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PROCHOIX / Le Procès du livre de Caroline Fourest et Fiammetta Venner devient celui de « Marine Le Pen » S Villeneuve

lundi 9 juillet 2012, par Amitié entre les peuples

Le Procès du livre de Caroline Fourest et Fiammetta Venner devient celui de « Marine Le Pen »

http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2012/07/06/2355-le-proces-du-livre-de-caroline-fourest-et-fiammetta-venner-devient-celui-de-marine-le-pen

Le Front national doit regretter ce procès. Dans une fournaise digne des grands jours de la 17e chambre correctionnelle, ce procès devait démolir le livre ayant dévoilé les coulisses et l’envers du décor de l’opération dédiabolisation. C’est peu dire qu’il s’est retourné contre ceux qui l’ont initié.

Le grand déballage

Le livre incriminé — sobrement intitulé « Marine Le Pen » — n’a pas plu à la présidente du Front national, qui a juré de le faire condamner et s’est servi du procès en cours pour éviter d’avoir à croiser le fer avec Caroline Fourest sur certains plateaux de télévision pendant la campagne électorale.

C’est d’ailleurs le premier reproche que fera l’auteure au tribunal. « Il me tardait de venir défendre ce travail » a clamé Caroline Fourest à la barre à l’intention des juges.

Le procès devait avoir lieu en décembre, pendant la campagne. Mais il a été repoussé à juillet à la demande de Maitre Wallerand de St Just, avocat du Front national mais aussi élu FN, qui a judicieusement argué d’un vote du budget au conseil régional de Picardie pour repousser l’échéance… Sachant qu’il est facile de voter le budget par un simple pouvoir et que maitre Wallerand de St Just n’est d’ordinaire pas si assidue (trop occupé qu’il est à plaider les dizaines de plaintes que déposent le Front chaque mois), les prévenues y voient le signe d’une volonté d’éviter le grand déballage qu’entrainerait nécessairement la poursuite de ce livre avant l’échéance électorale…

Les deux jours d’audience lui ont donné raison, tant ce procès s’avère avoir démontré à la fois l’implacable démonstration des auteures, leur bonne foi et le sérieux de leur enquête, mais surtout le visage particulièrement cynique du FN.

Manipulation de l’histoire, emplois fictifs, menaces de mort, propos racistes, stratégie d’intimidation judiciaire… Tout a été déballé, avec luxe de détails qui ont rendu l’avocat du Front, bien seul dans le boxe des plaignants, cramoisi de rage.

Equipe de choc

Aucun des plaignants — ni Marine Le Pen, ni Jean-Marie Le Pen, ni Louis Aliot ni le premier mari de la présidente du FN— n’ont fait le déplacement. Maître Wallerand de St Just a dû ferrailler seul face aux prévenus. Caroline Fourest et Fiammetta Venner, les auteures du livre poursuivis. Mais aussi leur éditeur, Olivier Nora et Christophe Bataille de chez Grasset. Ainsi que Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du FN, poursuivi pour les propos cités dans l’ouvrage. Et Fernand Le Rachinel, l’ancien imprimeur du Front. Chacun est venu avec ses témoins et ses avocats.

Les auteures n’étant pas les moins bien pourvues puisque s’est reconstituée l’équipe de choc qui avait défendu Charlie Hebdo pendant l’affaire des caricatures, Maître Richard Malka et son mentor Georges Kiejman, tous deux brillants, drôles et très efficaces à la barre. Une « dream team » complétée par l’avocat de Grasset, maître Dominique de Leusse, qui a relu l’ouvrage avant publication. Mais c’est surtout le défilé des témoins, convergents et racontant luxe de détails, souvent minimisés ou amoindris dans le livre poursuivi, qui aura sans doute convaincu les juges du bien fondé de ce livre et de sa véracité.

