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Pour une Université émancipatrice - Monique PLAZA (Marianne)

jeudi 17 mai 2018, par Amitié entre les peuples

Pour une Université émancipatrice - Monique PLAZA (Marianne)

Notre pays est confronté à une vague de communautarisme musulman et d’islamisme très offensive, qui utilise le voile islamique des femmes comme un index, un symbole prosélyte et un porte-drapeau. Des associations et groupes très actifs, soutenus par une partie de la gauche, ont dans leur ligne de mire l’ensemble du dispositif laïque et républicain de notre pays.

Ces associations et groupes défendent les « mamans voilées des sorties scolaires », veulent abroger les lois sur la suppression des signes religieux à l’école et sur l’interdiction du voile intégral, réclament des accommodements (menu halal à la cantine, dispense d’activités sportives pour les filles, modification du contenu des enseignements, refus de la mixité, tenues particulières de baignade ...) et n’ont de cesse de dénigrer notre « laïcité à la française » qu’ils voudraient réduire à une simple « liberté de religion ».

L’école et l’université sont pour ces groupes des lieux de combat privilégiés car c’est là que se forme et se formate la jeunesse.

Il a fallu mener une bataille, qui n’est pas encore gagnée, pour formuler et imposer la circulaire Chatel du 27 mars 2012 qui rappelait que « L’École met en pratique la laïcité et apprend aux élèves à distinguer savoir et croire. Facteur de cohésion sociale, la laïcité s’impose à tous dans l’espace et le temps scolaires. Chacun, à sa place, est le garant de son application et de son respect ».

Il me semble que, a fortiori, l’Université, ouverture à l’universel, devrait donner fermement et renforcer ce cadre, pour permettre aux étudiants de continuer à distinguer savoir et croire.

En conséquence, tous les signes ostensibles de religion devraient y être soumis au principe de la neutralité laïque et républicaine. Chaque personne pense et croit ce qu’elle veut, mais dans l’enceinte de l’Université, notamment au moment d’assister ou de participer aux enseignements, elle apprend à suspendre ses croyances et son éventuelle obéissance aux règles de sa religion pour exercer son esprit dialectique et critique - ce que l’on appelle la liberté de conscience. Elle est tenue de respecter par là même la règle collective, sous-tendue et légitimée par la loi républicaine commune à tous au delà des particularismes de chacun.

À ceux qui vont arguer que ce principe de neutralité est « stigmatisant » pour les femmes musulmanes voilées, je rappellerai que le voile islamique est obligatoire dans les théocraties musulmanes, qu’il vaut la prison et la mort parfois pour les femmes refusant de le porter, que tous les pays soumis à l’islamisation l’imposent immédiatement comme règle obligatoire, que les pays musulmans accédant ou revenant à la laïcité l’ont interdit à l’université.

Ce dispositif sexiste discriminant pour les femmes est clairement contraire à nos valeurs républicaines et laïques.

Les citoyennes françaises musulmanes, qui subissent des pressions internes (aliénation source d’asservissement volontaire) et externes (chantages et rétorsions) pour se voiler doivent accéder à la pleine liberté citoyenne. Elles doivent savoir qu’en France, elles peuvent certes porter un voile (choisi ou imposé) en de multiples endroits. Mais, lorsqu’elles franchissent le seuil de certains lieux comme l’école ou l’université, elles sont invitées à déposer le voile, dispositif amovible et non vissé à leur tête. Car elles deviennent alors des citoyennes à part entière, soumises à la loi commune républicaine, et dont nul n’a besoin de savoir qu’elles obéissent à Allah.

La loi républicaine, qui prévaut pour chacun de nous sur ses convictions ou croyances singulières, prévaut sur la charia que toutes les organisations islamistes veulent imposer.

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