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Médicaments génériques et labos pharmaceutiques - INDECOSA CGT

vendredi 17 octobre 2014, par Amitié entre les peuples

Médicaments génériques, levier efficace pour la maîtrise des dépenses de santé ou outil de communication pour masquer la réalité ?

Pour maîtriser les dépenses de médicaments remboursables, le gouvernement mise sur la baisse des prix, notamment en renforçant la prescription de génériques en lieu et place des médicaments d’origine (princeps). Cette méthode doit, paraît-il, engendrer 435 millions d’économies à la Sécurité Sociale. Il faut dire que ce prétendu engouement des « patients » pour ces médicaments s’est fait à marche forcée avec la mise en place du « tiers payant contre générique ».

Selon les chiffres officiels, cette mesure aurait permis de faire 1,6 milliards d’économie en 2013. Face à cette situation, les industriels du médicament crient au loup et brandissent la menace de l’atteinte à l’innovation. Au milieu de tout cela, l’usager semble perdu et ne sait qui croire.

Pour INDECOSA-CGT, ce petit jeu du chat et de la souris entre le gouvernement et les patrons du médicament est un moyen « habile » de ne pas parler des véritables enjeux. Si nous voulons réellement faire des économies dans le domaine des médicaments, il est essentiel de revoir tout le mécanisme de la fixation des prix en jouant la carte de la transparence et de la démocratie.

Les larmes de crocodiles des laboratoires pharmaceutiques

Lorsque les industriels parlent de financement de l’innovation, ils oublient un peu vite qu’ils prennent une quote-part pour chaque boîte produite. Ce système est très étrange puisque certains médicaments ne font plus l’objet d’aucun essai clinique depuis plusieurs années. Pour les génériques, c’est encore pire, puisque la molécule n’est plus couverte par aucun brevet. Cette manne financière va s’ajouter au Crédit Impôt Compétitive (CICE) et vous obtenez ainsi un joli trésor de guerre !

Malgré tout, cette manne financière ne profite pas à la recherche. En effet, il y a très peu de progrès thérapeutiques. Selon la revue Prescrire, l’année 2013 est une année de plus sans progrès important apporté par de nouveaux médicaments. Pour la revue, c’est la sixième année consécutive sans avancée significative.

Aujourd’hui, ce sont surtout les médicaments traitant des maladies dites « modernes » comme le cholestérol qui occupent le devant de la scène. Les anticholestérols sont devenus les fers de lance de l’industrie pharmaceutique. Les Statines représentent un marché consi- dérable à travers le monde et le but ultime des laboratoires pharmaceutiques est de les faire prescrire à titre préventif.

Par contre, les laboratoires semblent bien discrets pour aider les populations de l’Ouest de l’Afrique à endiguer la fièvre hémorragique « Ebola ».

La démocratie sanitaire comme levier essentiel

A force de traiter seul avec les laboratoires pharmaceutiques, les pouvoirs publics se sont coupés des usagers et le rapport de force s’est inversé en faveur des multinationales. Aujourd’hui, les grands groupes du médicament font la pluie et le beau temps. Ils sont régulièrement exonérés de taxes, font du chantage à l’emploi en cas de désaccord, orientent les politiques de santé en fonction de leur objectifs et s’exonèrent de toute responsabilité en cas de crise grave.

Le Médiator est l’exemple flagrant de cette dérive. En 2005, la Sécurité Sociale a remboursé plus de 24 millions d’euros pour la prescription d’un médicament qui s’est avéré dangereux pour la santé et dont les effets thérapeutiques étaient discutables. On a prescrit massivement ce médicament comme coupe faim pour accompagner des régimes alimentaire en dehors de l’autorisation de mise sur le marché (AMM). De son côté, l’Etat a laissé faire et a même autorisé la commercialisation de deux générique malgré l’alerte d’Irène Frachon sur les conséquences désastreuse de la prise du médicament de façon prolongée.

La place de l’usager dans notre système de santé a longtemps été sous estimée voire ignorée. Aujourd’hui, il est indispensable de l’associer aux décisions prises notamment dans la fixation des prix des médicaments. Il faut mettre fin à certaines aberrations comme le fait de payer un générique au même prix voire parfois plus cher que le médicament princeps. De plus, la transparence doit être totale et il faut davantage contrôler les informations fournies par les laboratoires pharmaceutiques aussi bien sur le coût réel de production que sur les bénéfices thérapeutiques avancés. Pour la prévention des maladies cardiovascu- laires on a longtemps prescrits des médicaments dont les vertus thérapeutiques étaient proches de l’aspirine mais 25 fois plus cher.

Montreuil, le 16 octobre 2014

INDECOSA-CGT
Association pour l’information et la défense des consommateurs salariés

www.indecosa.cgt.fr