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MEDIAPART / Des grands travaux routiers de plus en plus inutiles. J Lindgaard

lundi 9 juillet 2012, par Amitié entre les peuples

Des grands travaux routiers de plus en plus inutiles

07 juillet 2012 | Par Jade Lindgaard

Forum NDDL 2012
(un air de Larzac 2003)

En 2007, la préparation du schéma national d’infrastructures de transports (SNIT) avait constitué l’un des gros morceaux du Grenelle de l’environnement : il s’agissait de planifier les grands travaux routiers, ferroviaires, fluviaux…, tout en essayant de limiter la casse (bétonnage, émissions de CO2…). Quatre ans plus tard, ce même SNIT pourrait être drastiquement réduit, potentiellement des deux tiers, pour cause d’endettement et de pénurie d’argent public. Ce n’est pour l’instant qu’un scénario à l’étude mais il est révélateur d’un changement d’époque : le temps des grands travaux d’infrastructures routières semble de plus en plus révolu.

Ce week-end s’ouvre à Notre-Dame-des-Landes, terre de résistance au projet du nouvel aéroport nantais (voir ici et ici), un « forum européen contre les grands projets inutiles imposés ». Il donne suite à un premier rassemblement tenu l’année dernière en Italie, à Veneaus. Sont attendus les opposants à Stuttgart 21, projet de réorganisation du nœud ferroviaire de la ville allemande passant par la construction de lignes à grande vitesse, mais aussi les « no TAV », mouvement de la vallée de Suse qui rejette la nouvelle ligne de TGV entre Lyon et Turin, et leur pendant florentin refusant l’extension de la voie jusqu’à Florence, sans oublier les « Stop HS2 », qui militent contre le projet de train à grande vitesse entre Londres et Birmingham. Ou encore le collectif pour la défense du plateau de Saclay et les anti-Grand Paris.

Ce rassemblement veut dénoncer « partout en Europe, des projets pharaoniques, dépassés, dévoreurs de biodiversité, de terres agricoles et de subventions publiques, et ne répondant pas à de réels besoins des populations mais à ceux d’un système productiviste », déclarent les soutiens français (Agir pour l’environnement, Amis de la Terre, Attac, Relocalisons, Sortir du nucléaire…).

S’ils ciblent particulièrement les transports, c’est parce que « c’est le problème le plus apparent, commun à plusieurs territoires et moins ponctuel que d’autres projets mégalos », explique Michel Dubromel, de France Nature Environnement (FNE). Parmi les « éléphants blancs » dans la ligne de mire des écolos, figure notamment le grand stade de Lyon.

Dans une déclaration inédite, commune à la CFDT (à lire ici), FNE demande au gouvernement de justifier la nouvelle ligne à grande vitesse Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon (dite « POCL »). Ce n’est pas une opposition de principe au projet, mais la tonalité du communiqué est très critique, au nom du coût des travaux, du risque d’assèchement des lignes locales et des impacts environnementaux négatifs. Alors qu’historiquement, la fédération avait toujours défendu le train contre les autoroutes, elle se montre de plus en plus réservée sur les nouvelles lignes de LGV.

« Il y a une posture mythologique sur les grandes infrastructrures de transport : les élus pensent qu’elles vont leur apporter du développement alors que le coût d’opportunité est en réalité gigantesque, analyse Julien Milanesi, économiste et l’un des animateurs du collectif d’opposants à l’A65 entre Pau et Bordeaux (voir ici), ces travaux cannibalisent l’argent public alors que les besoins de la France sont saturés. » Depuis 2002, la circulation des voitures particulières stagne en effet en France, comme on le voit sur le graphique ci-dessous, alors que le transport routier de marchandises est lui en baisse nette depuis 2007.

la suite sur :
http://www.mediapart.fr/journal/france/060712/des-grands-travaux-routiers-de-plus-en-plus-inutiles