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Pascal Bruckner, une philosophie de l’attachement. C Delarue

dimanche 17 mars 2013, par Amitié entre les peuples

Pascal Bruckner, une philosophie de l’attachement.

17 mars 2013 Par christian delarue

Il ne s’agit pas ici de discuter des thèses politiques de P Bruckner et notamment de son livre « le sanglot de l’homme blanc » (sortie en 1983, deux ans après l’arrivée de la gauche au pouvoir). Comme chez Michel Onfray ou chez Caroline Fourest, on trouvera de bons livres et de moins bons.

Il s’agit ici, hors des batailles politiques, de souligner sa philosophie de l’attachement. Un avatar de la rencontre, de ses plaisirs attendus mais aussi de ses angoisses, de ses suites diverses. La rencontre est, à l’opposé du court chemin vers la prostitution, la voie vers la « transcendance à deux », sans Dieu. Dirait-il, P Bruckner, comme je le fais, qu’avec le temps - après la cinquantaine - nous accumulons de multiples attachements car nous avons développé divers amours, entre Eros et Agapé, et de multiples fidélités. Peut-être.

Pascal Bruckner l’évoque dans le chapitre « Le malheur hors la loi » de son livre sur le bonheur (1) en faisant état de la surabondance de recettes face aux malheurs. Il évoque les anciennes et les modernes solutions.

Page 227 Il propose :

"Sophisme à cet égard le bouddhisme et de certains courants stoïciens : offrir la solution des problèmes par leur dissolution ; Décréter funeste nos attachements, vaines nos préoccupations, illusoire notre moi. Proposer la paix de l’âme, la sérénité par soustraction de soi aux tumultes de la société.

Si l’on estime à l’inverse que ce n’est pas dans le renoncement mais dans l’attachement passionné aux autres et aux sortilèges du monde que réside la vie authentique, alors ces doctrines , en supposant la difficulté résolue par dérobade, ont peu à nous apprendre. Si pour nous le pire des chagrins est la perte d’un être aimé, y réagir en répondant comme Epictète : « Ne dis jamais de quoi que ce soit : je l’ai perdu. Mais je l’ai rendu. Ta femme est morte, elle est rendue. Ton enfant est mort, il est rendu », est d’une piètre consolation sauf pour qui a choisi l’idéal ascétique" (Nietzsche). Entre la fade ataraxie et les orages de l’amour, il est permis de préférer ces derniers même si l’on multiplie alors les risques d’exposition aux coups du sort.

En quoi l’amour, s’il est la source des plus grandes félicités, ne se confond en rien avec le bonheur puisqu’il inclut dans son spectre une gamme de sentiments infiniment plus vaste : l’extase, la dépendance, le sacrifice, la terreur, l’esclavage, la jalousie. Etant l’expérience la plus exaltante et la plus dangereuse, il peut nous précipiter dans l’abîme et nous hisser sur des sommets. Il suppose surtout que nous acceptions de souffrir de l’autre et pour lui, de son indifférence, de son ingratitude, de sa cruauté."

Fin de citation.

in L’Euphorie perpétuelle Essai sur le devoir de bonheur. Ed Grasset 2000

Page cité in Le livre de Poche