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Les frères musulmans visent le Tamkine - Mohamed Louizi

dimanche 10 avril 2016, par Amitié entre les peuples

Les frères musulmans visent le Tamkine

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Avant-propos :

En décembre 2015, suite à la réception des preuves de mon essai autobiographique, un grand titre de la presse écrite, situé plutôt à gauche, m’a proposé un entretien. J’ai répondu aux questions de la journaliste qui a lu mon essai. L’entretien devait paraître à la dernière semaine du mois de décembre, mais il n’a jamais été publié. Quelques jours plus tard, j’ai appris qu’il ne le sera pas. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ensuite, deux journalistes du même titre s’occupant du site internet, m’ont demandé de rédiger une tribune au sujet de mon essai : Faire l’auto-promotion de mon propre essai. J’ai accepté l’idée bien que étrange. J’ai écrit une première version que l’on m’a demandé de personnaliser davantage. J’ai donc rajouter deux paragraphes plus personnelles.

Les jours passaient. Deux semaines plus tard, j’ai relancé pour savoir quand est-ce que celle-ci allait être visible, j’ai appris que bien que ce soit la rédaction qui me demandait d’écrire une tribune, dont je suis presque le seul responsable, cette tribune ne sera pas publiée. Un coup de fil téléphonique de la part d’un adjoint de la rédaction me confirma que cette tribune ne peut être publiée en l’état (!) et que je suis invité à rédiger, si possible, une autre tribune plus personnelle et plus intime ! Ma petite personne n’a jamais été le sujet. Le sujet principal est évidemment ailleurs. Que la rédaction ait des « impératifs », je peux le comprendre difficilement. Mais que je me prête au jeu de parler du beau temps et des papillons, cela ne me ressemble pas. Je publie donc cette tribune synthétique ici et aujourd’hui seulement. Toute personne souhaitant la republier ailleurs, en l’état et sans modification, est autorisée à le faire avec mes remerciements !

Je me cite :
L’an « un » après Charlie, la crise est toujours là. La terreur et les frères musulmans aussi. L’unité nationale ? Elle vient et puis s’en va. Triste chant du cygne ? Je ne l’espère pas. Marianne a désormais peur d’elle-même. Elle ne se comprend plus. Elle doute. Elle s’interroge. Elle pose, peut-être, les bonnes questions, mais elle ne parvient pas, pour diverses raisons, à trouver son chemin, son salut durable. Elle demeure confuse, hésitante et embarrassée. Pour les uns, elle capitule. Pour d’autres, elle s’acharne. Autant d’enfumage, autant d’épouvantails agités à l’horizon. Ma religion en fait partie.

En effet, la question passionnée sur l’islam clive toujours. Marianne croit offrir une place honorable à l’islam, elle cède du terrain à l’islamisme. Elle quitte des quartiers, l’islamisme s’y installe. Elle autorise des mosquées, l’islamisme s’y propage. Elle finance des écoles, l’islamisme y endoctrine sa relève. L’islamisme avance. Marianne recule. Il sait se plaindre, en victime coutumière. Elle lui octroie davantage de pouvoir. Lorsque Marianne dit la Constitution, rappelle le cadre laïc de la loi républicaine, l’islamisme crie à l’islamophobie. Entre « islam » et « islamisme », pauvre Marianne perd vraiment son … français
.
La lutte contre le terrorisme wahhabite et la radicalisation islamiste est presque sur toute les lèvres. L’on devrait s’en réjouir. Mais, force est de constater que cette lutte ne vise qu’une partie du spectre islamiste français et, de fait, épargne une autre partie autant efficace que dangereuse : les Frères Musulmans, représentée principalement par l’union des organisations islamiques de France (UOIF). Pis, ceux-là poursuivent, au vu et au su de Marianne, leur stratégie d’islamisation de la société, par étapes et par étages, aidés de l’argent du pétrole, des deniers publics et des complaisances de nombreux acteurs. Mais que visent ces islamistes très habiles ?

Avant de donner des éléments de réponse, je précise que ni l’islamisme ni les frères musulmans ne me sont étrangers. Élevé dans une famille qui fut très marquée par le salafisme et l’idéologie frériste, jusqu’au milieu des années 90, j’ai intégré les cercles éducatifs de mouvements islamistes marocains en 1991. J’étais en 6e. J’avais 13 ans. Depuis, et durant une quinzaine d’années, après avoir acquis les standards idéologiques, et juré fidélité et allégeance, je suis devenu très vite un vecteur de diffusion de l’islamisme dans les milieux scolaires et universitaires au Maroc. J’ai participé aux premières élections législatives du Parti Justice et Développement (PJD) en 1997. Ce même parti qui est à la tête du gouvernement marocain depuis 2012.

