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PENSER A NOUVEAU UN AUTRE MONDE. C Delarue

mardi 21 juillet 2009, par Amitié entre les peuples

PENSER A NOUVEAU UN AUTRE MONDE

 contre le marxisme froid d’Althusser,

 loin des citations orthodoxes de Marx,

 à partir des contradictions à l’œuvre ici et maintenant.

Comme ceci par exemple : Altermondalisme et crise : qu’une branche accroche le drapeau du socialisme Court essai de proto-socialisme.

http://www.local.attac.org/35/Altermondalisme-et-crise-qu-une.html

La pensée d’un autre monde que le celui du capitalisme dominant est en cours de formalisation. Les théorisations dogmatiques puis scientifiques positivistes ont crée un obstacle à la perspective de sortie du capitalisme, un barrage à cette pensée d’une alternative des alternatives . Un barrage immédiatement exploité par les libéraux : « Thère is no alternative » (M Thatcher). Entre le dogmatisme et le positivisme il y a la place de la perspective ouverte par la réappropriation du monde et pour la pensée dialectique (1)

I - LE BARRAGE THEORIQUE DE L’HORIZON SOCIALISTE

Le socialisme à l’Est ayant été le nom de la dictature du parti et de sa bureaucratie sur le prolétariat la remise en cause théorique était fatale . Le barrage de « l’horizon socialiste » (voire communiste pour qui pense le « grand saut » dans le communisme encore possible) s’est fait en deux temps, au moins. L’abandon du marxisme-léninisme d’abord et celui du marxisme dynamique, porteur d’une transcendance sociale ensuite. Depuis nous somme orphelin d’une réelle transcendance sociale. Nous ne disposons que d’une aspiration « romantique » a un « autre monde ».

Certains diront d’emblée que c’est une bonne chose d’avoir laissé à « la critique rongeuse des souris » à la fois le marxisme-léninisme et la perspective socialiste. Mais il n’est pas mauvais d’opérer un retour en arrière (assez rapide car sans note) pour reconnaître les raisons oubliées de cette remise dans « les poubelles de l’histoire ».

1 ) L’abandon de la matrice marxiste-léniniste opère un premier barrage à la perspective de « l’autre monde ».

Le mouvement communiste international, aussi bien celui de la III Internationale que celui de la IV Internationale et malgré les divergences sur la pratique politique, conservait l’apport de Lénine sur plusieurs points . C’est important. Cependant, le marxisme-léninisme a été de longue années durant une interprétation stalinienne dominante de Marx et de Lénine. De ce fait, chacun des points constitutifs du léninisme était objet de débats dont, sans être exhaustif, celui de « l’impérialisme, stade suprême du capitalisme », celui de l’Etat comme instrument de domination du capital (L’Etat et la révolution), celui du parti d’avant-garde (Que faire ? 1902) celui du droit de séparation national (plusieurs textes), celui de l’inclusion des masses paysannes comme sujet révolutionnaire et celui du socialisme (Thèses d’avril : « Tout le pouvoir aux soviets »), etc.. .

Des éléments sur l’impérialisme sont encore évoqués marginalement par certains auteurs mais de gros changements théoriques sont intervenus peu à peu sur les autres aspects. Ainsi, la conception léniniste de l’Etat a reculé peu à peu au profit d’une conception laissant place à la contradiction au sein de l’appareil d’Etat. La conception du parti d’avant garde a perdu de sa superbe à force des erreurs commises par les états majors politiques et avec la massification de l’instruction publique.

Quand au socialisme, il voit au mieux les soviets (ou conseils) se combiner à la démocratie représentative transformée plus qu’ils ne la remplacent. Le communisme constituant la perspective lointaine de socialisation du monde. Ce faisant, l’abandon de « l’horizon » autre que capitaliste ne s’est produit qu’à demi mot. Car l’abandon de la dictature du prolétariat par le PCF et beaucoup plus tard par la LCR n’est qu’un élément de cet abandon d’horizon. La CFDT, elle, a abandonné la perspective autogestionnaire au profit de la mécanique bureaucratique de négociation souvent « à froid » ou avec des luttes à portées limitées . Tout cela mériterait des développements qui vont manquer ici.

Disons, qu’il n’y a guère que le PS a avoir affirmé en 1991 que l’horizon capitaliste bornait pour longtemps leur perspective de transformation sociale. Laquelle « transformation sociale » figurait en bonne place dans les statuts du PS . Le Parti Socialiste n’a pas pour autant changé de nom mais pour lui le socialisme est devenu une sorte de néo-solidarisme car son « horizon bouché » ne pouvait que déboucher sur l’aménagement du système. Agir sur la périphérie était encore possible mais briser le cœur capitaliste devenait impensable et impossible.

2) Le refroidissement du marxisme lui-même opère une clôture systèmique.

