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Oligarchisation du monde et évocation multiforme du peuple. C Delarue

dimanche 19 mars 2017, par Amitié entre les peuples

Oligarchisation du monde et évocation multiforme du peuple.

Nous avons là un rapport social à théoriser sur plusieurs plans, notamment au plan social et démocratique et ce sous l’angle - notamment encore - de la dépossession des classes populaires par les puissances économiques.

Pourquoi reprendre le fil théorique ?

Oligarchie-peuple rien de neuf pourtant on trouve trois évènements récents qui incitent à reprendre le fil théorique :

 Premier évènement : Le surgissement altermondialiste du « people 99% », du « nous sommes les 99% » .

 Second évènement plus inscrit dans la durèe : la montée en puissance des oligarchies d’ou les livres d’Alain Cotta (Le règne des oligarchies) et Thierry Brugvin (qui use du terme « élite » et porte plus sur le volet corruption et a-démocratique). Dans ce cadre général, le peuple-classe comme concept ne se définit qu’en relation dynamique avec l’oligarchie, et non pas d’abord par un chiffre (les 99%) même si la question de l’enrichissement des riches est présent dans l’enjeu . Dans la conceptualisation l’un explique l’autre du fait de l’existence d’un rapport social conflictuel.

Le peuple-classe, on le sait, est bien le large peuple mobilisable pour l’émancipation sociale mais selon des formes en débat de nos jours. Car il n’est pas neutre que cette mobilisation intervienne soit par un leader (populisme de gauche) soit via un projet ou un programme qui prend en charge aussi d’autres dominations ou oppressions qui n’apparaissent pas explicitement, ce qui suppose des convergences d’acteurs divers.

 Troisième évènement : plus restreint mais qui perce : les thèses de Chantal Mouffe qui postule la forte conflictualité interne à toute société, à toute nation, avec un « eux » (en-haut) et un « nous » (populaire). Mais pour l’extrême-droite, le eux sera les intrus sur le territoire national et le nous, tous les vrais français, pas les français « administratifs ». Différence forte ici avec la gauche.

Au-delà, de la question du populisme, largement débattue dans ATTAC (Les Possibles n°12) et dans la Fondation Copernic (cf Pierre Khalfa) il y a bien ce eux et nous en conflit qui vient s’ajouter à d’autres rapports sociaux de domination ou d’oppression : sexisme, racisme, classisme, intégrismes religieux montant. Ajoutons l’impérialisme, le néo-colonialisme.

En effet, que l’on soit favorable ou non à la notion de populisme sans adjectif, malgré le flou de la notion, ou que l’on préfère - ou pas - la distinction « populisme de droite » (populisme ethno-national ou autre appellation proche) - « populisme de gauche » (populisme du peuple-classe) il faut bien prendre acte de la montée en référence au peuple ou du peuple. Les ouvrages et contributions qui étudient l’objet « peuple » ne manquent pas. Lire notamment l’ouvrage collectif « Le peuple existe-t-il ? » (2012) ou « Par le peuple et pour le peuple » de Yves Meny et Yves Surel. (2002). D’autres encore.

 Cette apparition du peuple est lié, nous semble-t-il, à la forte montée en puissance des oligarchies, tant pour sa réalité que pour l’usage du terme.

C’est bien depuis qu’on évoque largement et analyse en détail la montée en puissance de l’oligarchie partout dans le monde (cf le chapitre « la mondialisation des oligarchies » du livre « Le règne des oligarchies » d’Alain Cotta) qu’apparaît naturellement son opposé le peuple, lequel peuple est d’ailleurs saisi et interprété de façon différente selon les acteurs, mais de plus en plus en opposition avec la ou les oligarchies tant au plan national ou continental ;
Notons que parfois d’autres termes interviennent pour nommer cet en-haut dominant. Thierry Brugvin a écrit sur les élites a-démocratiques quand des marxistes ou altermarxistes continuent de parler eux des classes dominantes ou de bourgeoisies. Jadis en 1986, Patrick Tort distinguait le peuple des classes dirigeantes (dans Etre marxiste aujourd’hui). Pour lui les classes dirigeantes « pensaient » le peuple comme objet de politiques diverses, d’amoindrissement des droits en général.

Les oligarchies comme les bourgeoisies surplombent les peuples de très haut. Elles fourvoient la démocratie, (contre le peuple souverain) et casse les droits sociaux et les services publics (contre le peuple-classe). Cf ma propre contribution de 2012 publiée dans Mouvements : « Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe. »

http://mouvements.info/classe-dominante-et-oligarchie-contre-peuple-souverain-et-peuple-classe/-

L’essentiel a saisir réside dans la puissance immense accumulée par les grands oligarques de niveau mondial (l’hyperclasse ou la caste) mais aussi de moindre niveau (continental ou national) - l’oligarchie étant elle-même hiérarchisée - et cette oligarchisation (le terme indique processus de constitution dans le temps lié au néolibéralisme comme phase du capitalisme rentier ou financiarisé) a bien rabaissé les mécanismes démocratiques mais aussi les garanties sociales (services publics, protections sociales, etc ) . La République devient un fétiche qui masque la fracture sociale entre peuple et oligarchie.

 En surplomb de quels peuples ?

Les oligarchies et les riches qui sont autour - les 1% d’en-haut sont aussi de plus en plus riches et déconnectés du peuple - bénéficient d’une captation financière grandiose, ce qui crée un immense écart entre ces petits groupes humains surpuissants et le peuple, le peuple-classe.

Y Meny et Y Surel avaient déjà répondu en 2000 dans « Par le peuple et pour le peuple ». A qui s’adresse-t-on quand on parle au peuple ? Au peuple ethno-national ? au peuple démocratico-citoyens (légal ou avec droits de citoyenneté aux résidents) ? au peuple-classe (couches sociales dites populaires) ? Tout cela est bien expliqué et en lien avec l’analyse du populisme.

Ce qui a changé depuis réside dans les trois évènements reportés en introduction. Chacun a sa portée.

Christian DELARUE