti ?
1 - La crise de l’économie n’est pas conjoncturelle mais structurelle
2 - Au fond, il y a toujours le travail
3 - Du travail au revenu
4 - Du bien public au bien commun
5 - La monnaie, une institution sociale à retrouver
6 - Au-delà des questions économiques, une philosophie politique
Conclusion : Le temps d’une nouvelle « grande transformation »

Un entretien avec l’auteur :
https://www.dunod.com/en-finir-avec-capitalovirus-jean-marie-harribey

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Le capitalovirus est un mixte des effets structurels du capitalisme porteur d’inégalités sociales et des épidémies infectieuses de Covid-19 qui se mondialisent. L’ouvrage se réfère à l’éditorial de la revue The Lancet d’octobre 2020. Deux pages (13 et 14) font aussi utilement référence aux zoonoses, aux déforestations et à l’urbanisation.

On laissera aux économistes l’appréciation qui revient à leur champ d’étude. Nous avons lu l’ouvrage à partir d’une matrice théorique critique « pour un autre monde possible » et donc pour une alternative ainsi que le précise le sous-titre.

Pour nous, militant altermondialiste, il ne s’agit pas d’aménager un impossible « capitalisme inclusif » (Peyrelevade) car le capitalisme dominant - si on le laisse en position largement dominante dans nos sociétés - fonctionne intrinsèquement, de par sa logique systémique, à l’exploitation de la force de travail et de la nature, aux inégalités sociales fortes qui profitent surtout au 1% et nuisent aux classes modestes, aux exclusions diverses, aux destructions des conquêtes sociales du XX ème siècle, et plus globalement à la « thatchérisation du monde » (1). Il s’agira plutôt d’aller, au titre de l’alternative, vers un socialisme du temps présent, construit par la mobilisation de chaque peuple-classe par les altermondialistes (le « we are the 99% »), les syndicats et les gauches d’alternative. Il faut donc, comme on dit depuis quelque années, « bifurquer » franchement et le faire en prenant appui sur ce qui ne fonctionne pas à la logique de profit ni au mimétisme de cette logique : la rentabilité à tout crin. Ce n’est évidement ni Macron ni Marine Le Pen qui vont agir en ce sens, bien au contraire. Avec eux un Thanatos destructeur est à l’oeuvre !

L’ouvrage de Jean-Marie Harribey commence par « Qu’apprendre de la vie au ralenti ? » Il annonce, après une série de questionnements critiques de l’économie mortifère à l’oeuvre « qu’un changement de direction s’impose ainsi qu’un ralentissement de la cadence ». Nous suivons aussi cette double ligne directrice : 1 - D’abord se dégager des trois grands processus que sont la financiarisation (vive la retraite par répartition), de privatisation et de marchandisation (vivent les services publics) qui si ils peuvent conserver un espace réduit (pas d’abolition du marché ! ), doivent être beaucoup moins en emprise sur la société et sur chaque peuple-classe et 2 - ensuite sortir de la quantophrénie - tout mesurer et quantifier - et de la « sportivisation du monde » par un ralentissement et une nouvelle RTT (réduction du temps de travail sur 4 jours mais alors plus sur 6 heures que 10 heures par jour et sans perte de salaire pour les travailleurs et travailleuses du peuple-classe, privé et public, le 1% étant abondamment doté financièrement n’a nul besoin de gagner plus !)

Le dernier chapitre pose plusieurs questions :
 celle d’abord de « l’économie au prix de la vie ? » et là il est bon de noter que « ce débat entre l’économie et la santé a déjà eu lieu entre l’économie et l’écologie » (remarque de Jean-Pierre Dupuy opposé à André Comte-Sponville sur la question de la priorité santé et vie ou économie). L’auteur discute aussi les positions ambiguës de Barbara Stiegler (interdépendance certes mais ou mettre la priorité ? ) et Eric Fassin (qu’est-ce qui est « néfaste » ? La forte critique contemporaine du déshabillage des hôpitaux ne correspond-t-elle pas à une réalité depuis plusieurs décennies ?)
 celle de la « distanciation sociale » ensuite avec un empêchement à se rencontrer et aussi un repli sur les ordinateurs de travail chez soi avec relance d’un capitalisme numérique
 celle enfin de la question de la satisfaction des besoins sociaux et de la planification démocratique.

