Les facettes du refus du "campisme géopolitique". C Delarue
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Les facettes du refus du "campisme géopolitique".
Le campisme divisait et divise encore le monde en deux camps opposés.
Jadis :
Le terme "campisme" et "refus du campisme" provient du mouvement trotskyste de jadis et signifiait affrontement bloc contre bloc ou logique de camp sans critique interne possible . Ils disaient : ni Est ni Ouest (en affrontement camp contre camp), mais autre chose ; "ni stalinisme ni capitalisme". mais socialisme authentique.
Les groupes trotskystes, au-delà des différences d’interprétation entre différents groupes, se distinguaient
d’une part du PCF de l’époque (avant 89-91) et d’autres groupes politiques (maoïstes ) qui défendaient de façon a-critique soit l’URSS soit d’autres pays ayant adoptés une forme de stalinisme, de "socialisme" autoritaire et bureaucratisé : Chine pour les maoistes, etc.
et
d’autre part des sociaux-démocrates qui défendaient l’Ouest et le capitalisme , capitalisme dur ou capitalisme social (capitalisme bridé par l’Etat social).
Après la période de la "chute du mur" (1989 - 1991) et de la transition vers le capitalisme (pendant la décennie suivante), le terme a pris un autre sens.
Aujourd’hui,
Le refus du campisme prend d’autres formes.
1) Ce refus signifie d’emblée "ni Occident, ni Orient" ou ni Nord ni Sud
D’abord cette coupure est largement idéologique dans plusieurs domaines. Elle fait l’impasse sur le classisme, c’est à dire sur les profonds clivages internes qui opposent les oligarchies du Nord (comme celles du Sud) contre leur peuples-classe.
Ensuite si le soutien et la solidarité doivent aller nettement aux peuples opprimés du Sud ou d’Orient, il ne s’agit pour autant de soutenir de façon a-critique les composantes réactionnaires et autoritaires (cf aux groupes islamistes qui imposent lourdement et durement des mœurs sexo-séparatistes ). Cette réserve ne saurait empêcher la solidarité envers les peuples-classe opprimés.
2) Autre variante proche : On ne saurait non plus se faire des illusions sur les bourgeoisies compradores du sud si l’on milite pour l’émancipation des peuples-classe. On retrouve là une autre variante celle diffusée dans le syndicalisme et la gauche politique.
Ce refus du campisme s’oppose bien à une vision trop binaire d’un monde clivé entre Sud et Nord en affirmant qu’ : "Il y a du Nord au Sud et du Sud au Nord". Mais là encore, il peut y avoir des différences d’appréciation. Pour certains, le sud au nord se limite aux pauvres (les chrétiens sociaux) ou aux "couches populaires" (ouvriers et employés) alors que pour d’autres le sud sera l’ensemble du peuple-classe soit 97 à 99 % de la population.
3) Une troisième variante défend les droits humains transversalement à toute frontière. C’est le cas pour les antiracistes mais aussi pour les groupes féministes critiquent le sexisme tant au nord qu’au sud, hors toute référence de "camp".
Christian DELARUE
Oct 2004 (repris en 2009)
Membre de la commission "mondialisation" du MRAP