Liberté d’expression empêchée : Le gouvernement français assassine Samuel Paty une seconde fois

mercredi 18 octobre 2023
par  Amitié entre les peuples
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Le gouvernement français assassine Samuel Paty une seconde fois et nourrit le terrorisme.

Samuel Paty a été assassiné car il avait expliqué à ses élèves combien la liberté d’expression – sur tous les sujets – était nécessaire dans une société démocratique : elle permet à chacun de se forger son opinion après avoir pris connaissance des arguments des uns et des autres. Se faisant, elle permet à chacun de mieux connaître l’autre, de comprendre les raisons de son opinion ; elle est indispensable au vivre ensemble de citoyens qui sont tous différents.
L’absence de liberté d’expression, d’opinion ou de critique est le signe des sociétés liberticides ou dictatoriales, où la voix du maitre est la seule admise.
En cet anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty, les autorités gouvernementales et tous les médias ont bien évidemment loué cette liberté d’expression et de critique, et on ne peut que s’en réjouir. Mais en même temps, ces mêmes autorités ont réprimé sauvagement les citoyens qui manifestaient leur refus de la réforme des retraites, répression condamnée à de multiples reprises par différentes organisations internationales car contraire aux engagements de la France. Et, triste cerise sur ce gâteau pourri, voici que ces autorités ont voulu interdire toute manifestation de soutien à un peuple opprimé, dépossédé, colonisé, humilié depuis des décennies. Des centaines de passants arborant un simple signe en faveur des droits des Palestiniens se sont fait verbaliser. En clair, le soutien au peuple palestinien est interdit en France. Des responsables politiques qui expliquent que telle ou telle organisation palestinienne est un mouvement de résistance du peuple – le Hamas est effectivement un mouvement qui résiste à l’occupation du territoire palestinien par Israël – sans aucunement approuver leurs méthodes sont poursuivis pour apologie du terrorisme. Et la plupart des grands médias suivent le mouvement, sans le moindre esprit critique.

Le gouvernement français interdit donc l’expression d’opinions et même de faits indiscutables, en complète contradiction de ses vertueuses indignations contre ceux qui refusent la liberté d’expression. C’est bien un second assassinat de Samuel Paty et de son combat pour la liberté.

Comment ne pas voir l’effet sur les jeunes citoyens se sentant solidaires des Palestiniens de ces actes totalement contraires aux valeurs prétendument défendues par le gouvernement ? Comment ne pas voir que ce double langage rend totalement inaudible la défense de la République, de ses valeurs, de la laïcité, ou plutôt transforme ces valeurs et ces principes en une vaste hypocrisie ? Comment ne pas voir que cela donne d’excellents arguments à ceux qui refusent ces valeurs et ces principes, et nourrit l’adhésion de nombreux jeunes aux mouvements islamistes voire djihadistes ? Et comment ne pas voir que cela précipite le rejet de France dans nombre de pays et notamment dans les anciennes colonies françaises ?

Il ne peut y avoir de démocratie sans liberté d’opinion, de réunion et de manifestation. La démocratie a besoin de l’autre, de la conflictualité pour faire fonctionner l’intelligence collective et parvenir à des solutions qui ne peuvent être trouvées que parce que nous acceptons pleinement l’expression de nos différences. Ceux qui s’opposent à cette liberté, qui la grignotent et la répriment, tout en se disant apôtres de la liberté sont d’une part les artisans de la dictature et d’autre part nourrissent d’autres extrémismes et d’autres refus de la liberté. À l’opposé d’une société apaisée où chacun exprime sa différence pour arriver à un vision commune largement partagée, la répression des libertés nourrit d’autres extrémismes, enclenchant le cercle vicieux du refus de l’altérité, de la violence et finalement du chaos.

C’est le chemin pris par le gouvernement français, la droite et l’extrême droite en France, en Israël et ailleurs. C’est le chemin de la guerre.

de Robert Joumard

Texte discuté sur la liste de la commission démocratie
Christian Delarue a d’ailleurs commenté une phrase sur son blog mediapart