Un grand-père mort « accidentellement » pour la France

L’un des points reprochés aux auteures par Marine Le Pen concerne l’évocation, en deux lignes, de la mort « accidentelle » de son grand-père, Jean Le Pen. Jean-Marie Le Pen rappelle souvent qu’il est « pupille de la Nation » et que son père est « mort pour la France » pour se disculper de tout esprit collaborationniste… Les auteures se contentent de noter combien il joue de l’ambiguïté du concept « Mort pour la France », qui peut faire croire que fait d’être mort en combattant sur le front, alors que Jean Le Pen est sorti en mer pour pêcher et ravitailler un restaurant, visiblement occupé par les allemands, et qu’il a sauté « accidentellement sur une mine »… qui peut-être anglaise ou française. Non seulement cette anecdote est évoquée de façon sibylline dans le livre mais elle repose sur le témoignage d’un rescapé du naufrage et d’une enquête, très détaillée, menée à la fois par Les dossiers du Canard Enchaîné en 1992, puis par Bresson et Lionet dans leur livre « Le Pen », non poursuivi à l’époque. Qui plus est, cette précision ne porte en rien atteinte à la « mémoire d’un mort » comme voudrait le faire croire les Le Pen, mais vise plutôt à démontrer les libertés qu’ils peuvent prendre avec l’histoire quand il s’agit de servir leur propagande politique… avec un certain succès. Caroline Fourest a rappelé, à la barre, combien le fait de dire qu’elle portait plainte sur ce point a servi Marine Le Pen pendant la campagne : « Sur TF1, lors d’une des émission les plus regardée pendant la campagne, Marine Le Pen était un interpellé par un Français d’origine maghrébine… Qui avait entendu Marine Le Pen dire du livre qu’il injuriait son grand-père « mort pour la France ». Il a cru que le grand-père de Marine Le Pen était mort en combattant les allemandes et a répété, à trois reprises, « votre grand-père qui est mort comme moi en combattant pour la France »… Sans que Marine Le Pen ne le reprenne mais, et c’est plus grave, sans qu’aucun journaliste présent n’ose rectifier. Par peur du procès en cours… Voilà l’impact, très concret, de cette intimidation judiciaire et du fait que le procès ait été repoussé à après la campagne. »

Martinez très en verve

Jean-Claude Martinez, le plus en verve, au point de faire hurler de rire la 17e chambre, aura été d’une ironie cinglante et parfois limite à propos de Marine Le Pen, qu’il appelle « la gamine ». Il se plaint d’abord d’avoir à venir de Kinshasa (8000 km) pour venir répondre à une plainte de plus, de la part d’une « gamine » et de son équipe qui bénéficie de « 8 millions d’euros de subventions publiques » pour mener sa barque et tous ces procès… « On nationalise les moyens mais on privatise les gains ». Jean-Claude Martinez laissant entendre que cette pluie de procès avait autant pour motivation d’intimider que de rapporter. Mais le plus violent sera sa description d’une leader dont il réfute la qualité d’ « animal politique » — prêté un peu plus tôt à Marine Le Pen par Caroline Fourest — « j’entend que c’est un animal politique ! Un teckel aussi c’est un animal politique ! » Agacé également d’entendre les auteurs vanter ses qualités d’avocate, qui expliquent peut-être son obsession procédurière, Jean-Claude Martinez s’emporte : « Maintenant, c’est un ténor du barreau, c’est Cicéron ! » Lui se souvient surtout d’une « gamine » dont Jean-Marie Le Pen ne savait que faire, et à qui il a fallu donner quelques coups de pouce pour qu’elle obtienne de bonnes notes à Assas (où Jean-Claude Martinez est professeur) puis créer une permanence juridique taillée sur mesure pour qu’elle puisse gagner sa vie…. Elle gagnait alors 30 000 f par mois pour un deux-tiers de temps, pendant que trois avocats du Front complétaient le travail. « Elle est paresseuse, fainéante, incapable ». C’est pour cette phrase que Jean-Claude Martinez est poursuivi et d’autres, qu’il réitère à la barre, en y ajoutant une louche à faire pleurer de rire le tribunal : « c’est sûr, elle ne risque pas l’hémorragie cérébrale ! ».

