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Les usages du peuple-classe. C Delarue

lundi 5 septembre 2011, par Amitié entre les peuples

Les usages du peuple-classe.

J’en vois quatre. Les trois derniers peuvent se compléter.

1) Le peuple-classe lié au peuple juif.

C’est un usage très particulier qui a été fait de cette notion par Abraham LEON. On ne peut que renvoyer aux conceptions de l’auteur.

2) Le peuple-classe comme catégorie d’étude du populisme parmi d’autres.

C’est dans « Par le peuple et pour le peuple » de Yves MENY et Yves SUREL (aux Ed Fayard Coll L’Espace du politique 2000) Les auteurs font état de trois sortes de sous catégorie du « peuple » générique dans leur étude sur le populisme : peuple souverain, peuple nation, peuple-classe. Le peuple-classe n’a pas ici un sens altermondialiste. Il est la composante socio-économique du peuple qui perdure avec et sous l’avènement du peuple souverain de la Révolution et de la République.

3) Le peuple-classe pour une gauche de gauche en Europe.

Après le Non au TCE en France en 2005, la question du social et du démocratique est apparue plus liée que jamais. Il est possible de penser la fécondation du démocratique par le social et donc d’articuler la rue et les urnes, le peuple souverain et le peuple-classe. Il revient aux partis de gauche en lien avec le mouvement social d’unir ce peuple-classe et de réussir le passage délicat qui va des mobilisations aux élections démocratiques.

Un peuple-classe montre par vocation naturelle une opposition à une classe dominante ou à une oligarchie financière dans chaque pays. Mais cette vocation a toujours besoin d’être activée par un travail spécifique de mobilisation dans le respect de la diversité interne. La domination de classe n’est pas la seule domination observable.

Notamment, le peuple-classe comprend le petit capital mais pas le grand. Cela ne constitue pas nécessairement un problème pour les syndicats qui entendent ajouter des revendications plus spécifique aux travailleurs salariés. Le peuple-classe peut exiger des TTF, un pôle public bancaire et même des nationalisations de banques mais pas plus de RTT, plus de salaires, ou moins d’intensification du travail. Cet ajout revendicatif reste possible. C’est selon le contexte et selon le type d’organisation qui se pose la question.

4) Le peuple-classe comme base sociale de l’altermondialisme.

 Les peuples-classe du monde ensemble contre les directoires du monde !

Ils s’opposent aux G7 et G20 ainsi qu’au FMI et à la BM ou à l’OTAN.

Certaines classes dominantes peuvent se joindre à ce refus anti G7 afin de participer à un G 20 à peine moins illégitime. Ici peuple-classe et peuple-nation peuvent se compléter dans un même refus. En ce cas on n’a pas nécessairement à « oublier » le peuple-classe au profit du peuple nation.

 Peuples-classe solidaires transversalement !

Le peuple-classe est potentiellement en lutte transversale à chaque pays car l’ennemi est - aussi - intérieur et en en-haut. L’assiette territoriale est certes nationale au départ car lié aux règles d’un Etat mais il est à vocation transnationale par solidarité et par les revendications que chacun peut porter. Il y a des points commun malgré des différences. Cela se voit dans les forum altermondialistes.

La notion permet de penser la solidarité entre les peuples-classes de tous les pays contre toutes les classes dominantes qui sont elles-mêmes solidaires entre elles malgré les concurrences. On se place ici dans le cadre de la formule : « Il y a du nord au sud et du sud au nord » qui signifie que la domination entre Etats ou bloc d’Etat est toujours in fine transversale. Cela signifie aussi qu’il y a toujours une classe dominante nationale ou compradores même dans les pays dominés par l’impérialisme. Mais l’usage de la notion de peuple-classe n’empêche pas l’usage de celle de peuple démocratique souverain. L’une et l’autre peuvent se combiner pour mener une lutte de libération. Une référence culturelle partagée peut aussi s’y ajouter pour peu que des revendications sociales viennent montrer que le peuple-classe n’est pas dupe d’une éventuelle instrumentalisation de la référence ethnique ou culturelle par la nouvelle classe dominante montante.

Enfin, la référence au peuple-classe n’empêche pas des adaptations pour penser la solidarité avec des Nations révolutionnaires. Ainsi, des débats en ce sens se sont engagés dans l’altermondialisme à propos de trois Etats d’Amérique latine.

Christian DELARUE