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PAIX : La guerre des intégrismes identitaires est une impasse. C Delarue

samedi 4 août 2012, par Amitié entre les peuples

Conférence sur la Paix.

La question de la paix ne se rapporte pas qu’à la guerre. C’est pourquoi, en complément à d’autres interventions, je propose soit au nom du MRAP soit au nom du groupe « société » d’ATTAC France- sous réserve d’accord - de développer le cadre général de la thématique suivante. Je peux procéder à des variations selon le contexte. Je peux passer plus ou moins de temps sur le texte cité de Patrick Tort par exemple.

PAIX : La guerre des intégrismes identitaires est une impasse.

Ce type de guerre est une impasse flagrante à chaque fois qu’elle oublie la logique d’égalité mais elle demeure une impasse quant cette guerre tend surtout à affirmer - je cite (1 ) - « un intégrisme identitaire contre un autre (celui du Front national par exemple) ».

Patrick TORT (*) précise : "Celui qui combat contre l’injustice combat pour dresser face à elle la justice, et non une injustice contraire. Or la
question de l’assimilation et ou de l’intégration n’est qu’une question
rhétorique si l’on accepte au départ un principe d’inégalité. La bonne
assimilation, c’est celle des conditions économiques, juridiques et
politiques ; c’est celle aussi qui fait sortir des ghettos de la misère.
C’est pour elle qui fait d’abord se battre." (p151)

Il ajoute à propos des marxistes, mais cela concerne d’autres modes de penser : « Si un marxiste a un »problème "d’identité (éventuellement
nationale), qu’il se demande s’il n’a pas plutôt un problème de
marxisme. Pour un marxiste, il n’y a pas d’étranger". Voilà une pensée radicale de la fraternité. La fraternité dans un cadre national ou identitaire n’est pas de la fraternité. Erich Fromm abonde en ce sens. Elle n’est que son premier pas.

Avec l’avènement du néolibéralisme, on est passé de la lutte des classes de la période fordiste (les Trente Glorieuses) à la « guerre des classes » (c’est un capitaliste qui le dit : Warren BUFFET). Il importe dès lors de ce centrer plus que jamais sur la question sociale. Mais cette question n’épuise pas les autres : la démocratique, l’écologique, la culturelle, etc. Une question surgit alors : la « guerre des classes » comporte-t-elle une dimension « guerre des races » ? Le MRAP rejette dans un même mouvement la racialisation et le racisme. Il refuse l’ethnicisation du social.

Il est évident que les discriminations racistes, sexistes, homophobes montent avec la crise économico-sociale. Ecoutez les membres du CADTM de Grèce et vous en serez convaincu. Et ici, comme en France, le racisme est structurel dans certaines zones délaissés de la République. Mais commencer par choisir le camp de la « race » des dominés contre la « race » des dominants n’est en rien un chemin vers l’émancipation. Il n’y a aucun avenir à construire sur cette base idéologique. Il est important de saisir que c’est une impasse. C’est un enfermement mental avant l’enfermement physique.

Il est vrai cependant, que de nombreux quartiers de relégation populaire combinent un triple mépris social - celui de classe (classisme), - celui de genre (sexisme), celui de « race » (racisme). Le seul problème de cette énumération ainsi formulée est que les « races » n’existent pas, ni biologiquement ni même comme construit social. Ce qui se construit socialement c’est le racisme.

Dès lors, il importe de lutter contre toutes les formes de racisme
ainsi que le fait le MRAP et d’autres organisations encore mais aussi
intervenir dans la « guerre des classes » du côté des peuples-classe. Les peuples-classe qui forment 97 à 99 % de la population sont la matrice de résistance mais aussi de construction ou reconstruction d’un Etat social. Nous sommes loin du nationalisme. Le cadre peut en être aussi bien l’Etat-nation que l’Europe. Ce qui suppose de combattre l’Union européenne. Au plan mondial, il importe de se battre pour les DESC et les droits environnementaux.

Nous sommes dans une période d’une intense bataille idéologique et
organisationnelle pour forger une alliance des couches (pauvre, modeste, moyenne) ou classes (sous-prolétaires, prolétaires, petite-bourgeoisie) assujetties, dominées, exploités, hommes et femmes, de toute couleur, de tout âge, contre l’oligarchie financière. L’émancipation passe par « l’euthanasie des rentiers ».

Christian DELARUE

1) Identité/différence , introduire la domination et le colonialisme, promouvoir l’égalité.

Extrait d’ « *Etre marxiste aujourd’hui* » (p 142 et suivantes) par Patick TORT Aubier Résonnances 1986

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1880