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Osez le Féminisme soutient les ouvrières du site Latelec en Tunisie qui font face à une répression inadmissible de la part d’un sous-traitant d’Airbus !

lundi 14 juillet 2014, par Amitié entre les peuples

Osez le Féminisme soutient les ouvrières du site Latelec en Tunisie qui font face à une répression inadmissible de la part d’un sous-traitant d’Airbus !

A l’occasion de notre participation en mars au Forum Social Mondial de Tunis, nous avons été interpellé-e-s par le mouvement social des travailleuses de Latelec, qui font preuve depuis plusieurs mois d’une détermination sans faille face aux pressions de leur employeur français.

Depuis 2005, une partie du câblage aéronautique d’Airbus est produit par la SEA Latelec dans la banlieue de Tunis, à Fouchana, suite à une délocalisation opérée par un de ses sous-traitants, le groupe français Latécoère, à la recherche d’une main d’œuvre moins coûteuse, d’une application du code du travail moins stricte qu’en France. Pendant plusieurs années, les 450 salarié-e-s du site, presque toutes des femmes, sont ainsi rémunéré-e-s à des niveaux misérables et travaillent dans de très mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité, sans pouvoir être représenté-e-s par un syndicat.

A partir de 2010, Sonia Jebali et Monia Dridi, deux ouvrières de la SEA Latelec, coordonnent la création d’un syndicat de base ainsi que la mobilisation des ouvrières de l’usine afin d’obtenir le respect du droit du travail tunisien, l’intégration en CDI de salariées précaires qui y travaillent depuis plusieurs années et la signature d’un accord portant sur l’organisation des promotions et des augmentations de salaires. Dès la première grève organisée par les ouvrières, une augmentation des salaires est obtenue, tandis que l’accord réclamé est signé en 2012 par le syndicat et Latelec.

Mais, pour faire taire les revendications d’un mouvement qui a rapidement gagné toutes les salariées de Latelec, l’entreprise met aussitôt en place une répression antisyndicale systématique, en violation des conventions internationales de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) : mises à pied, tentatives de corruption, insultes, sanctions abusives, isolement, remarques sexistes et menaces de mort. Devant leur refus de céder à ces pressions, la direction française déclare le 19 septembre 2012 un « lock-out » (fermeture patronale) d’un mois accompagné du transfert temporaire de la production en France. 200 postes d’intérimaires sont ensuite supprimés entre octobre et avril, puis 200 nouvelles suppressions sont annoncées pour d’ici fin 2013.

Bien loin de saluer ce qui pourrait ressembler à une « relocalisation », les syndicats tunisiens et français dénoncent une manipulation de la part du groupe Latécoère, qui n’embauche jamais que pour s’affranchir des contraintes que les législations ou les mouvements syndicaux tentent de lui imposer. Le 30 mars, lors du Forum Social Mondial, militant-e-s et syndicalistes tunisien-ne-s, français-e-s et d’autres pays ont organisé une manifestation de soutien devant l’ambassade de France à Tunis. En réponse, la direction de Latelec menace de suspension 15 ouvrières ayant participé à la manifestation et licencie 5 ouvrières le 11 avril puis 5 autres le 15 avril, dont 3 représentantes du syndicat.

La multiplication des pressions organisées par cette multinationale française sur les travailleuses tunisiennes entraîne aujourd’hui un mouvement de solidarité internationale entre syndicats, associations et citoyen-ne-s de toute la planète. En se joignant à ce combat, Osez le Féminisme ! réaffirme l’importance du féminisme dans le changement politique et social et exige avec les ouvrières de Latelec la reprise immédiate de la production sur le site de Fouchana et la réintégration sans perte de salaire de toutes les ouvrières et ouvriers employé-e-s sur le site en septembre 2012.

Un article écrit par Elisabeth Pesnel et Antoine Bouhey, du groupe International d’Osez Le Féminisme !

source :

http://www.osezlefeminisme.fr/article/osez-le-feminisme-soutient-les-ouvrieres-du-site-latelec-en-tunisie-qui-font-face-a-une-repr