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Note de lecture de « Les »dettes illégitimes" de François Chesnais. C Delarue

dimanche 19 juin 2011, par Amitié entre les peuples

Note de lecture de « Les »dettes illégitimes" de François Chesnais.

Note de lecture de « Les « dettes illégitimes - Quand les banques font main basse sur les politiques publiques » . de François Chesnais. (Ed Raison d’agir - mai 2011) par Christian Delarue.

Du Sud au Nord la montée des dettes illégitimes pose problème. Les peuples-classe du Sud ont vécu longtemps des plans d’ajustement structurels imposés par le FMI. Maintenant ce sont les peuples-classes du Nord qui vivent les plans d’austérité et réclament des solutions qui s’attaquent aux causes. Ce qui nécessite un minimum d’explication scientifique. C’est à ce titre que l’ouvrage de François CHESNAIS (1) est utile. L’auteur de la Mondialisation du capital met l’accent, sur fond de crises de longue durée, sur la montée en puissance du pouvoir de la finance.

De plus des passages en encadré aident les non économistes à poursuivre la lecture d’un sujet pas toujours facile d’accès pour tous. Ainsi, il distingue avec détail la finance du financement de l’économie. Dit qui est derrière la finance et explique que pendant le XX ème siècle la finance n’a pas toujours eu ce pouvoir. Les banques ne faisaient pas comme aujourd’hui main basse sur les politiques publiques pour enrichir une minorité de gros rentiers, membres de la bourgeoisie internationale.

Les gouvernements de droite comme de gauche ont participé, en mobilisant l’Etat au renforcement du pouvoir des banques en France. Un historique montre cette évolution des lois Debré de 66-67 à la réforme de 1986 qui supprime l’encadrement du crédit par le Trésor public et la Banque de France. Il montre aussi à quel point la croissance par l’endettement est un « cul de sac » alors que le recours à celle-ci se perpétue sous l’influence des investisseurs financiers.

La dette publique française comme exemple de dette illégitime est étudié p 110-117. Le lien est fait avec la baisse des impôts progressifs sur le revenu et la montée d’une fiscalité de classe. Quand N Sarkozy affirme que « la France vit au-dessus de ses moyens » il importe de lui rétorquer que les cadeaux fiscaux aux riches (les Bettancourt et autres Bolloré) ont creusé un déficit auquel, côté dépenses, le financement du Rafale (merci Monsieur Dassault) n’est pas étranger. Le silence des partis de gauche n’est ni neutre politiquement, ni scientifique ! Les deux rapports dont F. Chesnais rappelle les conclusions à la suite de Laurent Mauduis sur Médiapart, sont on ne peut plus éloquents. Sans les baisses d’impôt sur la fortune et le capital des années 2000, la dette publique serait 20% inférieure à ce qu’elle n’est.

Un lien est aussi fait avec les traités européens qui favorisent surtout la liberté du capital. L’auteur reprend des critiques portées en 2004 et 2005 contre le projet de TCE. La question monétaire est abordée sous l’angle du statut différent entre le dollar et l’euro le premier étant à la différence du second une monnaie mondiale (devenue certes « fausse monnaie »). Le statut de la BCE ne permet pas de résorber cette insuffisance qualitative de l’euro. Pour F.Chesnais, la sortie de l’Euro est une fausse solution. La mise sous contrôle social des grandes banques est le préalable à la réforme de la BCE. La meilleure façon d’exprimer la solidarité avec le peuple-classe grec est de lutter pour l’annulation, au moins en large part de la dette en France. Faire campagne pour l’audit populaire de la dette et de l’ouverture des comptes aurait comme le souligne l’auteur, la double portée citoyenne et révolutionnaire.

Christian Delarue

1) « Les dettes illégitimes » de François Chesnais a pour sous titre « Quand les banques font main basse sur les politiques publiques ». Raison d’agir mai 2011

sur ce site de F Chesnais lire : La dette de la Grèce : quel mot d’ordre faut-il défendre ?

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1096