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Les deux niveaux des dominations globales. Christian Delarue

mardi 9 mai 2023, par Amitié entre les peuples

Les deux niveaux des dominations globales.

Ces deux niveaux sont à lire dans les trois champs (de bataille) suivants : classisme, sexisme, racisme. Il y en a d’autres : ce sont les principaux.

Auparavant, puisqu’ont parle de « classisme", il faut commencer par évoquer la classe dominante car c’est elle qui dans chaque nation mène la danse.

Il y a une seule classe sociale qui le soit en soi et pour soi, disait Daniel Bensaid , c’est la classe dominante au sommet de la société et qui n’est pas réduit au tout petit groupe oligarchique (0,001%), sans être non plus le bloc social dominant, plus large car avec des dominants-dominés et d’autres individus pouvant être aussi dans le peuple-classe qui rassemble les classes dominées. Il y a distinction entre un positionnement objectif (en soi) et une conscience subjective (pour soi).

Cette classe sociale dominante en soi et pour soi ne signifie pas absence de différents secteurs (la production, la distribution, la finance, etc ) avec des intérêts ponctuellement divergents, mais ils trouvent, via l’Etat stratège, à faire systématiquement converger leurs intérêts de classe, et donc à un « pour soi » (outre l’ en-soi ) ce que ne fait pas ou rarement le peuple-classe.

Aspects à retenir :
1 - Elle existe en soi et pour soi
2 - Elle mène la lutte de classe et elle la gagne (Waren Buffet), donc fort classisme de domination (pas que de discrimination)
3 - Elle s’est internationalisée avec la globalisation économique
4 - Elle peut être bi-céphale avec branche privée capitaliste, branche publique HFPE : pluriel possible ici
5 - Elle est stratifiée au sein du 1% au plan des richesses matérielles

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Dominations, discriminations

I - DEUX NIVEAUX de violence lorsque l’on dit : « classisme, sexisme, racisme »,

Il y a deux niveaux de violences : un premier niveau relève des discriminations et du mépris, un second relève lato sensu des dominations qui frappent plus largement que les discriminations.
On ne devrait pas réduire, dans chaque champs, les différentes violences à du simple mépris ou aux les seules discriminations sans rien dire de plus à contester, dans chaque champ, sous ses mêmes termes .
S’en tenir aux seules discriminations dans chaque champ, c’est faire silence sur les violences plus globales, plus vastes, qui frappent de façon très diverse beaucoup plus largement . Il importe de pointer et dénoncer aussi les violences globales.

Il y a bien un enjeu théorique et pratique avec ce triptyque « ni classisme, ni sexisme, ni racisme » : on ne devrait pas s’en tenir à une conception réductrice qui nuit à la pluri-émancipation.
Se limiter au seul niveau des discriminations et du mépris est bien trop compatible avec le maintien du système de domination d’ensemble (sur les trois champs ) qui peut alors se limiter à promouvoir la seule lutte contre les discriminations, les exclusions, la pauvrophobie - ce qui est positif quoique non réalisé - sans rien toucher à ce frappe aussi les « non pauvres », les inclus et les non discriminés qui pourtant subissent la violence de classe .
Les syndicalistes à la carrière bridée le savent mais d’autres salarié-es aussi qui subissent des conditions de travail lamentables dignes du XIX ème siècle.
Chaque système de domination, chaque champ ici spécifié (il y en a d’autres), ne doit pas se limiter au seul niveau de la discrimination ou du mépris alors que la violence de classe (le classisme), de sexe et de patriarcat (le sexisme) et de « race » (le racisme) est beaucoup plus vaste. Il importe donc de dépasser à gauche et dans l’altermondialisme une vision réductrice lorsqu’on dit : « Ni classisme, ni sexisme, ni racisme ».
En un sens global (qui n’évoque donc pas les seules discriminations) la signification du triptyque devient :

1) Le CLASSISME se comprend comme une vaste domination de la classe dominante (bicéphale et stratifiée). C’est alors le peuple-classe qui subit cette violence sociale, certes de façon hétérogène selon la position dans la hiérarchie sociale mais même les dominants-dominés peuvent la percevoir (pas sur le salaire ou sur le logement mais sur plusieurs autres aspects. (Renvoi ici au texte II ci-dessous).

