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Misère du solidarisme et du néosolidarisme - JJ Lakrival

mercredi 27 août 2008, par Amitié entre les peuples

MISERE DU SOLIDARISME ET DU NEOSOLIDARISME

mercredi 25 juin 2008 (00h08) sur Bellaciao

Face à la « casse de l’Etat social » (M Husson) on pourrait penser que l’alternative socialiste est à réhabiliter en même temps qu’un syndicalisme de luttes convergentes. On pourrait penser que le peuple et notamment le salariat a besoin d’une perspective émancipatrice forte pour sortir de l’alternance, pour sortir de l’ultra-libéralisme sarkoziste ou du social-libéralisme du PS. Or on assiste à un retour des demi-mesures qui cachent en fait un accompagnement social et écologique du capitalisme mortifère. C’est le solidarisme qui est réhabilité.

Tout n’y est certes pas mauvais mais d’une part le compte n’y est pas et d’autre part le capital dominant ne s’accommode plus de ces résidus solidaires. Le solidarisme ou le néo-solidarisme cède du terrain face aux logiques d’appropriation privée, de marchandisation et de financiarisation.

A côté de ce retour, la gauche ne devrait donc plus rêver. L’utopie serait dangereuse. Les militants de la gauche à gauche (des trois B : Buffet Bové, Besancenot) se sont attachés dès lors à l’étude de propositions concrètes de transformation sociale que l’on n’annonce surtout pas comme ouvrant vers une autre société. Les très nombreuses propositions des collectifs anti-libéraux n’ont pas eu cette vertu dynamisante. Elles n’ont pas fait rêver. Lier idéal mobilisateur et propositions concrètes c’est pourtant possible ! Lions les propositions de « ruptures franches » (ATTAC) avec le système capitaliste avec la perspective plus lointaine et la mobilisation naîtra.

Examinons le solidarisme et le néo-solidarisme vu par ceux qui le défendent avant de la critiquer.

I - Ce qui ne suffit plus : deux contribution en défense du solidarisme.

A ) Le solidarisme est-il dépassé ? Aloys RIGAUT, 1998

http://aloys.rigaut.free.fr/solidarisme.htm

 Fondements du solidarisme classique : « Tout être humain bénéficie des avantages acquis par les efforts des générations précédentes. Il contracte du même coup des obligations, une dette, envers la société (...) [Mais] certains reçoivent de la société plus qu’ils ne lui apportent, ils ont un compte débiteur au Grand Livre de la société ; d’autres ne reçoivent qu’une faible part des avantages que leur vaudrait un contrat équitable. D’où la nécessité d’une intervention correctrice de l’Etat.* (...) Ainsi se trouvent justifiées les réformes radicales : impôt progressif, lois protectrices des travailleurs, retraites pour les vieux, assurance contre les risques sociaux, gratuité de L’enseignement à tous les degrés. »

 Fondement du néo-solidarisme moderne :
1. Un soutien à la « tertiarisation » qui passe par une revalorisation des emplois dans les services
2. Une Réduction et un Réamènagement du Temps de Travail (les 35h sans réduction de salaires c’est absurde)
3. La promotion concomitante d’une société de loisirs et l’abolition de la valeur travail :
4. Le passage de la notion d’emploi à celle d’activité (le travail est alors conçu comme source d’accomplissement, de lien social et de subsistance)

B) Éléments critiques pour l’émergence d’une nouvelle solidarité

http://www.gauchealternative.org/spip.php?article643

Ici l’auteur (anonyme) forge un néologisme « l’antisme » qui signifie être anti, être contre le libéralisme ou contre le capitalisme afin de proposer de se positionner en positif . Mais il ne s’en tient pas là. Il ajoute et c’est l’intérêt de son texte : « Cet état d’esprit est notamment manifeste dans le substantif « alternative ». Si vous vous reportez à un dictionnaire, en l’occurrence le Robert, vous constaterez que ce terme n’exprime pas le dépassement d’une opposition, mais en réalité un enfermement dans une alternance, idée provenant de la racine latine alter. On reste donc bloqué sur le même plan d’idée, mais dans l’opposition ». Quant aux termes de « collectif » ou de « gauche », ils sont tellement utilisés par tout le monde, qu’ils ne signifient plus grand-chose. À proscrire, donc

Quand même l’alternative globale et de gauche est effacée il ne reste effectivement que le concret ici et maintenant comme solution ; « il nous faut sortir de cette posture protestataire, pour amener du neuf et du concret ».

Néanmoins après analyse - à laquelle je renvoie - l’auteur affirme qu’il nous faut passer d’une solidarité négociée économiquement à un solidarisme fondé ontologiquement, et inscrit en tant que tel dans nos institutions, avec les nouveaux fonctionnements institutionnels qui doivent en découler.

II - Le néosolidarisme à l’agonie

Le solidarisme ou le néosolidarisme ne vie qu’aux marges des rapports sociaux capitalistes. Il n’a pas d’avenir, si ce n’est au PS ou chez les Verts qui lui ajoute l’Economie sociale et solidaire (ESS)

La République solidariste et radicale a été fondée en 1896 par Léon Bourgeois, mais le spectre solidariste plus large doit beaucoup à d’autres grandes figures intellectuelles comme E. Durkheim pour la sociologie, à L.Duguit pour le droit et J.M. Keynes pour l’économie. Ces auteurs chacun dans leur sphère de compétence ont pris conscience des dégâts du capitalisme industriel mais jamais ils n’ont voulu aller vers le socialisme. C’est dans le cadre du capitalisme qu’il voulurent instaurer la République sociale.

Le solidarisme de l’impôt sur le revenu et des services publics du début de XX ème siècle s’est renforcé en prenant une dynamique quasi socialiste en 1947 avec l’institution de la Sécurité sociale et des nationalisations. Aujourd’hui l’Etat social d’après guerre se délite sous les assauts du néolibéralisme mais un néo-solidarisme se maintient en s’appuyant sur l’économie sociale et solidaire (ESS) et un Etat stratège décentralisé.

La République sociale est parvenue, en métropole et tout au long du XX ème siècle jusque vers 1974-78, à un degré de compromis maximal entre le capital et le travail. Depuis il n’y a plus de « grain à moudre ». Avec la mondialisation financière la désaffiliation du salariat protégé et la baisse des salaires sont la règle, le prix à payer pour les surprofits financiers des grands actionnaires.

C’est le chemin vers le socialisme qu’il faut désormais montrer. Il faut réhabiliter l’appropriation publique et sociale ainsi que des services publics dégagés de la logique marchande qui tend à recouvrir l’ensemble de la société tout comme le capitalisme . Avec B Friot il faut retrouver les fondamentaux de la Sécurité sociale et défendre le salaire direct et socialisé.

JJ Lakrival