Système d’emplois fictifs

Mais là n’est pas l’essentiel. Martinez est surtout poursuivi pour avoir raconté quelques secrets. Comme le fait d’avoir dû embaucher Huguette Fatna comme assistante parlementaire, alors qu’elle gardait essentiellement les enfants de Marine Le Pen à Saint-Cloud. « Par delà l’anecdote, c’est un système d’emplois fictifs généralisé que nous avons découvert », raconte Caroline Fourest, qui se plaint d’avoir dû le minimiser dans le livre par peur « l’enclume de la 17 ème chambre correctionnelle ». L’avantage, c’est que dans un tribunal, la parole est libre et ne peur être poursuivie. Alors les anciens du FN déballent. Martinez, le principal concerné, vient démontrer ce qu’il avance. « Le point 4 du contrat de travail d’Huguette Fatna prévoyait qu’elle travaillerait à… St Cloud. Le Parlement européen, elle ne savait même pas où ça se trouve ». Visiblement, il n’y avait pas que le cas de cette assistante parlementaire. « On devait fournir des contrats en blanc et la famille Le Pen remplissait, poursuit Martinez. J’ai résisté quand ils ont voulu que j’embauche aussi le chauffeur… » Carl Lang, qui a milité plus de vingt ans au FN et Lorrain de Saint Affrique, ancien conseiller en communication de Jean-Marie Le Pen, vont tous les deux confirmer : « c’est comme ça au Front national ». A les en croire, chaque fois que la famille Le Pen a besoin d’employés (un chauffeur, un garde du corps ou une nounou), ce sont les contribuables qui mettent la main à la poche, via un poste d’attachée parlementaire ou un mandat qu’ils effectueront peu. Marine Le Pen montrant l’exemple puisqu’elle est la moins assidue du Parlement européen.

Propos racistes

L’autre passage pour lequel Jean-Claude Martinez et les auteures sont poursuivies concerne Louis Aliot et révèle un tic de langage loin des apparitions policées de ce numéro deux du FN… « Un jour, il a piqué une colère terrible parce qu’on voyait Jacques Bompard au milieu des ‘melons’. Il ne sait pas dire une phrase sans ‘melons’. C’est rupestre chez lui. Pariétal ! ».

Caroline Fourest précise « c’est un passage où nous voulions montrer l’animosité qui peut déchirer le FN entre ceux qui sont en priorité obsédés par la question juive et ceux qui sont obsédés en priorité par la question arabe ». Jean-Claude Martinez s’agace : « Caroline, par cliché, n’a voulu retenir que l’expression ‘melon’ mais moi, ce qui me choque, c’est que Louis Aliot envoie des photographes pour faire suivre Jacques Bompard et le photographier ¬— au milieu des « melons » comme il dit ! — et le dénonce en bureau exécutif… Vous l’imaginez ministre de l’intérieur ! ».

L’avocat des deux auteures, maître Malka, en profite tout de même pour enfoncer le clou : « mes clientes n’ont donc pas trahi vos propos. Vous avez bien dit qu’il ne savait pas dire une phrase sans ‘melon’ »… « Mais bien sûr ! peste Jean-Claude Martinez, qui précise qu’il n’est pas guidé par l’ « amertume », comme l’écrivent les auteures, mais « qu’il est indigné » par l’équipe actuelle du FN. Une amertume-indignation qui ne l’empêche pas de rapporter des faits dignes d’intérêt… Son récit est d’ailleurs confirmé par une lettre de Martine Le Hideux, ancien cadre historique du Front, qui atteste de la scène et du fait que Louis Aliot emploie régulièrement l’expression « melon ».

Tout au long de l’audience, il devient évident que les auteurs — loin d’exagérer — ont plutôt pris des précautions pour minimiser et contextualiser les confidences dont les anciens du Front les ont abreuvés.

