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Les deux niveaux des dominations globales. Christian Delarue

lundi 15 mai 2023, par Amitié entre les peuples

Les deux niveaux des dominations globales.

Ces deux niveaux sont à lire dans les trois champs (de bataille) suivants : classisme, sexisme, racisme.

I - Lorsque l’on dit à gauche « Ni classisme, ni sexisme, ni racisme »,

Il y a un enjeu théorique et pratique avec ce triptyque « ni classisme, ni sexisme, ni racisme » : on ne devrait pas (selon moi) réduire, dans chaque champs, les différentes violences à du simple mépris ou des discriminations sans rien de plus à contester . S’en tenir aux discriminations dans chaque champ, c’est faire silence sur les violences plus globales, plus vastes, qui frappent beaucoup plus largement . Il importe de pointer et dénoncer, en plus des discriminations, une domination globale d’ensemble dans chaque champ : plus large, moins réduite. C’est en ce sens que l’on peut dire qu’ existe deux niveaux de nuisance à dénoncer.

Il ne s’agit évidemment pas de ne plus parler des discriminations afin de parler des dominations plus globales car ces deux niveaux se complètent. Ils ne s’excluent pas.

Ce limiter au seul niveau des discriminations et du mépris est bien trop compatible avec le maintien du système de domination d’ensemble (les trois champs ) qui peut alors se limiter à promouvoir la seule lutte contre les discriminations, les exclusions, la pauvrophobie - ce qui est positif mais non réalisé - sans rien toucher à ce frappe les « non pauvres », les inclus et les non discriminés qui pourtant subissent la violence de classe . Les syndicalistes à la carrière bridée le savent mais d’autres salarié-es aussi qui subissent des conditions de travail lamentables dignes du XIX ème siècle.

Chaque système de domination, chaque champ ici spécifié (il y en a d’autres), ne doit pas se limiter au seul niveau de la discrimination ou du mépris alors que la violence de classe (le classisme), de sexe et de patriarcat (le sexisme) et de « race » (le racisme) est beaucoup plus vaste. Il importe donc de dépasser à gauche et dans l’altermondialisme une vision réductrice lorsqu’on dit : « Ni classisme, ni sexisme, ni racisme ».

En un sens global (qui n’évoque pas les discriminations) la signification du triptyque devient :
1) Le CLASSISME se comprend comme une vaste domination de la classe dominante (bicéphale et stratifiée). C’est alors le peuple-classe qui subit cette violence sociale, certes de façon hétérogène selon la position dans la hiérarchie sociale mais même les dominants-dominés peuvent la percevoir (pas sur le salaire ou sur le logement mais sur plusieurs autres aspects. (Renvoi ici au texte II ci-dessous).
2) Le SEXISME se comprends aussi comme vaste domination globale du patriarcat et des hommes (en général). Ce sont les femmes (en général) qui subissent violences insidieuses ou lourdes, inégalités maintenues et moindre libertés. Faut y ajouter les lesbiennes et les transgenres.
3) Le RACISME peut aussi se comprendre comme racisme systémique ou structurel persistant outre donc - on se répète - les injures racistes d’individus racistes. Le racisme systémique se lit - par exemple - dans la police ou il est nécessaire d’aller en chercheur scientifique sous la surface de l’iceberg pour ne pas se limiter à tel ou tel évènement qui pourrait montrer qu’il s’agit d’une simple bavure . Pourquoi le racisme est-il combattu dans certaines administrations - comme la DGFIP par exemple - et pas dans la police ou les autres appareils d’Etat répressifs ?

Evoquons le « Pas tous » si souvent évoqué : Tous, du 1%, des hommes, des « blancs », ne sont pas dominants dira-t-on. Ce n’est pas le problème ! Ce n’est pas une question d’individus mais de domination d’ensemble, systémique. Il importe de le préciser.

RESISTANCES - EMANCIPATIONS

Face aux dominations - ici trois seulement (mais nous pourrions en rajouter d’autres : homophobie, intégrisme religieux, carnisme, etc) - il y a en face des résistances (en contre) et même des émancipations qui visent à :

 sortir du classisme par réduction du pouvoir multiple de la classe dominante et diminution de la richesse d’en haut, redistribution vers en bas
 sortir du sexisme et du patriarcat par des ripostes multiples : il existe désormais un vaste corpus d’analyses et de revendications dans certains syndicats et dans ATTAC qui posent une émancipation du capitalo-patriarcat ou même d’un hyper-patriarcat des intégrismes religieux
 sortir du racisme par une riposte contre le racisme caché ou visible et pour l’égalité réelle

Autre solidarité et égalité :
Refus du CARNISME : Il va de soi que l’égalité de considération entre humains et animaux non humains devrait arrêter la tuerie des animaux. Si les animaux non humains souffrent doit-on continuer à ignorer cela et poursuivre la tuerie . Une prise de conscience est nécessaire . Il y a défaut de sensibilité à la souffrance animale.
On peut défendre les prostitué-es comme individu-es respectables mais lutter aussi contre la prostitution sans cependant assimiler la simple exhibition de son corps (sans pénétration ni attouchements) à de la prostitution.

II - ON NE DIT PAS peuple-strates dominées effectivement, ça ne me viendrait pas à l’idée et je n’ai jamais entendu quiconque parler en ces termes du peuple mis à part toi. Tu ne te mets suffisamment à la place de tes potentiels lecteurs

Avant d’aborder le vaste peuple-classe ou peuple-strates dominé (2) évoquons la classe dominante (1) car c’est elle qui mène la danse et pas la classe ouvrière ni la classe moyenne.

