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Les socialistes ne veulent plus régulariser les sans-papiers

mardi 9 septembre 2008, par Amitié entre les peuples

Les socialistes ne veulent plus régulariser les sans-papiers

Les dirigeants socialistes sont d’accord sur un point, au moins : la question de l’immigration sera l’un des principaux enjeux des années à venir. Un point “clivant” avec la droite, souligne Marylise Lebranchu dans sa contribution, “l’une des questions les plus sensibles à aborder pour les socialistes”, dit le texte de Bertrand Delanoë et ses amis.

Les dirigeants du PS ont critiqué les testes ADN, l’augmentation de la durée de rétention, ont voté contre la dernière loi Hortefeux. Et soutiennent, de manière ponctuelle, les actions du réseau éducation sans frontières (RESF). Mais que feront les socialistes, de retour au pouvoir ?

Dans leurs contributions au congrès de Reims, les dirigeants du PS esquissent leur politique migratoire, qu’ils souhaitent contraire à celle de Nicolas Sarkozy. Mais d’emblée, un constat s’impose : aucun ne revendique le bilan du gouvernement Jospin - les dizaines de milliers de régularisations Chevènement. Pas même la contribution de Bertrand Delanoë, pourtant signée par Lionel Jospin lui-même.

La “ligne claire”, contribution des “barons régionaux” Gérard Collomb et Jean-Noël Guérini va plus loin : “Parler seulement de régularisation est dépassé car ce ne serait pas parler de l’avenir, mais seulement évoquer nos échecs d’hier.”

En réalité, seule la gauche du parti est favorable à une régularisation des sans-papiers, comme l’était le programme législatif de Lionel Jospin en 1997 : Benoît Hamon et Henri Emmanuelli défendent la “régularisation de tous les sans-papiers travaillant sur le territoire français ainsi que des enfants déjà inscrits dans nos établissements ainsi que leur familles”. Tout comme Marc Dolez et Gérard Filoche .

Ségolène Royal centre son discours sur l’aspect économique des migrations. Contrairement à quasiment tous les dirigeants socialistes, elle critique les pays qui ont opté pour des régularisations collectives, comme l’Espagne et l’Italie. Et cite en exemple le Royaume-Uni où “le ministère de l’intérieur répond en quinze jours aux dossiers des entreprises” qui ont des besoins de main d’oeuvre.

Sans aborder les dispositifs de lutte contre l’immigration illégale, elle propose : la création d’un visa pour les emplois saisonniers (François Hollande fait une proposition similaire), un meilleur accueil des étudiants étrangers, et le fait de subordonner les aides aux secteurs qui emploient des sans-papiers à un engagement de moralisation des pratiques. Enfin, les cas de travailleurs sans-papiers seront réglés aux cas par cas “avec des critères clairs tels que l’existence d’un contrat de travail et le paiement d’impôts.”

Bertrand Delanoë est plus affirmatif : le maire de Paris estime, après avoir loué l’action du Réseau éducation sans frontières, que “chacun, sur le territoire de la République, doit avoir le droit à une vie familiale normale”.”Il nous faudra aussi engager une politique mesurée et maîtrisée de régularisations sur des critères justes et clairs”, écrit-il, sans pour autant détailler. Martine Aubry va globalement dans le même sens, même si elle est plus sévère avec la politique de Nicolas Sarkozy. Et demande la mise en place d’une politique de régularisation ouverte, reconnaissant ceux qui sont ici depuis longtemps et “qui font la preuve de leur insertion”.

Laurent Fabius et Pierre Moscovici ne font qu’effleurer la question, sans propositions concrètes. Et la “Ligne claire” veut mettre en place une administration spécifique des migrations, avec “un ministère des migrations”, dont les contours ressemblent à ceux du ministère de Brice Hortefeux, mais qui sera “désempêtré de ses questions d’identité”.

A la lecture de ces textes, qui ne sont que des ébauches d’orientation politique, subsiste un doute : mis à part l’approche qui se veut globalement plus “humaine” et plus “juste”, le fond n’est finalement pas si “clivant” que ça avec la politique migratoire actuelle. Régularisations de travailleurs aux cas par cas, signature d’accords avec les pays en développement, visa pour les saisonniers.

En tout état de cause, ces propositions sont en retrait par rapport à la proposition 100 du Pacte présidentiel de Ségolène Royal :“Régulariser les sans papiers à partir de critères fondés sur la durée de présence en France, la scolarisation des enfants et la possession ou la promesse d’un contrat de travail.”

Nabil Wakim