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Les injonctions ambiguës de l’appel antiproductiviste adressé aux syndicats et à la CES. C Delarue

vendredi 15 octobre 2010, par Amitié entre les peuples

Les injonctions ambiguës de l’appel antiproductiviste adressé aux syndicats et à la CES.

L’appel antiproductiviste est ici : http://www.partipourladecroissance.net/

La critique du productivisme nécessite un peu de pédagogie . Elle est concevable lorsqu’elle porte contre les capitalistes, entendez le patronat privé (du CAC 40 ou non ) obsédé de produire toujours plus pour le profit. Mais elle semble « jaune » (traitre) lorsqu’elle porte contre ceux d’en-bas.

Dans cet appel on ne trouve pas la défense de la production non marchande donc celle des services publics. C’était pourtant une bonne occasion d’y placer un paragraphe. Les décroissantistes préfèrent il est vrai l’ESS (ESS = économie sociale et solidaire) à laquelle ils prêtent des vertus exagérées. Ils sont loin de faire les critiques d’AMK dans On ne sort pas du capitalisme avec l’ESS !

Dans cet appel on y trouve la nécessaire référence à la RTT mais sans développement alors que c’est un axe important contre le capitalisme productivisme. C’est une revendication qui combine émancipation sociale et transformation sociale et politique des institutions. Elle ouvre de façon réaliste vers une autre société. Malgré ces qualités on ne trouve que le slogan sec de développement.

De même on trouve des injonctions à aller vers le « vivre mieux » et non vers le « toujours plus » mais qui sont dépourvues de nuances et de précisions. Cela donne une position interclassiste et surtout très manichéenne pour un tel appel. On fait comme si ces deux registres ne devaient pas se combiner pour certaines couches de la population. Et ce alors que ce texte s’adresse tout particulièrement aux travailleurs salariés du privé et du public y compris certes les cadres supérieurs mais pas aux capitalistes et aux grands possédants. Distinguons donc.

* Pour l’essentiel cet appel s’adresse à la masse du monde du travail qui vit ici avec moins de 3000 euros par mois . Il s’adresse donc aux prolétaires, à tous ceux qui épuisent leur salaire dans le mois. Dans le lot certains qui gagnent mieux en fin de carrière qu’au début ( s’ils ne tombent pas dans le chômage) ont des capacités d’épargne. Et alors ? Il s’agit d’une petite épargne longuement accumulée et bien nécessaire pour acheter son appartement à un certain âge de la vie. A moins que tous doivent rester locataire dans des appartements étroits. Bref cela est très agaçant !

* Passons à l’encadrement supérieur qui est certes dans le profil du « toujours plus » alors qu’il dispose largement du nécessaire pour vivre. Il ne faut pas fuir ce point mais pourtant auparavant il importe toujours de commencer par critiquer le partage central entre profits et salaires. Cela n’est pas noté dans cet appel alors que c’est un point central pour pouvoir aller plus loin.

Aller plus loin c’est ouvrir des questions nouvelles sur un terrain incertain. Pourquoi ne pas proposer de façon transitoire de brider la progression des revenus au-dessus de 5000 euros par mois et ce pour le privé et le public ? Il s’agit non pas d’effacer la hiérarchie des salaires au-dessus de ce montant mais de réduire l’importance des écarts à chaque promotion de grade. Reste à trouver alors le meilleur moyen technique et politique pour y arriver. Faut-il promouvoir ensuite, après la période transitoire, une grille de carrière allant du simple au double salarial à partir d’une base d’entrée resserrée disons du SMIC à 1700 euros ? Ce qui donne 2600 à 3400 euros par mois en fin de carrière. L’idée ne sera crédible qu’après la période transitoire de limitation de la montée des sursalaires au-dessus de 5000 euros net par mois. Pourquoi n’avoir pas proposer ensuite à partir de l’idée de carrière « au double » un bouclier social à 3000 euros net par mois avec la promotion conjointe du « vivre bien » avec une RTT. Place à l’éducation des enfants, au sport, à l’amour aussi.

Christian DELARUE

http://www.partipourladecroissance.net/wp-content/uploads/2010/09/Appel-antiproductiviste-syndicats-29-sept2010.pdf