Accueil > Entente entre les peuples > Multitude - communauté - peuple - société civile - humanité-classe > Mobiliser avec des mots creux en politique. C Delarue

Mobiliser avec des mots creux en politique. C Delarue

dimanche 9 avril 2017, par Amitié entre les peuples

Mobiliser avec des mots creux en politique

Mobiliser avec des mots creux en politique permet de rassembler largement, mais sur des ambiguïtés voir sur des positions contradictoires . Evoquer la République pour empêcher l’expression de la diversité. Evoquer la République pour tout et rien.

Des extraits d’un texte Urgence démocratique de Pierre DARDOT et Christian LAVAL viendront soutenir ces critiques.

1) Communautariser et amalgamer

Rabattre le « social » - objet clivant - sous le « national » - objet englobant et réunifiant... sauf les résidents étrangers Le FN fait cela mais il n’est pas le seul, loin de là !

Comme le note Laurent Jean-Pierre et d’autres (dont moi depuis longtemps), "la différence entre le « populisme » nationaliste du Front national et le « populisme » revendiqué par Podemos, c’est que le Front national amalgame le sens social (la partie) au sens national (le tout), de manière à imposer une image homogène et unifiée qui rejette les élites hors du corps sain de la nation, du côté de l’étranger, en même temps qu’elle exclut toute opposition de classe interne au « peuple » ainsi magnifié. C’est ce passage de l’opposition interne au peuple comme tout (entre les classes populaires et les élites) à l’opposition externe du peuple pris comme tout à l’« élite cosmopolite » qui caractérise ce type de nationalisme ».

L’urgence démocratique - Page 1 | Mediapart
https://www.mediapart.fr/journal/france/250317/l-urgence-democratique#_ftn3

2) Populisme : lequel ?

Populisme tout seul est un mot creux, fonctionnant comme critique amalgamée de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche . On évoque aussi le populisme d’extrême-centre. Ce mot seul est quasiment vide de contenu explicatif. Il fonctionne plus à l’insulte politique

Populisme ne prend relativement sens qu’avec un complément rapproché : « populisme de gauche » ou « populisme de droite » , ce qui renvoie à d’autres références explicatives.

P Dardot et C Laval expliquent : « L’on est ainsi confronté à cette alternative : ou bien l’on tient à conserver la notion de populisme et l’on renonce alors à expliquer la différence entre « populisme de gauche » et « populisme de droite », en raison de la vacuité de cette notion ; ou bien l’on cherche vraiment à expliquer cette différence, mais il faut alors de toute nécessité introduire des éléments qui ne doivent plus rien à la notion de « populisme », ce qui revient à abandonner tout recours autre que purement verbal à cette notion. »

https://www.mediapart.fr/journal/france/250317/l-urgence-democratique?page_article=2

3) Peuple : lequel ?

Peuple tout seul est très souvent ambigu. S’agit-il du « peuple démocratico-citoyen » (les nationaux ou les résidents de longue durée sur le territoire ? ), du peuple ethno-national ou du peuple-classe (rabattu sur les 99% d’en-bas) opposé à l’oligarchie ? Grosso modo, le populisme de droite s’appuie sur un peuple ethno-national et un populisme de gauche sur un peuple-classe. Ce n’est pas vrai tout le temps.

4) Démocratie : laquelle ?

Pour l’immense majorité des gens de très nombreux pays, la démocratie c’est la « démocratie réellement existante », tout comme le socialisme c’était celui existant en URSS, en Chine, à Cuba et dans d’autres pays à socialisme bureaucratique. D’autres personnes, plus instruites, diront que c’est la « démocratie représentative », ce qui ne change pas grand chose car du fait du silence sur le cumul vertical (2 ou 3 X 5 ans et même beaucoup plus) et le cumul horizontal (siéger ici, et là et ailleurs) on assure la reproduction d’une classe dirigeante politique en surplomb de quasiment tout le reste de la population (grands dirigeants économiques exclus). Bref, la démocratie sans adjectif évoquera partout un système électif de délégués, par des citoyens exclus du pouvoir délibératif et de décision. Beaucoup plus rarement on parlera de tirage au sort (à débattre). On pourrait aussi voter pour des thèmes (le revenu universel ?, quel revenu maximal ?) ou des projets, et non pour des personnes mais c’est là une autre forme de démocratie à développer.

Que disent nos auteurs ? « Si la démocratie représentative doit être critiquée, c’est non parce qu’elle est délibérative, mais au contraire parce qu’elle n’est pas vraiment délibérative : l’oligarchie des représentants ne se constitue que par l’expropriation de la capacité collective de délibération des représentés et la « délibération » est, de ce fait, complètement faussée. »

https://www.mediapart.fr/journal/france/250317/l-urgence-democratique?page_article=3

4) Gauche : laquelle ?

La gauche qui défend la finance (trahison du Bourget) et du coup une politique austéritaire ou une autre gauche, vraiment à gauche, qui défend les droits sociaux et les services publics, le bien commun, l’intérêt général et non l’intérêt des firmes multinationales.

Pour P Dardat et Ch Laval c’est celle qui fait la promotion de l’égalité sociale, encore, toujours et partout : « la lutte séculaire pour l’égalité sociale a été trahie par la gauche de gouvernement, et cette trahison a conduit à la désertion des classes populaires et au succès du néofascisme ». Ceux et celles qui votent Macron doivent savoir ou ce vote conduit.

https://www.mediapart.fr/journal/france/250317/l-urgence-democratique?page_article=5

Christian DELARUE