Mais les organisations se réclamant du marxisme n’ont pas renoncé elle aussi bruyamment à la perspective d’un changement radical de société, qu’il s’agisse du socialisme ou du communisme. Mais cette perspective s’est néanmoins effacée soit au profit du combat anticapitaliste soit du dépassement du capitalisme. C’est sans doute, en France, à l’influence du dernier Althusser que l’on doit cet abandon d’un marxisme métaphysique au profit d’un marxisme scientifique. Cela a été plus perceptible dans les Universités que dans les partis notamment le PCF la LCR étant plus critique de ce marxisme proto-structuraliste faisant de l’histoire un « procès sans sujet ». Dans les universités de droit et de sciences politiques, le marxisme fréquentable a bien été celui du dernier Althusser car c’est d’un marxisme positiviste dont il s’agit, celui débarrassé de toutes perspective transcendantale. Il n’y a qu’a ouvrir, pour s’en assurer, le mémento Dalloz d’ « Introduction à la science politique » de Jean Baudouin (version ancienne en tout cas).

Effectivement, ainsi que l’écrit Miguel Vatter (2), « après 1977, la pensée d’Althusser effectue un « tournant » en s’écartant du Marxisme-léninisme. Les écrits posthumes de cette période tardive constituent une source d’inspiration extrêmement riche pour une pensée post-marxiste. On peut y trouver une réfutation des erreurs du marxisme-léninisme qui selon Louis Althusser auraient deux racines : d’un coté la dévaluation et l’incompréhension de l’autonomie du politique et de l’autre la dépendance vis à vis d’une construction métaphysique du devenir historique. Afin de définir un horizon approprié à la compréhension du politique dans son autonomie comme dans sa dimension constituante, Althusser ressent la nécessité de retourner à Machiavel. De manière à échapper à l’emprise de la philosophie moderne sur l’histoire et à son obsession pour un sujet historique, Althusser propose une esquisse de la théorie de l’histoire qui donne la priorité à la dimension de l’événement, de la rencontre contingente qui évacue toute substance et tout sujet du devenir historique. »
Au-delà du léninisme c’est le marxisme qui est coupé de ses ailes. Il perd son élan romantique, son aspiration au changement de société doit se rabattre sur les alternatives possibles, le grain à moudre laissé à la négociation bureaucratique. Le marxisme devient alors une science « froide » celle de la lutte contingente sans aucune transcendance sociale. Le marxisme althusserien se refroidit au moment même ou il dit vouloir rompre avec la dégénérescence stalinienne. Miguel Vatter poursuit « Prenant la théorie marxiste à rebrousse-poil, Althusser comprend « la primauté de la lutte des classes » indépendamment de toute prétendue nécessité de dépasser l’antagonisme dans une synthèse. En particulier, l’antagonisme social est complètement indépendant de cette espèce de « transition » téléologique (défendue par Marx dans la fameuse lettre à Joseph Weydemeyer du 5 mars 1852) de la lutte de classe à la dictature du prolétariat, puis à la société sans classes. À proprement parler, pour Althusser, la tradition marxiste, dans toutes ses variantes, n’a jamais été capable de penser l’antagonisme social, i.e. la lutte qui est le « mouvement réel » traversant toutes les relations sociales, sans aucune adjuvante et résolutoire synthèse. Althusser rompt avec cette tradition dans la mesure où, pour lui, il est impossible de totaliser l’antagonisme social et, par là, de le résoudre en une synthèse : l’antagonisme social est permanent, il n’y a pas de « fin de l’histoire ».

II - LA LEVEE DE L’HYPOTHEQUE POSITIVISTE EN COURS

Altermondialisme, la fin du capitalisme dominant redevient pensable.

Il a fallu l’émergence du mouvement altermondialiste pour que la perspective d’un « autre monde » supplante celle autolimitée d’un »monde meilleur » compatible avec le système.

C’est ATTAC France qui a posé dans son Manifeste la nécessité d’en passer par des « ruptures franches » dans les 7 piliers constitutifs du néolibéralisme. Et, dans quelques jours à Arles ATTAC va poser la question : ATTAC : Que faire du capitalisme ? : Refondation ou Alternative

Néo-socialisme, conforter l’aspiration « romantique » a un « autre monde ».

Il ne s’agit donc plus seulement, si ces thèses sont adoptées, de rompre avec une forme historique du capitalisme nommé néolibéralisme ou capitalisme financier mais de rompre franchement avec toute forme de capitalisme y compris avec une version « refondée » en mode social-écologique, en mode rose-vert (3). Il n’est pas anodin que plusieurs organisations politiques ou citoyennes évoquent à nouveau le « socialisme du XXI ème siècle ». Enfin, on respire !

Mais penser la perspective socialiste ne signifie pas un seul chemin pour l’atteindre. Il y a sans doute des impasses mais les ouvertures possibles sont plurielles. Dans son étude Le NPA et la question de l’État, le pouvoir des travailleurs Jean-François CABRAL écrit : « Le NPA sera de façon conséquente un parti anticapitaliste et donc un parti « pour la transformation révolutionnaire de la société ». Mais la question de savoir comment y parvenir et ce qu’il faudrait mettre à la place des institutions existantes reste ouverte. » On ne saurait mieux dire.

Christian Delarue

1) Déclin du positivisme, montée de la dialectique - D Bensaïd

2) Althusser et Machiavel : la politique après la critique de Marx
par Miguel Vatter
http://multitudes.samizdat.net/Althusser-et-Machiavel-la 

3) ATTAC : Que faire du capitalisme ? Refondation ou Alternative.

http://www.legrandsoir.info/ATTAC-que-faire-du-capitalisme-Refondation-ou-Alternative.html