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Le voile à l’université J Fortin

lundi 19 août 2013, par Amitié entre les peuples

Le voile à l’université

11 AOÛT 2013 | PAR JACQUES FORTIN

Je suis bien placé pour en avoir vécu quelques évènements difficiles à propos du voile. Et je suis défavorable au port du voile en général donc à l’université aussi, pour des raisons de féminisme, d’homosexualité, d’opinion sur ce que les religions infligent de déraison aux esprits, d’inhibition aux corps et de hiérarchies aux relations humaines. Etre défavorable est une position intellectuelle, éthique, ce n’est en aucun cas synonyme de vouloir interdire comme un sondage justement analysé sur Mediapart voudrait le faire croire.

Ceci étant dit, l’université doit être un lieu de liberté, d’exercice de la raison, de la réflexion, de l’étude critique, de confrontation et non de la stricte marchandisation des esprits par leur formation réduite aux besoins de l’industrie capitaliste et des services marchands(ni conformés à la « bienséance » en vogue chez les dominants ou les couches qu’ils influencent pour les besoins de leur domination). Car, soit dit en passant, cette affaire de l’interdiction du voile à l’université relève d’une déclinaison de cette conception « utilitaire » et marchande de la formation, de la culture, de la pensée qui doit « servir » au Marché et rien de plus (se cultiver relevant alors de la sphère privée).

A l’université on y entre en général majeur/e (et je suis pour la majorité à quinze ans). Donc les porteuses du voile sont majeures. Leurs camarades aussi. On doit considérer ce port comme un choix personnel et un signe collectif. S’il interpelle il sera interpellé.

Chacun/e peut ainsi se livrer à cette libre confrontation et à l’examen rationnel des idées et des conduites. Une question comme le fait religieux relève du débat social entre adultes et non de la loi. Si la religion doit reculer dans les esprit, et à mon avis elle le doit, ou alors elle doit faire une révolution théologique radicale, ce sera par le débat social entre adultes, entre groupes organisés, entre pensées.

La loi pose des garanties et des cadres de vie commune, elle n’a jamais réglé les dissensions radicales entre Réformés et Papistes même pas en envoyant les premiers aux galères et leurs sœurs à la Tour de Constance d’Aigues Mortes. Elle n’a pas à le faire sinon c’est la tyrannie. Elle doit simplement veiller à ce que ce débat social, et celui avec les non croyants comme les antireligieux, comme avec les musulmans comme avec les sectes, puisse être conduit sans stigmatisation, violence ni discrimination.

Et quelles ne viennent pas polluer la vie commune ni le débat public.

Or c’est le contraire que veulent imposer le social libéral papiste ras du képi qui sévit à l’Intérieur, comme les papolâtres réac et phobiques du Figaro. L’Etat doit être laïc donc sans message religieux, y compris ses salariés et représentants (et les premiers ministres, ministres et présidents cesser d’aller aux services religieux divers et variés y compris lors des obsèques, les médias cesser d’appeler « Monseigneur » les diverses éminences, mais par leur titre comme Monsieur le Cardinal). Mais pas les usagers.

Demain ils interdiront les tracts à l’université, le débat politique voire le débat tout court au motif que le capitalisme et le libéralisme économique ainsi que leur éthique de la « responsabilité individuelle » (libre et non faussée, sic) sont le seul horizon pour l’Humanité et que donc leur contestation serait contraire au bien commun. Pourquoi pas, contester cette république, ses lois et sa constitution tomberont sous le coup d’un interdit aussi.

Mais si, mais si... c’est de la même eau bénite.

http://blogs.mediapart.fr/blog/jacques-fortin/110813/le-voile-luniversite