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Notre soutien au peuple-classe tunisien est sélectif. C Delarue

dimanche 24 février 2013, par Amitié entre les peuples

Notre soutien au peuple-classe tunisien est sélectif.

La contre-révolution thermidorienne est montante.

 Rappelons les bases d’un combat social « classiste » renouvelé.

D’abord on ne saurait soutenir leur classe dominante et leur oligarchie pas plus que la notre. Ici il y a solidarité de peuple-classe à peuple-classe pour refuser la domination de classe.

Ensuite on ne saurait, ici pas plus qu’ailleurs, soutenir une alliance avec les musulmans intégristes particulièrement réactionnaires, autoritaires, violents et sexoséparatistes.

 Repousser les forces réactionnaires.

Les pays du Golfe qui soutiennent ces mouvements sont perçus comme quasi-fascistes ; ils sont dit Samir Amin archaïques et esclavagistes (et pas que contre les femmes contre les travailleurs aussi).

Il serait faux et dangereux (et honteux) de croire que ces courants de l’islam autoritaire ne seraient « que » contre les femmes mais pas contre le capitalisme.
Notez, pour certains, ce que cela peut avoir d’odieux de penser que si le capitalisme est contesté par cet islam autoritaire alors le volet anti-femme serait acceptable. On trouve encore ce genre de marxisme machiste qui relativise la domination sexiste.

Reste encore à dire, comme Samir Amin et d’autres l’ont dit avant moi, que ces courants intégristes n’ont aucun programme, aucun projet portant contre le capitalisme. Même le volet anti-impérialiste, souvent plus facile à porter, est inexistant. Brûler des drapeaux des USA n’a jamais pu faire d’eux des anti-impérialistes.

 Le combat pour une autre démocratie, pour une laïcité et l’Etat social.

Ces mouvements radicaux n’arrivent pas à s’accommoder de la démocratie représentative classique, largement diffusé par le monde, alors il ne risquent pas de vouloir une autre démocratie, beaucoup plus participative. La démocratie sans adjectif que nous connaissons est celle qui fonctionne au profit du pouvoir délégué, pouvoir constitutif de l’oligarchie et de la dépossession du peuple-classe. La démocratie doit descendre au plus près des membres du peuple-classe qui doivent pouvoir débattre et décider.

Ces mouvements intégristes ne risquent pas non plus de pousser à la sécularisation et de vouloir une loi de laicité prise sur le modèle français ou turc ou sur une base originale de séparation de deux espaces entre la société politique et la société civile.

Ici certains disent, que la laicité c’est secondaire. En Tunisie plus qu’ailleurs il faut lier le combat social du peuple-classe et le combat laïque. Il apparait plus que jamais que la laicité est un dispositif révolutionnaire à conquérir em même temps qu’un profonde démocratisation. C’est un dispositif central de la modernité aussi protecteur que l’institution d’un Etat social avec des services publics forts et nombreux, une sécurité sociale bien orientée vers la protection sociale du peuple-classe.

Citons encore Samir Amin : « Le projet des Frères Musulmans en Égypte et de la Nahda en Tunisie est un projet théocratique qui ne diffère en rien de celui en place en Iran (bien que l’un soit Chiite, et l’autre Sunnite). Il s’agit d’ériger le pouvoir religieux en pouvoir antérieur et supérieur à ceux de l’Etat moderne – le législatif (assumé par un Parlement élu), l’exécutif (Président élu) et le judiciaire. Le Conseil des Ayatollahs en Iran, le Conseil des Ulemas dans la constitution des Frères Musulmans en Égypte assument les responsabilités d’une sorte de Conseil constitutionnel religieux et de Cour Suprême qui veille à la conformité à « l’Islam » (en fait à son interprétation par ce Conseil) des lois proposées par le Parlement, des actes du gouvernement et des jugements des tribunaux. Le système est donc l’équivalent de celui d’un parti unique, prétendu « religieux », à la rigueur tolérant dans son sein quelques différences. Car aucun parti n’aurait, dans ce cadre, le droit de rejeter la suprématie du droit religieux. On ne voit pas pourquoi ce système, que les médias qualifient d’anti-démocratique en Iran, serait devenu miraculeusement démocratique en Égypte, en Tunisie et demain en Syrie ».

Vive la transcroissance des luttes anticapitalistes et anti-intégristes.
Révolution permanente des peuples-classe.

Christian Delarue

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