Menaces de mort

La démonstration est montée d’un cran lorsque Fernand Le Rachinel est venu à la barre raconter comment Jean-Marie Le Pen l’a « menacé de mort ». Après la débâcle des législatives de 2007, l’imprimeur, qui avait emprunté sur ses biens personnels et professionnels les fonds de la campagne pour les avancer — à taux zéro — au FN, a compris que Marine Le Pen ne souhaitait pas qu’il soit remboursé… Elle a même entrepris, avec l’aide de Philippe Peninque (ancien du GUD) de l’étrangler judiciairement pour le pousser à accepter une transaction. Pour que, pris à la gorge, il accepte une remis de 3 millions d’euros. Fernand Le Rachinel s’en est ouvert à Jean-Marie Le Pen, lors d’une discussion houleuse, où ce dernier l’aurait menacé : « Il m’a dit, je te ferai exécuter ». Maître St Just, mis en cause un peu plus tôt pour avoir participé à cette stratégie judicaire d’étranglement qualifiée par un expert de « tentative d’extorsion de fonds » tente de déstabiliser l’imprimeur, sans succès. Mais la rage entre ces anciens compagnons de route est palpable, surtout quand maître Saint Just tente d’humilier Le Rachinel en s’adressant son avocat : « Laissez répondre votre client. Je sais qu’il n’est pas très capable mais quand même... » Une phrase qui blesse l’ancien compagnon de route : « Je ne suis peut-être pas très capable mais moi je suis ancien meilleur ouvrier de France ». Il poursuit. L’intimidation, cette fois, n’a pas marché.

Les militants FN ont peur du travail de Fourest

La première journée d’audience continue par les témoignages de Georges-Marc Benamou, venu raconter dans quel contexte il a publié ce que racontait Pierrette Le Pen juste après son divorce dans Globe. A propos de son antisémitisme primaire, dans lequel ont grandi les filles Le Pen, et des fraudes fiscales. Notamment la part de l’héritage Lambert resté en Suisse et que le leader du FN — parti champion de la morale publique — n’a jamais déclaré…

Les auteures étant poursuivies pour les avoir rapporté ces phrases et d’autres reprises du magazine Rolling Stones, alors qu’elles constituent, selon elle, « un morceau d’histoire politique qu’on ne peut effacer ». Surtout lorsque Marine Le Pen fait de ce divorce et du déballage médiatique qui s’en est suivi sa « plus grande épreuve », celle qui rend si émouvante son autobiographie.

C’est d’ailleurs le sens du livre qu’elles ont écrit. « Nous avons voulu mettre les sous-titre » raconte Fiammetta Venner, politologue et auteure d’une thèse de Sciences politiques — recensant plus de 20 0000 mobilisations — sur l’extrême droite française. « Nous voulions montrer toutes les coulisses que l’autobiographie de Marine Le Pen laisse de côté pour que le lecteur-citoyen puisse juger avec tous les éléments en main, et non à partir du traitement « people » dans lequel ont versé parfois certains confrères. »

Heureusement, certains font leur travail. C’est au tour de la journaliste Claire Checcaglini, qui a infiltré le FN pour un livre intitulé « Bienvenue au Front », de venir à la barre. Elle explique à quel point le livre poursuivi est la bête noire des cadres du Front : « ils ont très peur que les militants lisent ce livre ou voient leur film ». La journaliste raconte avoir surpris et enregistré les propos d’un cadre du FN, Philippe Chevrier, à l’issue d’une réunion politique : « Quand est-ce qu’on l’emmène la Fourest ? On la met à poil, on l’attache à un arbre, on se la prend, on met des cagoules, on va avec la Fourest en forêt de Rambouillet et on la laisse. Au sourire qu’il affiche, ajoute l’auteur du livre, le responsable des Yvelines semble content de ses idées de balades en pleine nature".

Flottement dans la salle. Caroline Fourest fixe l’avocat du Front, qui se contente de regarder ailleurs et de sourire. Pour son travail, journalistique, Claire Checcaglini est poursuivie pour « escroquerie » par le Front… Encore une façon d’intimider.

Lorrain de Saint Affrique clôt les débats de la première journée en décrivant, de façon très chirurgicale et convaincante, la stratégie du FN en matière d’intimidation judiciaire :

 « Un jour où le Front commençait à perdre des procès, Jean-Marie m’a dit : « cela marchera jusqu’à ce que les magistrat comprennent… »

 « Comprennent quoi ? demande, visiblement piquée, la présidente du tribunal.