A mon arrivée en France en 1999, j’ai rejoints le Tanzim international des frères musulmans, sous la bannière de l’UOIF. J’ai occupé plusieurs postes de responsabilité et suis devenu président des Étudiants Musulmans de France à Lille et membre des instances nationales de ce syndicat confessionnel. Localement, en métropole lilloise, j’ai cumulé plusieurs responsabilités, à la mosquée de Villeneuve d’Ascq et à la mosquée de Lille-Sud qui sont, toutes les deux, dominées, gérées et influencées par les frères musulmans.
En 2006, à mes 28 ans, acquis à la cause humaniste de la non-violence et de la nécessaire réforme de l’islam, j’ai décidé de tourner la page de l’islamisme après avoir vécu, de l’intérieur, ses dérives sectaires et violentes. Je suis arrivé à la conclusion que les frères musulmans représentent un réel danger. Si toute personne, dotée d’une intelligence non frelatée, considère le progrès tel un idéal à construire, en marchant ensemble en direction de l’avenir. L’islamisme, lui, de part son identité salafiste, préfère marcher en reculant, en direction d’un passé bédouin figé à reproduire à l’identique, en écrasant sans scrupule les acquis de la modernité et des libertés fondamentales. 15 ans d’activisme islamiste pour comprendre enfin un projet dévoyant une foi et son récit historique pour imposer une loi et ses terreurs. Un projet se servant des moyens de la démocratie pour soumettre la République. Une idéologie affichant un sourire de façade mais ne reniant jamais son emblème mythique : Deux sabres croisés en-dessous d’un Coran et au-dessus d’un mot d’ordre : « Et préparez ! » extrait du verset 60 de la sourate « Le butin » : « Et préparez pour lutter contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre » !

Depuis la création de la mouvance en 1928, par Hassan Al-Banna, le but ultime est de rétablir le califat islamique. Un cadre politique et institutionnel où doit régner le pouvoir suprême de la loi de Dieu, telle qu’elle est comprise par les frères. Dans l’idéologie de la mouvance, cela s’appelle la « Hakimiyyah ». Ainsi, les frères sont convaincus que la loi de Dieu doit atteindre, tôt ou tard, la suprématie et l’hégémonie sur la loi des Hommes. Dieu doit gouverner totalement la société. Dans cet état islamique rêvé, c’est Dieu qui est l’unique Législateur. La « Hakimiyyah » se doit d’être observée sur le plan individuel comme sur le plan collectif, institutionnel et étatique.

Pour y arriver, les frères musulmans déploient des plans stratégiques secrets et ô combien efficaces. En 1992, la police égyptienne avait mis la main sur un plan secret, chez un frère cadre. Vingt ans plus tard, en 2012, le frère Mohamed Morsi était élu président après la chute d’ Hosni Moubarak. Ce plan-guide décrivait comment la mouvance islamiste comptait, dans le secret total, préparer son ascension vers le pouvoir suprême à travers la constitution d’un réseau hyper vaste et hyper structuré, au sein de la société égyptienne. Un réseau constitué de nombreux établissements indépendants les uns des autres, mais très communicants : des banques, des sociétés d’investissement, des crèches, des écoles, des universités, des centres hospitaliers, etc. Tous ces établissements, précise le document, devraient servir de moyens de diffusion de l’idéologie des frères musulmans, et à tous les niveaux de la société égyptienne, en attendant l’avènement du jour tant attendu : l’assaut du palais présidentiel.

Aussi, ce document secret préconisait de mieux s’organiser, en interne, d’un point de vue institutionnel ; de privilégier l’éducation des jeunes et la formation des prochains cadres élites de la mouvance ; d’établir des alliances pragmatiques avec des partis politiques, pour pouvoir, par la suite, gagner en influence, petit à petit, au parlement, dans les collectivités territoriales, les syndicats, les médias, les instances judiciaires, l’armée, la police, les associations d’étudiants, auprès des hommes d’affaires et au sein des couches populaires.