Là une lecture ancienne de feu Michel Husson et de « l’hypothèse socialiste » (3) parait bien permettre de placer cette solution politique, économique, sociale et démocratique au coeur d’une nécessaire et possible alternative au capitalisme mortifère porté par l’oligarchie et les classes sociales dominantes.

Alexis Cukier dans la revue Les possibles n° 24 du Conseil Scientifique d’ATTAC a repris lui aussi cette problématique. Extrait :

« Planification démocratique de la transformation du système productif et démocratisation du travail »

"D’un point de vue politique, la difficulté majeure d’un processus de révolution écologique et sociale consiste dans l’élaboration d’instruments et d’institutions permettant de planifier démocratiquement la transformation du système productif. Il ne suffit pas de décider une fois pour toutes (en légiférant par exemple) qu’il est nécessaire de passer de l’agriculture intensive à l’agro-écologie ou de l’industrie fossile à des formes alternatives et moins polluantes d’énergie, ni même de mettre en place une politique publique d’embauche dans des « emplois verts ». Il faut encore établir des priorités stratégiques en fonction des besoins de la population, décider des moyens et du rythme de la reconversions d’industries de bassins d’emplois dans les territoires, remplacer les chaînes logistiques d’approvisionnement en matières premières, production et transports jusqu’à la consommation par des circuits-courts, financer les instruments concrets (en termes de formation, de ressources, de technologies et savoir-faire) mis en place par les travailleurs et travailleurs pour transformer radicalement leurs activités, etc. Autrement dit, doit venir « l’heure de la planification écologique  »

De l’appropriation publique à l’appropriation sociale et l’alterdémocratie.

Citons ici Jean-Marie Harribey : "L’urgent changement de mode de production et des rapports sociaux suppose que la priorité soit donnée à la qualité de la valeur d’usage des produits, qu’on ne peut séparer la qualité du travail qui est demandée pour les producteurs. C’est une double qualité dont on peut laisser le soin de la détermination à ceux qui possèdent le capital ; Dès lors, la réhabilitation du travail pose la question de la propriété ; Sous le régime de la propriété privée, cette réhabilitation est impossible ; sous celui de la propriété publique sans contrôle social, elle est également inaccessible. La véritable propriété sociale reste donc à inventer....
La clé de voute de l’édifice à construire, c’est la démocratisation générale, c’est à dire un processus de grandissement des procédures démocratiques dans toutes les institutions de la société... " (page 188 de En finir avec le capitalovirus).

Nous avons appelé, il y a longtemps, « alterdémocratie » l’état de « démocratisation généralisée » et stabilisée faisant suite à un processus de démocratisation. Le processus s’étale dans le temps comme une conquête - qui peut connaître des revers (gouvernance autoritaire de ploutocrates) - pour aboutir à un changement qualitatif - un état comme saut qualitatif - ou les peuples décident de choisir tel mode de développement sectoriel plutôt que tel autre après débat . C’est autre chose que la démocratisation dans quelques entreprises (choses positives néanmoins) et autre chose que d’élire des individus qui restent en place durablement par effet du cumul horizontal (tel poste et tel autre) et vertical (exemple : 4 X 5 ans) des mandats politiques et s’érigent en caste politique au-dessus du peuple-classe.

Christian Delarue

notes

1) La thatchérisation du monde et l’extrême-droite économique : un trajet vers la ploutocratisation du monde. Christian DELARUE - Amitié entre les peuples

http://amitie-entre-les-peuples.org/La-thatcherisation-du-monde-et-l-extreme-droite-economique

Sportivisation du monde avec thatchérisation du monde.

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/240121/sportivisation-du-monde-avec-thatcherisation-du-monde

3) L’hypothèse socialiste - Michel Husson (1996)

http://amitie-entre-les-peuples.org/L-hypothese-socialiste-Michel-Husson-1996

4) Alexis Cukier in « Démocratiser le travail dans un processus de révolution écologique et sociale » - Alex Cukier - Attac France - Les possibles n° 24.

https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-24-ete-2020/dossier-la-transformation-du-systeme-productif/article/democratiser-le-travail-dans-un-processus-de-revolution-ecologique-et-sociale#II-Planification-democratique-de-la-transformation-du-systeme-productif-et-nbsp