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Malgré les souffrances dans le privé, le « sale boulot » arrive dans le public ! C Delarue

samedi 28 novembre 2009, par Amitié entre les peuples

MANAGEMENT

Malgré les souffrances dans le prive le « sale boulot » arrive dans le public !

Initialement c’est une note sur le rapport Difenbacher pour la CE du SNADGI-CGT 35. Je l’ai aménagé et complété ici ou là.

Le contexte 2009 concernant le travail est constitué de suicides, de souffrances sur fond de précarité, de chômage, d’intensification du travail, de salaires à la baisse. Ce contexte salarial n’est pas que français, puisque des auteurs comme Michel Husson ont montré que l’écart salaire-profit n’avait cessé de s’agrandir depuis 20 ans au détriment des salaires ( ). Quand au chômage et à la précarité, nul besoin de longs développements car nombreuses sont les familles qui ont un jeune mais aussi un adulte dans cette situation. C’est dans ce contexte, et à la suite de l’orientation de N Sarkozy en 2007 sur le « travailler plus pour gagner plus » que Michel Diffenbacher, député, rend son rapport en mai 2009 sur « L’interessement dans la fonction publique », dans les trois fonctions publiques en fait.

Les entreprises privées connaissent un système de prime depuis 1959. Ce système s’est perfectionné et a été généralisé, notamment dans les entreprises publiques lorsque les socialistes se mirent à faire l’apologie de l’entreprise au début des années 8O. Avec les primes apparurent les cadences infernales non seulement dans les usines mais aussi dans les bureaux. L’infomatisation a accrue cette intensification. Mais il ne suffisait pas aux entreprises d’accroitre les cadences pour augmenter les profits, il fallait aussi pour satisfaire la clientèle maintenir un travail de qualité. La norme fut donc celle du travail intensif de qualité. Aux managers de trouver le moyen de parvenir à ce niveau d’exigence. La réponse fut un système plus élaboré de primes, avec pour pilier une très forte prime pour celles et ceux qui parviennent à obtenir quantité et qualité.

Voilà ce que M Difenbacher préconise pour les trois FP. On sait pourtant aujourd’hui plus qu’avant l’état de tension généré par ce système très inégalitaire puisque seuls les plus performants reçoivent un gain conséquent. Les sentiments de déclassement des uns sont plus courants et plus vifs d’autant que les effets du surclassement des autres peuvent être insupportables. L’auteur le sait et préconise une phase de transition avec moins d’écart en montant de prime. La somme qu’il propose est de 300 euros dans un premier temps. Ce qui est attendu est que les « rapides » vont se mettre à soigner la qualité et que les « qualitatifs » trop lents vont se mettre à accélérer le pas. Ceux qui n’arriveront pas seront pénalisés car il ne s’agit plus de payer le travail mais la performance. Son rapport précise que ce changement majeur heurte la culture de la FP mais que les mentalités évoluent et que le moment est venu . Effectivement les cadres des trois FP deviennent de plus en plus les laquais du capital. Il deviennent de plus en plus des « exploiteurs » froids et cyniques, les yeux rivés sur les tableaux de statistique... et sur leurs primes. Par contre les personnels de base - C, B, A - sont plus résistants et critiques ainsi que la plupart des syndicats. Pas tous car le passage par la signature des « partenaires sociaux » est préconisé avant le passage au Parlement.

M Difenbacher précise aussi que son projet de réforme ne serait pas contraire au statut de la fonction publique. Pourtant le statut de la FP est fondé sur la qualification - diplôme national -concours catégoriel - formation au poste - et non sur la compétence . La compétence est le fruit de la formation théorique et pratique d’adaptation au poste d’affectation. Ce statut de la FP permettrait donc pareille situation d’arbitraire et d’inégalité ! Pour riposter, M Difenbacher ose citer M Thorez et l’idée de proportionnalité de la rémunération à l’effort. Sans vouloir défendre Thorez il faut souligner l’habileté et même la manipulation . Car l’auteur oublie évidement le cadre statutaire fait du respect des qualifications qui empêche que le plus gradé gagne moins que le moins gradé et le principe qui veut que tout fonctionnaire doit bien vivre de son travail, y compris les moins « performants » . Or il y existe aujourd’hui en France des fonctionnaires pauvres. Longtemps la Grande-Bretagne en a eu la spécificité. C’est fini. En outre, désormais il faut attendre la fin de carrière pour disposer d’un salaire au-dessus du salaire médian. Et le salaire médian est peu élevé. N’oublions pas qu’aujourd’hui l’immense majorité des fonctionnaires sont des prolétaires (1).

Il faut refuser

 Le harcèlement comme méthode managériale de suivi - même poli en la forme - quotidien des objectifs et résultats tant quantitatifs que qualitatifs.

 la dynamique de déclassement-surclassement produite par le système des primes à la performance.

 la baisse généralisée des salaires

Il faut défendre :

 la rémunération du travail ordinaire hors tout référence à la performance

 le système de la qualification

 une nouvelle RTT hebdomadaire en France et en Europe

L’inversion de la dynamique historique de réduction hebdomadaire du temps de travail liée à l’intensification du travail et à la réaction sarkozyste du « travail plus pour gagner plus » produit socialement le surtravail des uns et le chômage des autres. Pour les travailleurs l’intensification produit en outre, hors travail, un penchant fort pour le divertissement le plus plat, par ailleurs totalement contraire à l’investissement citoyen. Le soir, après le travail, les envies de ressortir pour des activités citoyennes sont anéanties et les capacités de lecture sont réduites et même les émissions de télévision ne suivent pas la pente de la qualité. La demande rejoint l’offre sur une base de médiocrité. C’est ainsi que se prépare les régimes fascistes. L’expression paraîtra forte mais un auteur a pu montrer que la propagande abrutissante avait grandement participé à la montée du nazisme.

CD

1) Prolétaires signifie qu’ils épuisent chaque mois leur salaire pour vivre ou faire vivre leur famille. La frontière supérieure du prolétariat dans les pays développés évolue de 2700 euros à 3200 euros selon les conditions de vie. Au-dessus, entre 3000 et 5000 euros par mois, il y a la couche aisée des travailleurs (salariés ou indépendants) ou du petit patronat. Au-dessus des 7000 euros commence la rémunération des dirigeants. Ce n’est plus alors le mois qui est l’unité de « poids » mais l’année. Certains atteignent des niveaux exorbitants qui font d’eux une espèce humaine à la fois très cupide mais aussi très parasitaire. Les parasites d’en-bas font pitié pas ceux d’en-haut. Vers eux ce tourne notre colère revendicative.

Débat sur l’Humanité entre G Tron UMP, J-M Canon UGFF-CGT et Anicet Le Pors Ancien Ministre de la FP.
http://sgpen.cgtnord.free.fr/Binder1.pdf