Ce plan porte un nom : le plan Tamkine. Mais que veut dire ce concept ? Dans la littérature idéologique de la mouvance, le Tamkine désigne l’ultime étape de toutes les actions islamistes de la mouvance. Le but de la prise du pouvoir politique pour que la « Hakimiyyah » soit. Partout où les frères se trouvent. Une étape caractérisée par l’état de domination politique totale de l’islam des frères sur tous les autres islams et sur toutes les autres religions. L’état de triomphe et de possession, sans partage, du pouvoir politique, pour qu’enfin cet islam salafiste, sunnite, conquérant, jihadiste, du haut de sa grandeur supposée, domine les cœurs, subordonne les intelligences, conquiert des territoires, efface la diversité et organise la société, selon la loi de Dieu et la tradition du prophète.

Trois étapes avant l’assaut final : D’abord, une diffusion de l’islamisme sous couvert de l’islam, s’adressant au large public, sans distinctions. Ensuite, une sélection des individus à endoctriner, parmi ce large public, qui porteront et transmettront le message islamiste, là où ils sont dans la société, en infiltrant les différentes sphères du pouvoir. Puis une troisième étape intermédiaire d’autoévaluation, visant à corriger les écarts, à affronter les faiblesses quantitatives et qualitatives constatées et à combler toutes les lacunes, à tous les niveaux et dans tous les domaines. L’objectif est que l’organisation ait une armée de religieux dissimulés, fréquentables, très respectueux par ailleurs de la lettre et de l’esprit de la loi islamique, et qui soient, en plus, très spécialisés dans tous les domaines de la vie sociale, économique, politique et autres. Le Tamkine représente alors l’aboutissement lointain de ce processus stratégique mené minutieusement par une minorité d’islamistes, en instrumentalisant, au passage, les moyens et les établissements de la communauté de foi musulmane à des fins politiques que ne partagent évidemment pas la majorité des citoyens français musulmans.

Des documents secrets, dévoilés dans mon essai Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans, retour éclairé vers un islam apolitique, démontrent que l’UOIF et ses satellites poursuivent la stratégie Tamkine à l’échelle nationale et locale. La diffusion de l’islamisme se fait dans le cadre de toutes les mosquées que dominent les frères dans les différentes régions. La sélection de la jeunesse et l’endoctrinement de l’élite islamiste de demain se passent, en partie, au sein de nombreuses associations culturelles. Toutefois, le lieu privilégié pour l’islamisation reste l’école coranique et d’apprentissage de la langue arabe ainsi que dans les établissements scolaires, gérés par la fédération nationale de l’enseignement privé musulman (FNEM), annexée à l’UOIF.

Dans un rapport interne, l’actuel président de l’UOIF dit au sujet de l’école coranique : « Cette institution doit être une de nos préoccupations majeures. Elle est l’un des lieux de renouvellement de notre potentiel humain. Elle est le terrain de culture de nos idées et de notre pensée. Elle est l’institution qui héritera de nos acquis pour en faire un avenir meilleur. » Ainsi, des enfants de 5 à 15 ans sont considérés comme terrain de culture de l’idéologie islamiste d’Hassan Al-Banna.

Dans un autre document, en langue arabe, destiné aux riches donateurs des pays du Golfe, l’équipe de gestion du Lycée Averroès précise que l’un des objectifs, jamais avoué publiquement, de cet établissement privé sous contrat d’association avec l’Etat, est de : « former et préparer une élite, choisie parmi les enfants de la communauté musulmane, pour qu’elle puisse occuper des postes sensibles au sein de la société française comme : l’ordre des avocats, l’enseignement supérieur, la médecine, les médias, etc. ». L’idée d’infiltrer les différentes sphères du pouvoir français est dans toutes les têtes islamistes. Je me souviens de la déclaration d’un frère qui disait, je cite : « En vue des prochaines élections présidentielles, parlementaires et municipales, il va falloir sélectionner et préparer une élite qui s’occupera de l’action politique. Il faudrait intégrer les partis politiques pour les influencer de l’intérieur » !

La marche du Tamkine, à la française, avance à son rythme, mais elle avance tout de même. Les marcheurs chantent en chœur la devise officielle des frères musulmans : « Allah est notre ultime but. Le Messager est notre exemple et guide. Le Coran est notre constitution. Le jihad est notre voie. Mourir dans le sentier d’Allah est notre plus grand espoir. »Au début des années 2000, il y avait seulement une école privée musulmane en France. En 2015, la FNEM dénombre 35 établissements. La presse révèle la création d’une cinquantaine d’autres établissements. En 15 ans, on est passé d’un seul établissement à plus de 80, qui sont, soit en phase projet, soit en cours d’exploitation très islamiste, dopée par l’argent de la Qatar Charity mais aussi par quelques dizaines de millions d’euros puisées de l’argent du contribuable français, c’est un comble !

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