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Normalisation du sexy : contrôle des femmes et exclusion des « trop sexy ».

jeudi 12 septembre 2013, par Amitié entre les peuples

SEXYPHOBIE

Normalisation du sexy : contrôle des femmes et exclusion des « trop sexy ».

Commentaires sur blog Médiapart.

Dans un premier temps on peut se contenter d’apprécier le discours de Carole BALY comme étant la promotion d’un très soft habillement sexy.
Mais l’on ne saurait s’en tenir là si l’on veut entreprendre une démarche critique.

1 - Un très soft « sexy dressing » pour Caroline BALY

Voici ce qu’aurait dit Duncan Kennedy auteur de Sexy dressing, violences sexuelles et érotisation de la domination à propos de l’emission ci-dessous.

caroline baly - dressing sexy - Vidéo Dailymotion
http://www.dailymotion.com/video/xttge2_caroline-baly-dressing-sexy_webcam

Les idées de « décence » et de « bon gout » soutiennent la discipline vestimentaire partout dans le monde, elles le font en France avec une rigueur exceptionnelle, de sorte que la diversité dans l’habillement y est moins développée qu’aux Etats-Unis, tout comme l’espace laissé à l’habillement sexy y est plus étriqué. (p33). Bref, sortez couvertes (1) !

Il y a aussi une nuance que l’auteur ne fait pas entre susciter attirance et susciter excitation sexuelle. Face à une attirance, un homme est modérément subjugué mais surtout séduit par l’ensemble de la personne. Il n’est pas sous l’effet d’une captation sexuelle partielle, même si cette dernière peut aussi être présente ponctuellement ou fortuitement. En conséquence, l’homme est toujours en capacité soit de s’écarter, soit de s’approcher mais avec tact et civilité, « comme si » l’attirance n’était pas là, soit de ne rien changer à son comportement. Il remarque bien la personne sexuée différente avec plaisir, il la remercie intérieurement, et n’oublie pas qu’elle personne humaine et digne, comme lui. Il ne l’embête pas. C’est ce « vivre ensemble » joyeux et égalitaire, « gagnant-gagnant », qu’il convient, me semble-il, de soutenir.

2 - Entreprise de normalisation dangereuse car porteuse de stigmatisation voire d’arguments pour des circonstances atténuantes en cas de violences sexistes.

Sexy, c’est comme je veux, quand je veux !

L’entreprise de cette émission télévisée ci-dessus procède de la normalisation vestimentaire qui pose un « sexy » correct, convenable, normal mais aussi, par voie de conséquence, un sexy incorrect, anormal, non autorisé. In fine, ce sexy incorrect à lire Ducen Kennedy pourrait être instrumentalisé par les hommes violents comme excuse d’insultes, de violences machistes, de viol. Il s’agit donc d’une entreprise réactionnaire, conservatrice de l’ordre machiste.

A propos de l’ouvrage cité plus haut, Duncan Kennedy fait la part belle à la réaction d’excitation compréhensible des hommes face à un habillement sexy. Il souligne d’ailleurs que des tribunaux des USA prennent en compte l’habillement sexy pour diminuer la responsabilité des agresseurs sexuels. Une telle prise de position choque les féministes, y compris les hommes. Pour lui, une femme qui s’habille sexy souhaite vraisemblablement susciter une excitation d’ordre sexuelle chez certains hommes.

Mais une excitation sexuelle suppose-t-elle d’emblée une approche masculine immédiate de type approche physique, regard insistant, paroles ciblées ? Et en cas de repoussement, insultes sexistes. Non, et pour beaucoup d’hommes, cela ne va pas au-delà du regard. Les autres, les « mecs lourds » (Natacha Polony) et les machos mériteraient plus souvent des « regards noirs » des hommes qui refusent eux l’usage de l’insulte et des autres violences sexistes. Un engagement masculin est nécessaire contre le machisme.

Christian Delarue

1) Diktat réactionnaire : Femmes, sortez couvertes !

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2902

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/301112/normalisation-du-sexy-controle-des-femmes-et-exclusion-des-bad-wo?