Management viril contre la médiocrité. C Delarue
par
popularité : 1%
Management viril contre la "médiocrité"
Au nom d’un élitisme méritocratique bien institutionnalisé par des
mégastructures très hiérarchisées certaines élites poussent de tous les feux les humains moins compétents, moins qualifiés, plus "médiocres" à s’améliorer, à faire des efforts sur tel ou tel point. Et la liste s’allonge toujours. Les buts de ce progrès ne sont eux jamais définis. Il est pourtant loin d’être évident que les structures de productions privées (et même publiques depuis l’avènement du néolibéralisme) mènent au progrès social et humain. Il y a même de bonnes raisons de penser que ce sont ces structures orientées plus vers le profit que vers la satisfaction des besoins sociaux qui produisent la "mal vie" tant au travail qu’hors travail.
Malgré ce grave défaut, ce sont précisément ces élites très liées aux
affaires du monde, au secteur bancaire, à celui de la finance, à celui
aussi de l’Etat "allégé" qui plaident et qui poussent à grosses voix à
l’intensification du travail, à faire plus que 35 h et le tout pour un
salaire lui "médiocre". On en connaît les résultats. Le "dossier noir du
management" vient d’être publié (Isabelle BOURBOULON). Il est temps de changer.
Un monde de brutes !
Ce management viril est celui des hommes et assez peu celui des femmes. Il n’y a pas que le sexo-séparatisme régnant au cœur des sommets des organisations privées ou publiques qui en est la cause. Il ne faut pas prendre l’effet pour la cause. Pour s’imposer il faut souvent aimer la dureté des rapports de force et savoir faire "le sale boulot" (C Dejours) . Historiquement et socialement cela semble bien - c’est un constat - être le fait des hommes.
Deux nuances importantes sont à noter .
1 - Les femmes aussi peuvent abonder dans le virilisme en général et dans le management viril en particulier. Le modèle "Tchatcher" est parfois plébiscité.
2 - Le virilisme s’attaque aussi aux autres hommes, ceux qui n’apprécient guère la domination masculine. Faut-il préciser que cela ne vise pas que les homosexuels même si ce sont ces derniers qui sont le plus souvent visés.
Pistes pour en finir !
Heureusement, il existe ici ou là des cadres qui sont favorable au
respect de la diversité humaine, et particulièrement ceux et celles
"différents" qui ont eu des parcours difficiles marqués par des
meurtrissures profondes. Ces personnes parfois rebelles contre les
autorités oppressives progressent beaucoup avec des autorités aimantes ou empathiques. Le management viril ne s’embarrasse pas de ces considérations de "fillettes".
Quelques formations sur la dynamique rogérienne (Carl Rogers) ou frommienne (Erich Fromm) pourrait servir à moduler les comportements. Apprendre à distinguer la force et la puissance ainsi que le fait Isabelle Fillozat pourrait aussi être bénéfique. Mais les pesanteurs structurelles incitent à la rechute autoritaire. Les changements doivent aussi intervenir au niveau micro structurel - changer le type d’entreprise (coopérative par exemple) - et
macro structurel - changer lles logiques dominantes : appropriation,
marchandisation, libéralisation, concurrentialisme au profit de la
solidarité et du bien commun. Dans ce cadre les services publics et
l’Etat social seraient plus protecteurs des prolétaires de toutes origines.
Christian Delarue
UL CGT Rennes