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Les « citoyens du peuple-classe » ou le réancrage social du citoyen . C Delarue

mercredi 4 juillet 2012, par Amitié entre les peuples

Les « citoyens du peuple-classe » ou le réancrage social du citoyen .

Symbole de la force de la lutte solidaire du peuple-classe

Le peuple-classe comme catégorie socio-politique (1) vient porter remède à un phénomène nommé par Pierre Rosanvallon la désubstancialisation sociale du peuple. Le citoyen, notion interclassiste, est en fait socialement situé, ce qui modifie sa participation citoyenne à la vie démocratique.

1) Le citoyen c’est qui ?

Le citoyen est une notion abstraite. Derrière cette abstraction conceptuelle s’opère des exclusions de groupes humains. En fonction de l’histoire et du lieu de la mise en œuvre du concept l’exclusion a pu viser les femmes, les non possédants, les étrangers et aujourd’hui dans les Etats les plus démocratisés d’Europe ce sont les résidents étrangers extracommunautaire. Le premier mérite de la notion de « citoyen du peuple-classe » est d’abord de réintroduire dans un même ensemble les résidents étrangers exclus comme étant des non-nationaux par la conception courante du peuple-nation.

Mais la critique de la notion de citoyenneté ne signifie pas la jeter dans les poubelles de l’histoire. La citoyenneté est un minima démocratique à défendre et étendre mais il ne s’agit que d’un minima. Un minima important à défendre contre les dégénérescences qui nous poussent vers la dictature mais un minima néanmoins. On ne saurait s’en tenir à cette défense. D’où les propositions en termes de démocratisation.

2 ) La citoyenneté c’est quoi ?

a) Deux sortes de participation à la vie démocratique, sociale et politique.

* L’une orthodoxe, enseignée partout. La citoyenneté se rapporte fondamentalement à l’acte de vote et par extension à tout ce qui est nécessaire au « bien voter », à savoir une information sérieuse et un débat explicite sur les divers enjeux. Voilà ce que l’on peut nommer à minima participation citoyenne à la vie démocratique. Ce minima est objet de rapport de force idéologico-politique pour le pervertir ou le renforcer.

* L’autre non orthodoxe, en extension de sens. Le mérite de la catégorie de peuple-classe rapprochée de celle de citoyen permet un ancrage de la citoyenneté dans un rapport de force entre les classes sociales est de pouvoir rajouter des modes d’intervention collective pour repousser ou modifier des mesures politiques ou patronales ou administratives . Il s’agit ici pour l’essentiel de la manifestation de rue et les grèves. Ce sont là les deux autres outils avec la pétition - outil plus individuel - qui accroissent le pouvoir démocratique du citoyen ordinaire.

b) Citoyen « ordinaire », mais encore !

Ce citoyen dit ordinaire est situé, il est membre du peuple-classe. Les membres de la bourgeoisie font autre chose au-delà du vote citoyen . Ce complément non orthodoxe à la conception de la citoyenneté ne signifie pas que les citoyens du peuple-classe doivent nécessairement manifester ou faire grève . Pas plus qu’ils ne doivent voter. Ne jamais voter, ne jamais se mobiliser d’aucune façon montre sans doute une absence de citoyenneté et un replis de l’individu sur d’autres sphères comme la consommation marchande exclusive ou un dévouement exclusif à un Dieu ou à sa famille pour certaines traditions culturelles patriarcales. Reste qu’objectivement et subjectivement ces modes d’invention font bien parti de la panoplie possible pour ce type de citoyen socialement situé. La manifestation peut exceptionnellement être le fait des dominants mais en fait les dominants en plus du vote dispose surtout du travail de lobbying et des dispositifs du pouvoir de classe. Le citoyen membre de la bourgeoisie n’est donc pas citoyen comme le citoyen du peuple-classe.

Le peuple-nation forme un cercle qui recoupe partiellement celui du peuple-classe mais il s’agit d’un cercle plus élevé puisque d’une part en haut il comprend la classe dominante, les capitalistes, la bourgeoisie et une fraction des élites dirigeantes et d’autre part comme il a été dit il exclue les migrants qui forment la couche exclue politiquement et bien souvent socialement en matière d’emploi, de revenu, de logement.

La bourgeoisie vote comme les autres citoyens mais ne voit pas dans cet acte l’essence de sa domination de classe qu’elle tient de la possession de divers instruments de pouvoir dans les entreprises et hors de l’entreprise. Au contraire le citoyen ordinaire, celui du peuple-classe a perdu ses pouvoirs démocratiques face aux actionnaires et à l’extension des mécanismes marchands (qui ignore l’acte démocratique) ainsi que face ’aux élites politiques et médiatiques. Il faut immédiatement ajouter que certains, tels de nombreux migrants ne bénéficient pas de la citoyenneté alors qu’ils résident durablement sur le territoire.

Christian Delarue

7/7/2009