Accueil > Altermondialisme > Autre France > Autres acteurs et autres pratiques politiques. > PS : Quelle renaissance de la social-démocratie ? Christian Delarue

PS : Quelle renaissance de la social-démocratie ? Christian Delarue

lundi 9 mai 2022, par Amitié entre les peuples

PS : Quelle renaissance de la social-démocratie ?

A propos d’un texte de Jacques Julliard.
Et pourquoi l’hypocrisie du PS ne passe plus !

XX

Jacques Julliard, figure historique de la « deuxième gauche », écrit en fin de texte « Oui à l’union, non à Melenchon » (sur Marianne n 1312 - 1) qu’il souhaite une renaissance de la social-démocratie . Il ne voit pas la France insoumise - et la NUPES maintenant -comme une force néo-social-démocrate porteuse d’espoirs face à la longue dégénérescence globale du Parti socialiste (PS) . PS qui continuait à proposer des strapontins aux autres partis de gauche malgré sa dérive droitière.

Il écrit : « Qu’est-ce que la social-démocratie ? C’est la seule forme de socialisme qui n’aboutit pas à élever une dictature impitoyable sur des monceaux de cadavre. » Le stalinisme - comme socialisme de caserne - est effectivement un repoussoir . Mais je doute fort que Melenchon, lui-même social-démocrate mais conséquent (lire L’Avenir en commun par exemple au ch 8 Partage des richesses), veuille ce type de socialisme. Jean-François Kahn a même osé évoquer un néo-bolchevisme (2) ! Or si un social-démocrate peut être ou se dire marxiste, comme le sociologue suisse, mais fort peu marxiste-léniniste . Et ce sont des intellectuels renommés qui parlent ainsi ! C’est grave ! En fait ils ont peur comme des gros bourgeois ! C’est qu’ils défendent surtout l’ordre capitaliste dominant et ses nuisances ! En tout cas, ce n’est pas la perspective du « bloc arc-en-ciel » d’Aurélie Trouvé qui peut s’assimiler à un socialisme autoritaire .

Mais ne voit-on pas de nos jours, un autoritarisme contre les classes populaires mais un accommodement voir un soutien coupable donné aux puissants, à ceux d’en-haut qui s’enrichissent sur le travail d’autrui. Le courage ne serait-il pas de faire l’inverse. On n’attend cela : Fort contre les puissants, plus en retenue contre les faibles (qui doivent être remis sur le bon chemin) !

Reste aussi à définir le socialisme .

Pourquoi le PS ne parle plus de socialisme ? Quel est le nouvel horizon du PS depuis 1991 et le congrès de l’Arche ? Le PS ne parle plus de capitalisme depuis lors, ou de façon très marginale. Quid d’un « capitalisme dominant », ce qui signifierait que dans la société contemporaine on a encore, de façon de plus en plus marginalisé, des éléments non capitalistes, non privatisés, non marchandisés, dont la Sécurité sociale, les services publics, une économie sociale et solidaire (ESS), un code du travail protecteur du travail contre le capital (pas la loi El Khomery de Valls). Et qu’il conviendrait avec une gauche unie, des syndicats unis de les renforcer et étendre. Gagner du terrain avec eux contre le coeur capitaliste de la société.

Le « Bad Godesberg rampant » du PS n’en fini plus .

(nb : Bad Godesberg : un congrès allemand qui met fin au marxisme comme doctrine du parti)

Deux citations : Henri Emmanuelli d’abord au moment des politiques d’austérité contre le peuple, pas pour les riches : « Nous avons fait notre Bad Godesberg le 23 mai 1983 à 11 heures du matin. Le jour où nous avons décidé d’ouvrir les frontières et de ne pas sortir du SME. Nous avons choisi une économie de marché. » La thatchérisation du pays démarre en 1983 et c’est une lourde tendance historique de « casse sociale de l’Etat » nommée néolibéralisme qui va se déployer. A chaque régression il reste un peu de « grains à moudre » comme « conquête » mais de moins en moins . En se retournant sur le passé on voit toute la destruction sociale opérée.

Pierre Mauroy, plus tard, au congrès de Rennes en 1990 : « Nous avons réalisé en gouvernant notre Bad Godesberg. C’est naturellement une image. Mais on ne fait pas une telle évolution dans le silence des cabinets ministériels. On la fait devant le parti et l’ensemble des militants. Voilà, mes chers camarades, l’une des raisons du débat idéologique. »

La justice sociale derrière la puissante logique d’entreprise (privée) pour le profit d’abord

Jacques Julliard ajoute : « C’est l’extension de la justice sociale compatible avec un niveau incompressible de liberté  » Dans les faits, le PS a privatisé, marchandisé, financiarisé et libéré les activités de production au profit du grand capital , ce qui ne va guère dans le sens d’une justice favorable au monde du travail. Les grands patrons eux sont contents. Ils se sont enrichis de façon éhontée. La masse salariale a baissé. Voir Michel Husson .

Pour la vraie gauche, il faut brider la liberté d’entreprendre - la conserver mais pas de façon absolue - car avec elle il y a l’exploitation de la force de travail et d’autres inconvénients encore, notamment au plan écologique. Outre que rien n’est dit de l’exploitation de la force de travail avec des salaires toujours plus bas (sauf pour l’encadrement supérieur à plus de 15000 euros par mois) en même temps qu’une élévation du temps de travail hebdomadaire au-delà des 35 heures (au lieu de la diminuer) . Quid de la RTT à 32 heures ? J Julliard parle de non sens pour la retraite à 60 ans. Comme c’est facile à 89 ans de dire cela "quitte à faire une exception pour les métiers les plus pénibles » en citant la CFDT. Cessons l’hypocrisie : Pour les métiers pénibles c’est 30 heures et retraite à 55 ans. Et on fait le forcing pour çà ! Point de faiblesse ! Et là je parle en syndicaliste qui sait ce que c’est que le travail pénible.

Par ailleurs, un travail, public ou privé, peut devenir rapidement très pénible du fait des pressions hiérarchiques, des changements imposés dans le travail, etc…Et là une grande majorité peut souhaiter la retraite à 60 ans, ce qui n’a jamais empêcher de partir plus tard.

Europe : laquelle ?

Quand à l’Europe. Jacques Julliard ne semble pas voir que l’Europe est de moins en moins sociale. Dans quel sens va la dynamique ? Plus de social ou moins ? Et quid des considérations écologiques ?

Les peuples ont vu les grands dirigeants de l’UE s’attaquer à la Grèce en 2015, plus au peuple-classe de Grèce d’ailleurs qu’à sa classe dominante qui va toujours bien .

S’agit-il de soutenir le lucratif avec du caritatif ou de construire le social pour de bon ? Dans quelle instance parle-t-on de la RTT en Europe, d’une fiscalité plus juste en Europe ? De combattre les inégalités en Europe ?

Christian Delarue

1) https://www.marianne.net/agora/les-signatures-de-marianne/jacques-julliard-oui-a-lunion-non-a-melenchon

Je laisse de coté ses « cartons » sur le nucléaire (vivement un débat sérieux sur ce point), l’islamisme (le combattre mais sans amalgame), l’Ukraine (voir le conflit en terme de processus c’est sérieux ). Je suis ici « non campiste sans équidistance » Poutine hors d’Ukraine certes mais OTAN loin d’être neutre !

2) tweet « C’est une mutation historique. Les disciplines de Blum le renient. Les socio-démocrates s’allient aux néo-bolcheviks » : @JF_Kahn | @EliMartichoux.