2) Le SEXISME se comprends aussi comme vaste domination globale du patriarcat et des hommes (en général). Ce sont les femmes (en général) qui subissent violences insidieuses ou lourdes, inégalités maintenues et moindre libertés. Faut y ajouter les lesbiennes et les transgenres.

3) Le RACISME peut aussi se comprendre comme racisme systémique ou structurel persistant outre donc - on se répète - les injures racistes d’individus racistes. Le racisme systémique se lit - par exemple - dans la police ou il est nécessaire d’aller en chercheur scientifique sous la surface de l’iceberg pour ne pas se limiter à tel ou tel évènement qui pourrait montrer qu’il s’agit d’une simple bavure . Pourquoi le racisme est-il combattu dans certaines administrations - comme la DGFIP par exemple - et pas dans la police ou les autres appareils d’Etat répressifs ?
Evoquons le « Pas tous » si souvent évoqué : Tous, du 1%, des hommes, des « blancs », ne sont pas dominants et oppresseurs dira-t-on. Certes mais ce n’est pas le problème ! Ce n’est pas une question d’individus mais de domination d’ensemble, systémique. Il importait de le préciser.

XX

DES RESISTANCES AUX EMANCIPATIONS

II - Ni classisme, ni sexisme, ni racisme.

Face aux dominations - ici trois seulement (mais nous pourrions en rajouter d’autres : homophobie, intégrisme religieux, carnisme, nationalisme, etc) - il y a en face des résistances (en contre) et même des émancipations qui surgissent et qui visent à :

 SORTIR DU CLASSISME par réduction du pouvoir multiple de la classe dominante et diminution de la richesse d’en haut, redistribution vers en bas

 SORTIR DU SEXISME et du patriarcat par des ripostes multiples : il existe désormais un vaste corpus d’analyses et de revendications dans certains syndicats et dans ATTAC qui posent une émancipation du capitalo-patriarcat ou même d’un hyper-patriarcat des intégrismes religieux

 SORTIR DU RACISME par une riposte contre le racisme sous toutes ses formes, le caché ou le visible et pour aller vers l’égalité réelle

Autres valeurs : solidarité et égalité :

Refus du CARNISME : Il va de soi que « l’égalité de considération entre humains et animaux non humains » devrait déboucher sur plus de conscience et de solidarité pour arrêter la tuerie des animaux. Si les animaux non humains souffrent doit-on continuer à l’ignorer et poursuivre cette énorme tuerie de masse . Une prise de conscience est nécessaire face à cette barbarie. Il y a ici défaut collectif , entretenu par des lobbies, de sensibilité à la souffrance animale. Cela nous diminue, chacun-e, dans notre propre développement des solidarités vers plus d’égalité.

On peut défendre les prostitué-es (les putes surtout) comme individu-es respectables mais lutter aussi contre la prostitution sans cependant assimiler la simple exhibition de son corps (sans pénétration ni attouchements) à de la prostitution.

La riposte au classisme mais aussi au sexisme et au racisme se fait au sein du peuple-classe.

XX

A la suite de ce bref exposé il convient de souligner que le peuple-classe sous la ou les classes dominantes sont l’ensemble des classes et strates ou couches dominées et forme aussi le cadre de riposte de celles et ceux d’en-bas.
La nation comme l’entreprise néolibérale mélange les dominants et dominés. Il faut donc penser hors du cercle communautaire très englobant, que ce soit la nation ou l’entreprise. Ces cercles masquent les hiérarchies sociales, les pouvoirs de classe.

Christian Delarue
Syndicaliste et altermondialiste