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Le phénomène Slavoj Žižek - Le savant et le symbolique. A Brand

dimanche 22 décembre 2013, par Amitié entre les peuples

Le phénomène Slavoj Žižek

Le savant et le symbolique

par Antoine Brand

Imaginons un instant qu’une quinzaine de doctorants au chômage s’emparent d’un moyen de transport aérien et, mus par des motifs politiques, s’en servent pour détruire le centre de Manhattan. Imaginons que ce faisant, ils fournissent à George Bush un prétexte pour envahir l’Afghanistan. Chez ceux qui s’opposent à la politique de Bush se dégageraient alors deux types de réactions.

Certains choisiraient une réponse qui appelle à l’imaginaire : c’est un coup de la CIA, c’est la stratégie de la tension, c’est un complot. D’autres feraient appel au symbolique : nous condamnons cet acte atroce, mais le principal responsable du terrorisme est l’impérialisme, et nous condamnons également les justifications guerrières qui vont en être tirées, etc. On pourrait objecter à ces deux démarches que leur impact sur le réel [1] est négligeable. Pourtant nous, révolutionnaires, nous obstinons à faire de la politique, c’est-à-dire agir essentiellement dans le domaine du symbolique.

La distinction entre l’imaginaire, le symbolique et le réel est un élément fondamental de la pensée du psychanalyste Jacques Lacan. Lacan n’était pas spécialement politisé mais la portée philosophique de ses concepts, qui touchent à la dialectique et à la phénoménologie [2] autant qu’à la psychologie clinique, est telle qu’il est possible de les relier et de les confronter à ceux de la philosophie politique, ce qui regarde cette revue de beaucoup plus près. Confronter Lacan, Hegel et Marx à la lumière de l’actualité, c’est le sens de l’œuvre du philosophe slovène Slavoj Žižek.

Slavoj Žižek est aujourd’hui le penseur européen le plus connu aux Etats-Unis après Jacques Derrida, sa notoriété est déjà grande dans d’autres pays européens et il pourrait trouver prochainement dans le mouvement altermondialiste et dans la gauche universitaire un écho comparable à celui qu’ont eu Toni Negri ou Miguel Benasayag. Ensuite à la différence de Toni Negri, Žižek avance des arguments en faveur d’une politisation plus intense et d’une intervention plus systématique des militants politiques dans le mouvement altermondialiste. Il popularise une interprétation originale et intéressante du léninisme, bien différente de celle critiquée par la gauche mouvementiste ou, pire, caricaturée par les historiens bourgeois. Enfin comme Toni Negri, Žižek rend le marxisme plus ‘rock n’ roll’ tout en lui étant, au moins partiellement, extérieur.

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