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Nature et tradition : Une indignation morale droitière et conservatrice !

dimanche 16 février 2014, par Amitié entre les peuples

Nature et tradition : Une indignation morale droitière et conservatrice !

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/040214/nature-et-tradition-une-indignation-morale-droitiere-et-conservatrice

La thématique d’extrême-droite « travail, famille, patrie » permet une indignation morale forte, justifiée que par son simplisme, son dogmatisme et une vague référence à la nature ou à la tradition (religieuse souvent). Que la nature ait « bon dos » car largement sociale et historique ou que la tradition soit porteuse d’injustices sociales fortes soit contre les femmes ou les homosexuel(le)s, soit contre les ouvriers et employés, soit encore contre les discriminés de façon raciste ; voilà qui n’est pas objet d’analyses.

Les esprits « moraux » qui s’indignent contre l’assistanat des faibles et contre les « petits travailleurs » ou les travailleurs à « petit calibre » (ceux qui veulent plus de RTT) ou les indignations morales en préservation de la famille « papa-maman » avec mariage et religion et aujourd’hui, en plus, contre « la » « théorie du genre » le fond trop souvent à partir de la nature ou de la tradition et ne vont que très rarement voir sous l’apparence des choses.

Et ce qui ne rentre pas dans la « carte » du monde validée par les religions est dégradé, diminué, dénigré, voir sali, s’il s’agit par exemple d’amours non conformes. Or les études de genre, cherchent via la critique sociologique à montrer des constructions sociales inédites au regard de la biologie, de la génétique, toute chose qui interpèle non pour interdire, stigmatiser, mais pour susciter à minima respect et tolérance.

Dogmes d’en-haut - pensée(s) critique(s) libératrice(s)

Du coup, cette acception dogmatique et acritique de ce qui est - avec les crispations qui surgissent fatalement quand certains questionnent les stéréotypes - débouchent en pratique pour les dominés, les moins « conformes », sur moins d’égalité mais aussi moins de liberté ! Moins de respect et de tolérance aussi . La pensée dogmatique est souvent appui des pratiques autoritaires et dures ! C’est qu’il faut pour eux impérativement respecter les cadres de l’ordre moral traditionnel, celui de la nature ou celui d’une religion. En lien avec la biologie et la génétique.

La véritable critique, loin de la répétition dogmatique, procède pourtant à ce nécessaire dévoilement. Mais ces manifestants ne connaissent pas les termes oppression, exploitation, domination(s) ; il n’y a donc jamais chez eux débat en vue de libérations, d’émancipations, toutes choses qui signifient, à gauche, dynamiques individuelles et sociales vers plus d’égalité, de respect dans la réciprocité, et donc in fine de bien, ce dernier restant indéfini, aléatoire, opposé à « l’ordre moral » conservateur, en général explicité, détaillé en termes de comportements. Les indignations conservatrices et réactionnaires associent volontiers liberté avec hiérarchie et marché. Il s’agit plus pour eux de respecter les représentants du dogme que les humains réels !

Le pire est que, comme employés ou ouvriers, qu’ils peuvent être victimes de ces dogmes. Qu’un cadre supérieur, payé par les puissants pour défendre les puissants, défendent ce fil d’argumentations ne m’étonnera pas mais qu’un modeste employé le fasse me révulse. La bêtise d’en-bas accrochée au « bon sens » fait le jeu de la domination d’en haut ! Contrairement aux affirmations d’ Enthoven (1) je crois qu’il existe des indignations fondées sur un solide esprit critique qui n’en reste pas à la plainte et des indignations conservatrices fondées sur le simple maintien de l’ordre existant et qui sortent rarement de la plainte du « café du commerce » !

 Et puis il y a aussi ces focalisations contre un « bouc émissaire ».

Mais ici il faut dire que haïr des personnes ou des groupes d’individus est à éviter tant qu’il est possible et qu’en lieu et place il est préférable de haïr des processus abstraits : hair la pente oligarchique, hair l’emprise des religions, hair les intégrismes religieux, hair l’injustice sociale, le sexisme et le racisme, hair le sionisme défenseur de l’apartheid israélien, etc...

Voici à ce propos, et dans le même sens, le commentaire de Jean Ziegler, que l’on peut ne pas partager, à propos de la formule de Jean-Paul Sartre qui disait : « Pour aimer les hommes, il faut haïr ce qui les opprime », tout est dans ce « ce ». La réaction n’est pas dirigé contre un groupe d’hommes ou des individus mais contre les mécanismes de l’oppression.

Christian Delarue

Petit complément qui ne concerne pas que la droite mais aussi une certaine gauche : il y a aussi cette confusion fréquente entre relations humaines (choisies) et rapports sociaux ou nous « entrons » nécessairement à un titre ou à un autre pour un temps plus ou moins long. Il ne s’agit pas seulement du rapport capital-travail ni des rapports hommes - femmes, consommateurs - entreprises. Ce peut-être aussi piétons - automobilistes ou contribuables - fisc (et ce dernier est plus complexe qu’il n’est simplement dit), et d’autres encore.

1) lire : Raphaël Enthoven : L’indignation est le prolongement naturel de l’égoïsme - L’EXPRESS

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/l-indignation-est-le-prolongement-naturel-de-l-egoisme_983152.html