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Populisme de gauche dans V comme volonté. F Combes et P Latour

jeudi 18 mai 2017, par Amitié entre les peuples

Populisme de gauche dans « V comme volonté ».

Il ne s’agit ici que d’un extrait d’un texte plus long sur le blog Mediapart des Communistes unitaires . Il est aussi dans Cerise 324 par Francis Combes et Patricia Latour (le pdf est sur le web).

L’extrait concerne : « la question de ce qu’on a appelé, à la suite de la philosophe Chantal Mouffe, le »populisme de gauche". Et c’est une question qui touche au fond et à la forme.

Chantal Mouffe s’inscrit dans une démarche qu’elle veut post-marxiste (et non antimarxiste). Nourrie du marxisme, elle s’appuie aussi sur le post-structuralisme, la psychanalyse et même Carl Schmitt. (Carl Schmitt est un juriste catholique allemand qui a rejoint les nazis. Il a développé d’un point de vue réactionnaire une critique profonde du parlementarisme bourgeois et a tenté d’élaborer une théorie de l’État, du peuple et de la politique fondée sur le conflit, l’opposition amis/ennemis). Chantal Mouffe lui emprunte les notions d’antagonisme et d’agonisme. Mais plusieurs de ses concepts essentiels viennent de Gramsci comme la guerre de position, la contre-hégémonie, le rôle de la culture…

Aux marxistes classiques, elle reproche une vision « essentialiste » des classes sociales, un « économisme » d’où découlerait une forme de déterminisme qui se révèle incapable de penser la politique et de prendre l’initiative sur ce terrain.

La critique n’est pas fausse… C’est un des travers les plus évidents de notre tradition. L’idée que « l’Histoire travaille pour nous » et qu’en attendant il faut résister aux coups du Capital et accumuler des forces conduit la « guerre de position » à faire du surplace. Alors que toutes les révolutions ont été menées contre les « lois de l’histoire ». Tous les grands révolutionnaires furent désobéissants. Ils n’ont pas sauté à pieds joints par dessus leur temps, mais ils ont su le transformer parce qu’ils se sont distingués par un sens aigu de l’initiative historique. C’est évident de Lénine en Octobre 17. (Gramsci disait que c’était une révolution contre Le Capital). Ce l’est aussi pour les révolutions chinoise, cubaine ou vietnamienne.

La question aujourd’hui, comme le dit le titre du dernier livre de la philosophe1, est de « construire un peuple ». Son identité n’est pas un donné. Surtout aujourd’hui où le prolétariat est à la fois majoritaire et éclaté, d’un point de vue social, géographique, ethnique, religieux… Sans une passion politique partagée, le peuple n’existe que comme population. Pour qu’il existe comme peuple, sujet souverain de son destin, il faut qu’il se sente (par-delà sa diversité) partie prenante d’un « nous », qui s’oppose à un « eux », la caste des privilégiés. Non seulement dans le refus des mesures antipopulaires, mais dans l’espoir d’un avenir commun. Cela mobilise des idées, des propositions politiques adaptées aux problèmes, mais aussi des affects, des émotions, des symboles. Les sujets historiques, comme nous l’apprend la psychanalyse, ne sont jamais de purs esprits uniquement mus par la raison. Ce sont aussi des êtres de sentiment qui agissent poussés par le désir. Sans conviction forte et sans enthousiasme, impossible d’entraîner à l’action. Et ce mouvement a besoin de s’incarner. C’est à la fois le contenu de la politique qui est en jeu mais aussi le style, la « poétique » du mouvement. D’où une réflexion singulière sur le rôle des leaders nécessaires pour incarner ce mouvement. Cela prend en partie à contre-pied la critique de la représentation (et de la délégation) qu’a développée une partie de la gauche depuis plusieurs années. (L’idéal communiste ou anarchiste qui vise à dépasser l’opposition gouvernants/gouvernés n’est pas invalidé. Il est même au fondement de l’exigence démocratique, notamment celle de développer des formes de démocratie directe. Mais dans le moment de la politique, le rôle des individus demeure. Et dans celui de la formation d’une identité collective, celui des représentants ou des dirigeants, aussi). Il ne s’agit pas d’un retour quelconque au césarisme. Le rapport du dirigeant au peuple est au contraire changé. Il est porteur d’un mandat et doit permettre au mouvement de s’exprimer et de trancher.

En fait, le projet, pour reprendre sa formule, est de « radicaliser la démocratie ».

Le texte complet est sur :

https://blogs.mediapart.fr/communistes-unitaires/blog/130517/v-comme-volonte