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Le peuple-classe, ses ennemis et ses contradictions internes - C Delarue

dimanche 19 octobre 2008, par Amitié entre les peuples

Le peuple-classe, ses ennemis et ses contradictions internes

Ce texte est la suite du texte « Pour une approche du peuple-classe » posté le 2 octobre 2008 sur :

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article408

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article71956

Entre la Nation, notion englobante, le plus souvent faite chose de la bourgeoisie, et la classe ouvrière au sens étroit du terme, calé sur la cétégorie « ouvrier », classe morte de solo ouvrièriste dans ses luttes, on peut reprérer deux entités sociologiques mobilisables situées à deux niveaux différents : le Travail et le peuple. Le peuple-classe est une catégorie politique située entre le prolétariat (au sens large - working class) et la Nation. Qu’il s’agisse du Travail ou du peuple-classe, une tâche syndiacale est toujours à mener pour réaliser l’unité, unité des prolétaires - ceux et celles qui vendent leur force de travail pour vivre - et unité du peuple face aux dominants. L’autre combat à mener porte sur l’internationalisme (mot ambigu) au sens d’une part de « prolétaires de tous les pays unissez-vous ! » et « peuples de tous les pays unisez-vous », ce que Samir Amin nomme « l’internationalisme des peuples » (1).

I - Les ennemis du peuple-classe .

Classe sociale ou dispositifs abstaits, ils s’opposent à son émancipation.

 Le capital national et international ou mondial. Le capital est un rapport social qui oppose les travailleurs (le Travail) et les propriétaires des moyens de production et d’échange (le Capital). Il s’agit ici du capital oppsé au travail. Il peut s’agir, en termes de champ d’activité, du capital financier ou du capital productif industriel ou du capital commercial (sociétés spécialisée dans l’échange marchand, la circulation marchande des biens et services. Sous le terme de capital on entend non seulement le conseil d’administration des grandes sociétés transnationales ou des firmes multinationales mais aussi le patronat des entreprises nationales.

 Les représentants du capital : Ils sont actif dans le champ politique ou au sein de la société civile . Les élus de droite et même les élus de gauche peuvent servir les intérêts du patronat. Même quand les élus ne sont pas de façon durable au service du capital ils sont en situation d’extériorité par rapport au peuple. Il y a un rapport social de soumission entre les élus et le peuples dont la citoyenneté sert de rideau de fumée. Dans la société civile face aux syndicats de salariés ou aux élus qui font les lois, le patronat dispose pour mener sa lutte de classe de façon offensive, d’outils efficaces. En France ce sera le MEDEF. En Europe et dans le monde les capital dispose de lobbies puissants . Enfin, le capital peut compter aussi sur de nombreux organes de presse comme gros appareils idéologiques d’influence.

 L’Etat au service de l’intérêt général du capitalisme. C’est surtout l’Etat capitaliste qui constitue l’outil le plus performant pour assurer les intérêts supérieur du capital au-delà de tel ou tel intérêt particulier capitaliste. Notemment en temps de crise, c’est l’Etat et ses appareils qui assure la restructuration du capital en éliminant les « canards boiteux » au profit du capital fort au détriment des salariés et des créanciers. L’Etat doit stratégiquement se présenter comme neutre et arbitre entre les classes et entre les différents secteurs du capital. Sa principale tactique pour régner est d’user de la division, des multiples sectorisations possibles de sa politique pour empêcher l’unité du prolétariat et plus largement du peuple contre le capital . Pour satisfaire sa mission il procède soit par consentement (carotte) soit par répression (bâton). Pour user du consentement il peut donner partiellement satisfaction (grain à moudre au temps ou l’Etat social est relativement possible) ou il joue de l’idéologie et du sécuritaire. Il peut aussi s’appuyer sur le nationalisme tantôt le national (Ministère Hortefeux), tantôt le petit (le communautarisme religieux peut remplacer le « social » du service public) ou le moyen (ONG défendant le caritatif et s’inscrivant dans l’accompagnement social du capitalisme)

II - Les contradictions internes du peuple-classe.

Elles font obstacle à la constituion d’un peuple pour soi, candidat à l’hégémonie et à l’alterdémocratie.

Le peuple-classe est une quasi-classe. Il est hétérogène. Deux grandes configuations de clivage internes sont repérables. Contradictions qui lorsqu’elles sont fortes relativisent la notion même de peuple-classe. Car le peuple-classe connait des clivages internes qui peuvent être durs.

A) Le rapport d’encadrement et de commandement .

