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Lecture militante de « Les agences de la précarité » de Sébastien Chauvin. C Delarue

samedi 25 février 2012, par Amitié entre les peuples

Lecture militante de « Les agences de la précarité » de Sébastien Chauvin.

Les problématiques propres au métier de sociologue du travail précaire ne figurent pas dans cette note. Lire ici : Sébastien Chauvin, Les agences de la précarité. Journaliers à Chicago
http://sociologie.revues.org/496

Le sous-titre de l’ouvrage publié chez Seuil en avril 2010 est Journalier à Chicago. L’auteur explore les facettes de la précarité aux USA. Nous entrons dans un monde particulier. Le point commun entre les mondes de la précarité se nomment déqualification, pénibilité, humiliation, racisme. Les sous-prolétaires noirs et les immigrés sans-papiers constituent la majorité des travailleurs journaliers aux USA, du moins dans les secteurs ou S Chauvin a attendu d’être embauché.

Il distingue le travail journalier « de rue » qui voit ceux et celles qui veulent un travail se regrouper au coin d’une rue et attendre d’être interpellé pour une embauche et le travail journalier « d’agence » qui est pour l’essentiel l’objet du livre. Ces agences ne ressemblent pas aux agences d’intérim de France. C’est d’ailleurs le premier intérêt de l’ouvrage que de prendre connaissance de la spécificité de ces agences aux USA.

Difficile de rendre compte an quelques lignes de la richesse des analyses de Sébastien Chauvin . Ces agences embauchent par appel oral et public en face de travailleurs qui attendent. Ce type de procédure non écrite non personnalisée permet de détourner le droit du travail, et surtout de pratiquer la ségrégation raciste à plusieurs niveaux et ce malgré des textes contraires - effet de tolérance -, d’abord au profit des blancs contre les Noirs, les Mexicains, les sans-papiers, etc. ensuite entre discriminés. Un appel public d’offre d’embauche en espagnol s’adressera évidemment aux hispaniques et donnera lieu à des contestations des discriminés présents. Il y a aussi des luttes racistes internes aux discriminés qui proviennent des natifs - des noirs le plus souvent mais aussi des blancs - contre les sans-papiers embauchés en fonction du « mérite ».

En fin d’ouvrage (page 334) on retrouve certains débats tombés dans le domaine public militant. Sébastien Chauvin conteste que la distinction pertinente soit entre stabilité et mobilité. Il la voit entre « auto-mobilité » et « mobilité contrainte ». Il distingue la flexibilité des employeurs et la flexibilité des employés car cette distinction a du sens pour les travailleurs. Il ne suffit donc pas de dire - bien que ce soit vrai - avec A Bihr que « La précarité gît au cœur du rapport salarial » (Revue Interrogations ? n° 4, 2007) ni de faire simplement « l’éloge de la stabilité » (C Ramaux).

Christian Delarue