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Le poison du mépris de classe du 1% - Christian DELARUE

samedi 6 avril 2019, par Amitié entre les peuples

Le poison du mépris de classe du 1%

Il y a bien une forte conflictualité sociale qui n’est pas réductible à un pamphlet de François Ruffin contre Emmanuel Macron. Réponse : « Je crois qu’en effet, je le dis depuis le début, Emmanuel Macron suscite la haine. Je ne l’éprouve pas », a déclaré François Ruffin (dans une émission « On n’est pas couché » diffusée samedi soir).

Voir la véritable violence de classe, sans déni !

Il ne s’agit pas de prendre appui (ou pas) sur des termes comme « le manichéisme » ou « le populisme » tel que M Jacques Le Goff le fait dans Ouest France (du 4 avril) . Il s’agit surtout d’éviter les formules provocantes et répétées au plus haut niveau, qui sans être des insultes témoignent d’un profond mépris de classe contre le peuple, la fraction du peuple la plus dominée et fragilisée, celle qui subit les bas salaires, la précarité de l’emploi, le mal-logement, etc... Pas toujours puisque d’autres, mieux installés dans la carrière ne sont pas ou plus à l’abri de déclassements importants . Par exemple, car il en faut un, on ne trouve pas du travail « en traversant la rue ». Et si on trouve, c’est pour peu de temps et pour un maigre salaire trop souvent ! Et l’on revient à la case départ. Ces paroles font plus de mal que les propos de Ruffin M Le Goff ! Comprenez-vous (ou pas) ?

Plusieurs « casses » : Casse très visible et « casse fondamentale » !

Mais ce ne sont encore que des paroles ! Car de nos jours il y a la casse multiforme . Pas qu’une seule, celle des vitrines ! On s’offusque du Fouquet’s qui brûle - assimilé à un symbole de la République pour certains, leur République pas la nôtre - mais pas assez encore de la casse sociale et des pratiques policières !

On a plusieurs refus à opposer, pas qu’un : 1- La casse des gilets jaunes contre les vitrines des commerçants (pas d’accord certes mais on ne saurait s’en tenir là), 2 - Les pratiques de la police contre le peuple qui résiste pacifiquement à la casse sociale (pas d’accord non plus), 3 - Nous y voilà : On a la casse du gouvernement contre les appuis sociaux, les garanties sociales, bref ce qui fait que le peuple français et surtout son peuple-classe 99% dispose encore après 30 ans de libéralisation d’un Etat social et une « main gauche » de l’Etat active pour le construire avec des services publics implantés sur le territoire national, des services publics avec des fonctionnaires sur les postes, bref de quoi lutter concrètement contre l’injustice sociale et territoriale, l’injustice fiscale aussi .

Le 26 on s’en souviendra !

Dégagisme d’en-haut, dégagisme d’en-bas

Si un dégagisme licencie ou précarise vers en-bas au sein du peuple-classe 99%, alors on risque fort d’avoir vers le haut un dégagisme en réponse contre certaine élites, celles les plus droitières, les plus orientées vers le profit d’abord, la marchandisation du monde. Le 26 il risque d’y avoir un manichéisme entre les forces de construction et celles de destruction de l’Etat social et d’une Europe sociale déjà bien rabougrie à cause du « dieu concurrentialisme » qui déploie en silence les forces de destruction des appuis sociaux utiles à la vie de tous et toutes au sein des peuples.

Thanatos bi-céphale

 Thanatos représente la force néolibérale de dé-civilisation, de destruction de la civilisation par la justice sociale, civilisation par le souci de l’égalité dans la laïcité et la fraternité .

 Thanatos est de nos jours un hydre à deux têtes sans doute pas en équivalence mais un monstre bi-céphale : il est représenté d’une part par le « libéralisme autoritaire » versus Macron et d’autre part par les forces nationalistes et xénophobes montantes en Europe versus Orban, Salvini, Le Pen. Les deux composantes sont en soutien du capitalisme néolibéral mais l’un dans un cadre national, l’autre dans un cadre continental européen .

 Ces forces destructrices des services publics et des garanties sociales travaillent pour une minorité de riches : le 1% et ses appuis chez les patrons . Elles produisent le phénomène « gilets jaunes ». Il faudrait aussi discuter ici de la responsabilité des organisations syndicales dans le défaut de rassemblement populaire autour des classes sociales travailleuses les plus dominées. C’est autre chose.

Besoin de gauche, des gauches !

Il y a besoin - on l’aura compris - de forces de gauche , vraiment à gauche, de forces de construction de la civilisation et d’une Europe vraiment sociale. Justice sociale, territoriale et fiscale doivent accompagner la justice climatique et environnementale. On le sait. Reste à casser les traités - comme une ruine - pour tout reconstruire !

Christian DELARUE