Le petit patronat produisant pour un marché local - que je place au sein du peuple-classe - comme l’encadrement salariés supérieur sont dans un rapport social secondaire d’exploitation beaucoup plus perceptible par les travailleurs salariés.

Dans les petites entreprises de peu de personnes produisant pour un marché local le patron peut se montrer dur en terme d’exploitation des salariés. Mais, en fonction du l’objet du conflit les patrons de ces petites entreprises peuvent à la fois être du côté de l’exploitation et du côté de l’émancipation. Plus le conflit est extérieur à l’entreprise et plus le petit patron apparaitra comme faisant parti du peuple-classe. Il en va de même pour les artisans (au sens historique du terme différent du droit commrcial) qui ne sont pas des capitalistes mais des indépendants.

Au titre des contradictions secondaires il faut aussi faire place à l’encadrement supérieur dans kes grandes unités de production de biens ou de services, tant dans le public que dans le privé. Ils sont en le marteau et l’enclume, tantôt partie soumise du peuple donc soumis comme le reste du salariat aux dictats de la finance et des politiques néolibérales, tantôt en position de classe d’appui de la bourgeoisie contre les travailleurs salariés privés ou public.

Pour se dégager de l’emprise de soumission du salariat au capital il y a d’abord la reconnaissance des conflits de classe dans l’entreprise et la société civile qui devrait déboucher sur le développement d’un réel code du travail protecteur accompagné d’un service public de contrôle suffisamment développé (je renvoie aux arguments du camarade Filoche sur ce sujet) . Il y aussi la reconnaissance du fait syndical mais aussi du syndicalisme interprofessionnel. Pour réellement sortir le salariat de la soumission du capital il faut abolir le capital comme rapport social et envisager clairement le passage au socialisme (2), un néo-socialisme (3) pas celui du stakhanovisme soviétique. La démocratisation dans l’entreprise n’est pas une utopie pour qui envisage d’aller vers le socialisme. Il en va de même de la démocratisation hors du politique strictement entendue par élargissement de l’intervention citoyenne dans les grands choix de production à des niveaux territoriaux conséquents.

B) La soumission au patriarcat et la soumission au marché.

D’ autres rapports sociaux internes clivent le peuple ; le genre autrement dit les rapports hommes-femmes et le rapport du consommateur-salarié à l’acquisition de biens et services sur un marché.

Le patriarcat est une organisation de la société fondée sur la famille conçue comme naturellement hiérarchisée à partir de la prééminence du père. Cette configuration s’est modifiée au cours des siècles. Par endroit elle s’est atténuée, dans d’autres elle s’est renforcée. Mais elle perdure sous le capitalisme qui lui met l’entreprise productive au centre de ses dispositifs de soumission. Dans ce cadre les femmes sont plus en position de soumission et d’exploitation que les hommes quasiment partout dans le monde. Point à développer.

Une autre distinction traverse le salariat et le peuple c’est celle qui porte non sur les rapports sociaux de production mais sur la capacité d’accès au marché des biens et services, donc le pouvoir d’achat dans la sphère de la circulation marchande. Elle distingue celui ou celle qui épuise intégralement son salaire (ou son revenu) mensuel chaque mois de celui qui est chaque mois en capacité de dégager un excédent pour l’épargne. Le montant est variable suivant la composition de la famille. Certains auteurs nomment « prolétaires » les seuls salariés qui non seulement vendent leur force de travail pour vivre mais épuisent leur salaire à la reproduction de la force de travail et à l’entretien de la famille. Les prolétaires - au sens étroit du terme- sont très handicapés pour l’achat d’un logement, même de qualité médiocre, alors qu’il s’agit bien essentiel à la vie car ce bien très couteux au regard de la capacité d’épargne nécessaire.

La aussi la lutte commence par revendiquer une inversion de la dynamique masse salariale-profits avec une règle impérative qui fixe non seulement un revenu minimal indexé mais aussi un revenu maximal. Vive l’extinction du rentier hyper-riche qui ne sait plus que faire de ses richesses financières sinon accumuler des résidences de luxe aux quatre coins de la planète. La lutte se poursuit par la restriction de la sphère du marché et l’accroissement de celle des services publics et de l’appropriation publiques. Mais la-encore les changements décisifs ne pourront se réaliser que sous le socialisme en lien avec un alter-développement..

Christian DELARUE
Membre du CA d’ATTAC France

Notes
1) L’internationalisme des peuples par Samir AMIN

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article447

2) En finir avec ce capitalisme, ouvrir des perspectives vers le socialisme - C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article434

3) Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? - C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354