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Pour Thomas Piketty, le décile supérieur forme un « monde en soi ».

dimanche 21 décembre 2014, par Amitié entre les peuples

Pour Thomas Piketty le décile supérieur forme un « monde en soi ».

Dans son dernier ouvrage « Le capital au XXI siècle » (1) Thomas Piketty reprend une analyse antérieure en la développant. Il aborde la question du revenu, du patrimoine, de la production, de la croissance sous ses aspects économiques et sociaux. Les lignes qui suivent laissent de côté le commentaire « économie » pour se focaliser sur la question de la distribution des revenus selon les classes sociales et surtout les « déciles » (tranches de 10% de revenus)..

Du point de vue scientifique, le découpage de la pyramide des revenus en déciles, en dix tranches, permet de procéder à des comparaisons de sociétés très différentes dans l’espace (selon les continents) et dans le temps (dans l’histoire).

Thomas Piketty précise la situation du 9% du décile supérieur (juste sous le 1%).

Sa conception peut laisser entendre qu’il y a dans toute société un empilement stratificationniste de couches sociales. Mais ce n’est pas le cas. D’où l’emploi du terme peuple-classe (idée d’opposition) et non peuple social (idée de simple distinction) pour désigner les 99%. La notion de peuple-classe est d’inspiration néo-marxiste alors que la notion de peuple social serait s’inspirerait plus d’une compréhension stratificationniste (en termes de couches sociales et non de « classes »).

Évoquons quelques ordres de grandeur selon Thomas Piketty.

A propos du dernier décile (d’en-haut) et notamment les 9% qui forme une couche particulière (« classes aisées » pour TP) sous le 1% tout en haut et au-dessus des 90% en-dessous (peuple social), Th Piketti observe p 386 : « La part des 10% des personnes recevant le revenu du travail le plus élevé est généralement de l’ordre de 25%-30% du total des revenus du travail alors que la part des 10% des personnes détenant le patrimoine le plus élevé est toujours supérieur à 50% du total des patrimoines, et monte parfois jusqu’à 90% dans certaines société. »

Th Piketty complète ici : "les 50% des personnes les moins bien payées reçoivent toujours une part non négligeable du total du revenu du travail (généralement entre un quart et un tiers, approximativement autant que les 10% les mieux payés), alors que les 50% des personnes les plus pauvres en patrimoine ne possèdent jamais rien - ou presque rien (toujours moins de 10% du patrimoine total, et généralement moins de 5%, soit dix fois moins que les 10% les plus fortunés).

Notons surtout que pour Th Piketty les « classes moyennes » ne « montent » pas dans le dernier décile. C’est effectivement une manipulation idéologique de la droite que de laisser entendre qu’avec 4000 euros net par mois on reste encore dans les « classes moyennes supérieures ». Une conception si extensive des « classes moyennes » manque ce qui fait la particularité du dernier décile et ici des 9% : un mixte de revenu du travail (environ 80%) et de revenu du capital (à forte composante patrimoine immobilier) à hauteur d’environ 20%. Si les 9 % sont indéniablement des propriétaires et plus largement des « possédants » il sont aussi et surtout des travailleurs. Ils doivent leur traitements ou salaires ou honoraires à leur travail qu’il soit salarié ou indépendant. Mais il s’agit bien de travailleurs aisés qui ne se font absolument aucun souci de fin de mois comme ce peut être le cas des autres travailleurs des 90% en-dessous.

Mais au sein des 90% en dessous, il existe un rapport de solvabilité fort différent face aux marchés des biens et services. Il n’y a que dans certaines sociétés ou on peut faire l’impasse sur ces différences. Th Piketty remarque donc, à raison, que « certains s’en sortent mieux que les autres » dans le bloc social des 90%. Et il nomme « classes moyennes » - les 40% du milieu - au-dessus des « classes populaires » qui sont les 50% les plus pauvre. Pour ma part je nomme couches modestes ceux qui sont sous les couches moyennes. Et je ne parle pas de « classes moyennes ». Mais peu importe car ici. Th Piketty ne vadide pas, du fait de ses observations et calculs, un découpage trop artificiel en trois grands groupes sociaux : 33% en-bas, 33% au milieu, 33 % en-haut plus le 1%.

A propos du 1% Th Piketty remarque que la part du travail est quasi inexistante. Le 1% d’en-haut, qui forme les « classes dominantes », est celui des rentiers. Ils possèdent non seulement un gros patrimoine immobilier mais surtout et plus encore un très gros patrimoine mobilier financier. L’oligarchie financière est là, au coeur des classes dominantes. Elle s’appuie sur certains cadres et experts qui sont dans le 9 % en-dessous.

Christian DELARUE

1) « Le capital au XXI siècle » vient de paraître (Ed Seuil - sept 2013).

Oligarchie / peuple-classe : Le dernier Piketty (2013) confirme la distinction 1% / 99 %