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Pour une République à la Tocqueville ?

lundi 7 février 2011, par Amitié entre les peuples

Pour une République à la Tocqueville ?

Citons Christian Ruby : Alexis de Tocqueville (1805-1859), lorsqu’il montre que la menace la plus grave qui guette la démocratie est l’individualisme, la tendance des individus à délaisser la vie publique pour se replier sur la sphère privée. Pour y remédier, affirme-t-il, la république a des atouts, puisqu’elle peut déployer des institutions de proximité, des communes et des associations, qui rendent la souveraineté populaire moins abstraite. La République à la Tocqueville du XXI siècle fait la place en économie au néosolidarisme et à l’Economie Sociale et Solidaire mais aussi aux « communautés vivantes » et à la diversité. Elle n’est en ce sens ni la République socialiste (qui prend appui sur les services publics et l’Etat social pour son rebond et sa rupture) ni le Républicanisme.

Christian Ruby avait pointé en 2004 en commentant le petit livre de Serge Audier que « le républicanisme (Luc Ferry, Pierre-André Taguieff) s’est substitué à l’esprit républicain. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose, puisque l’un est devenu une référence sectaire quand l’autre demeure une forme politique ». Pour E. Benbassa, E. Joly et N. Mamère qui viennent de publier dans Libération un « Manifeste pour une écologie de la diversité » nous vivons une époque de sectarisme républicain qu’il nomme nationalisme. Le vecteur principal en est la laicité mal comprise, la laicité d’exclusion nommée laicisme.

Ne pas tordre le bâton dans l’autre sens !

Mais entre le laïcisme et la laïcité ouverte n’y a-t-il pas place pour la laïcité sans adjectif ? Si Bauberot plaide pour une laicité ouverte qui semble bien être celle de la laicité revisitée de nos trois amis alors que JP Chauvin défend lui une laicité de neutralité partout, pas que dans l’Etat mais aussi dans la société civile. Cet auteur proche de Riposte laique repousse la religion dans la sphère privée autrement dit chez soi et dans des lieux de cultes non financés par l’Etat . Or la laïcité authentique plaide pour la liberté de conscience et d’expression dans la société civile mais pas dans l’Etat. Dés lors les croyants de toutes les religions peuvent prier dans la rue. C’est un droit. Mais rien ne dit que ce droit fasse les bonheur de tous les autres. Ce qui est courant en toute société sans y voir systématiquement le fascisme ou le racisme.

C’est ici que l’on retrouve d’autres notions : la dispute, la tolérance, l’équilibration. La « laïcité d’équilibration » vise en cas de conflictualité à chercher une sorte d’équilibre des forces en présence dans la société civile.

C Delarue

Manifeste pour une écologie de la diversité / E. Benbassa, E. Joly et N. Mamère