1) Classe dominante

« Il y a une seule classe sociale qui le soit en soi et pour soi », disait Bensaïd, « c’est la classe dominante au sommet de la société et qui n’est pas le petit groupe oligarchique ». Il y a une contradiction entre le fait d’affirmer que c’est une classe en soi et pour soi et d’autre part de dire qu’il y a à l’intérieur de cette classe un sous-groupe d’oligarques. Mais, pour tout te dire, je ne comprends pas l’affirmation de Bensaïd. Chaque classe n’est-elle pas en soi et pour soi ?

Aspects à retenir :
1 - Elle existe en soi et pour soi
2 - Elle mène la lutte de classe et elle la gagne donc fort classisme de domination (pas que discrimination). Je ne suis pas d’accord avec le terme « gagner », car c’est un terme subjectif que cette classe utilise pour elle. Si on se met du côté des autres classes, on dit que la classe dominante profite, se gave, exploite, etc. Je crois avoir compris les 2 niveaux de nuisance ici : domination et discrimination. Est-ce bien cela ? Si c’est cela, il faut le nommer clairement au début de ton texte.
3 - Elle s’est internationalisée avec la globalisation économique. Avant la mondialisation, il y avait des classes dominantes partout. Mais peut-être était-elle de différentes natures. D’autre part, tu n’introduis pas de cette internationalisation avant dans to texte. Du coup, ça tombe comme un cheveu dans la soupe et ça ajoute de la complexité sans explication
4 - Elle peut être bi-céphale avec branche privée capitaliste, branche publique HFPE : pluriel possible ici. On dirait que tu n’es pas certain de cela. Si tu n’es pas certain, tu ne peux le mettre dans cette liste mais traité le sujet dans un autre paragraphe
5 - Elle est stratifiée au sein du 1% au plan des richesses matérielles. En termes de richesse matérielle et pas de pouvoir ?

2) Le vaste peuple-classes ou peuple-strates dominés

Tout le reste sous cette classe dominante forme un ensemble qui relève plus du peuple dominé que des classes mais si on dit peuple-classe c’est que ce peuple est composé de classes dominées en intégrant le fait que de nos jours, nombreux parlent en termes de strates au sein du peuple : classes populaires et classes intermédiaires relèvent beaucoup d’une analyse stratificationnelle, mais on ne dit pas peuple-strates des 99%. Quel charabia. Es-tu certain que « nombreux parlent en termes de strates » ? Je ne connais que toi qui fais ces classifications et sous-sous classifications
Le terme qui est apparu chez plusieurs auteurs et que j’ai (???, pourquoi ne t’introduis-tu que maintenant dans ce texte ? Il me semble qu’avec le « on » du début du texte, tu t’extraies du texte. Alors pourquoi débarquer à cet instant. J’en profite pour dire que le « on », n’est pas à employer dans un tel texte) repris (à des fins de mobilisation et de rassemblement) c’est peuple-classe, et ce aussi à la suite du « nous sommes les 99% » (traduit de « we are the 99% » et de empowerment ).

3) Le problème de la mobilisation et des convergences (si la mobilisation et la convergence sont des problèmes pourquoi se battre pour elles ?)

On entend ci-dessous un débat sur les classes intermédiaires dominées qui se mobilisent plus que les classes populaires plus dominées encore mais qui peinent à se mobiliser car plus soumises aux diktats patronaux. Il y a aussi les problèmes de pauvreté pour faire grève.

Bah non justement. La classe pauvre n’a pas vraiment les moyens de faire gréve. C’est bien ça le problème. A Pithiviers, lors des grèves actuelles en semaine, nous croisons la file d’attente des restos du coeur. Ça fait mal à voir et d’un coup, vu de la manifestation j’ai l’impression de faire bourgeois. Tu ne peux pas considérer ce sous-groupe comme un problème annexe. C’est un énorme problème car quand on dit que la classe moyenne régresse vers la classe populaire, on ne dit pas suffisamment que la classe populaire glisse vers la classe des pauvres. Je ne fais pas grève moi, je prends des jours de congé.

Les intérêts communs des 99% sont de se libérer du classisme soit de la très forte domination de classe de la classe dominante, mais les alliances ou convergences sont difficiles, car il y a des divisions catégorielles, de genre (sexisme) et de « race » plus des oppressions diverses et différenciées.

C’est un travail militant de chaque jour des syndicalistes à partir des revendications du travail salarié et de la « double besogne » double besogne c’est quoi ?. Il y a parfois extension (extension de quoi ?) à des secteurs souvent peu mobilisés .

4) Lire - Ecouter

Pierre COHEN-SEAT (un autre PCS que P Cours-Salies) (j’espère que c’est un aparté que tu ne comptes pas mettre dans ton texte) a écrit un livre en 2016 sur le peuple ou les classes populaires et celles intermédiaires forment les classes dominées soit le peuple sous la classe dominante (et il a dit parfois peuple-classe) quel charabia pour dire juste que ce livre traite du peuple-classe. Bizarre que tu mettes au même niveaux des autres paragraphes, ce qui constitue une de tes sources

https://www.humanite.fr/en-debat/patrice-cohen-seat/patrice-cohen-seat-nous-ne-sommes-pas-dans-une-societe-apathique-mais

On peut aussi l’entendre sur une radio (avec Loic Blondiaux) https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-grande-table-2eme-partie/le-nouvel-essor-de-la-lutte-des-classes-8563917

Christian Delarue