 « Que nous instrumentalisons les magistrats… »

Sourire amusé du procureur. La phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

Maitre Saint Just a la parole…

La seconde journée sera entièrement consacrée aux plaidoiries. Maître Saint Just — dont Kiejman dira avec ironie qu’il porte un nom trop grand pour ses épaules — sera régulièrement moqué par les parties adverses pour sa « double casquette » d’avocat et de vice-président du Front. Il tente de retrouver le fil… Mais livre une plaidoirie terne et poussive, qui tente essentiellement de caricaturer les auteures en s’appuyant sur le pamphlet de Pascal Boniface contre Caroline Fourest, ou la qualifiant de militante d’ « extrême gauche » ayant la « haine du FN ». Ce que Caroline Fourest dément calmement : « Je ne sais pas ce qui fait dire à Maître Saint Just que je suis d’extrême gauche, peut-être le fait de me regarder depuis très très à droite… Mais je le rassure. Je n’ai aucune animosité personnelle envers Marine Le Pen. Ni envers aucun sujet sur lequel je travaille. Je suis engagée mais ce qui m’amine, ce que j’aime dans ce métier, c’est avant tout la passion de la vérité et de la démonstration. »

Relaxe pour un livre d’intérêt général

Ayant pris la parole entre l’avocat des plaignant et des prévenus, le procureur général a livré un exposé, efficace et précis, en faveur de la relaxe sur la totalité des points soulevés par Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, le FN et Louis Aliot, au titre de la bonne foi, du sérieux de l’enquête, de précaution dans l’emploi de conditionnel et de guillemets de la part des auteures, mais aussi de problèmes de qualification venant des plaignants, et surtout d’un « sujet d’intérêt général ». Il a rappelé que, selon la jurisprudence, les femmes et les hommes politiques s’exposent davantage que leurs concitoyens à la critique. Il n’a retenu qu’une réserve, concernant l’évocation moins utile du premier mari de Marine Le Pen, non cité mais identifiable, et dont les auteures rapportent qu’il est connu au FN pour son tempérament sanguin et qu’il lui arrive de tirer sur les toits au revolver pour s’amuser après une soirée bien arrosée. « La montagne accouche d’une souris et même d’une fourmi » commente maître Malka, qui ne voit décidément pas en quoi l’évocation de cette anecdote peut être jugée diffamatoire.

Maître Kiejman ira jusqu’à regretter le temps où l’on faisait de vrais procès pour savoir si Jean-Marie Le Pen était nazi ou avait torturé en Algérie… L’ouvrage incriminé est si pondéré et sérieux que la partie lui semble trop facile. Mais il la défend avec le brio habituel et termine à bout de souffle. Le relais passe à Dominique de Leusse, l’avocat de Grasset, qui démontre combien le rappel des propos de Pierrette Le Pen était non seulement fondé, étayée, mais cité de façon équilibrée et judicieuse. Maître Malka termine la boucle dans un souffle, en s’amusant de voir l’avocat du Front furieux de certains témoignages : « c’est votre DRH qu’il faut mettre en accusation. Ces témoins viennent du FN, ce sont les vôtres, pas les nôtres ! » Il s’amuse notamment à citer une phrase de maître Collard, aujourd’hui député du FN, et qui n’a jamais été poursuivi pour avoir dit — jadis — que le FN utilisait un vocabulaire « microbien » : « Et on le fait député ! Mais par contre on poursuit mes clientes… » L’avocat trouve également savoureux de voir Pascal Boniface, l’allié des islamistes, cité par le FN. Il termine en insistant sur la stratégie judiciaire décrite par Lorrain de Saint Affrique. « J’ai été stupéfait de voir, juste avant notre audience, combien d’audiences relais concernent des procès en cours intentés par le FN… Maître Saint Just ne bougeait pas et tout le monde défilait ! Le FN est en train de privatiser cette chambre ! »

D’où « l’enjeu de ce procès », insiste Caroline Fourest pour conclure : « Comme ils ont service juridique corvéable à merci, tout le monde s’auto-censure désormais pour parler du FN. Si vous nous condamnez sur un seul point, Marine Le Pen communiquera comme si elle avait fait condamné tout le livre. Vous devez envoyer un signal et montrer que vous avez compris leur stratégie… »

Sophie Villeneuve