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Note sur « Populisme Le fantasme des élites » de Benoît Schneckenburger

mardi 20 mars 2012, par Amitié entre les peuples

Note sur « Populisme Le fantasme des élites » de Benoît Schneckenburger

Ce livre (1) de Benoît Schneckenburger est une critique tout à la fois actualisée et richement alimentée aux sources explicatives d’une notion floue qui une chose et son contraire. Critique actualisée car l’auteur philosophe et membre du BN du Parti de gauche explique le peu de sérieux des accusations des BHL, JP Huchon, Jean-Marie Colombani, Dominique Reynié, et autres, qui ne valent pas plus que la détestable caricature de Plantu qui amalgame sous une même symbolique fascisante Le Pen et JL Mélenchon (JLM). La critique perfide de populisme vise plus JL Mélenchon que M Le Pen . JLM serait le mauvais Bourdieu face au bon BHL, ou le mauvais Chavez face au bon A Adler, le mauvais Sartre contre le bon Aron. Ce dernier est pourtant l’auteur de cette phrase stupéfiante : « seule une minorité qui ne dépasse pas 10 à 20 % doit au hasard génétique des aptitudes qui leur rendent faciles les études supérieures » et les capacités de commandement. La démocratisation scolaire devient inutile.

Une critique alimentée car l’auteur remonte à la Grèce antique pour repérer la « haine du peuple » de la part des élites. Car derrière l’accusation de populisme il faut lire l’effet d’une tendance constante au mépris de classe et de caste de ceux d’en-haut. Le problème contemporain et l’apparition du terme vient que la démocratie s’appuie sur le peuple pour fonder sa légitimité. C’est avec le Non au projet de Traité constitutionnel européen en 2005, que « l’usage de l’anathème populiste devient exponentiel » (p26).

N’est-ce pas en effet contradictoire de mépriser le peuple et en même temps le valoriser comme fondateur des régimes politiques contemporains ? La solution apportée par les libéraux tient dans la stricte séparation des gouvernants et des gouvernés, ces derniers étant seulement compétents (et encore !) pour choisir les dirigeants politiques mais pas pour intervenir dans la marche de la cité. Dès lors, en appeler plus directement « au peuple », comme le font de façon fort différente Le Pen et Mélenchon (2), relèverait tout à la fois d’une mauvaise compréhension de la démocratie et d’une ignorance de l’incompétence du peuple. Ces deux erreurs sont une caractéristique du populisme.

La suite de l’ouvrage décline une réponse qui replace le peuple au cœur de la démocratie en reconsidérant ses capacités à écarter les fausses solutions adoptées par des élites néolibérales trop ploutocratiques. L’apathie du peuple ponctuée par quelques sursauts de colère est construite. Elle n’est pas un fait de nature intangible. Mobiliser le peuple, c’est donc s’adresser à lui globalement et dans toutes ses composantes y compris les couches populaires et pas seulement aux classes moyennes ainsi que voulait le faire DSK. Il importe de plus de le respecter car c’est lui qui produit l’existence sociale, qui construit réellement la société, non les élites. Le bon populisme, c’est tout autre chose que le racisme et la xénophobie. Il mène à la République sociale de Jaurès.

Christian DELARUE

1) Populisme : Le fantasme des élites edition Bruno Leprince coll Politique à gauche janvier 2012 92 pages

2) Sarkozy jouerait le jeu des institutions malgré le fait de sa démagogie ou de ses appels à référendum.