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La doxa refuse de penser un peuple-classe 99 ou 98% d’en-bas. C Delarue

samedi 11 novembre 2017, par Amitié entre les peuples

« Eux-nous » sur un axe vertical en-haut/en-bas.

La doxa refuse de penser un peuple-classe 99 ou 98% d’en-bas.

Une stratégie contre-hégémonique (1) contre les dominants suppose effectivement la désignation de l’adversaire (PK). C’est une condition du combat politique (PK). On peut certes passer des alliances mais en connaissance de cause, les positions des uns et des autres étant bien différentiées et non pas amalgamées, ainsi que le font les grands appareils d’influence médiatique.

Si on envisage les formulations concrètes de l’opposition eux/nous sur un axe VERTICAL soit « en-haut/en-bas » alors trois formulations apparaissent ordinairement : - peuple-classe 99 % / 1%, - peuple—classe / élite, - peuple-classe / oligarchie » . Sans cela on tombe dans une pensée d’amalgame dite « communautaire » ou les grands dominants économiques disparaissent.

Sur l’axe HORIZONTAL de type « dedans-dehors » on trouve nationaux /étrangers et ses variantes droitières ou extrême-droitières. Mais, si l’adversaire (ou l’ennemi versus militarisation du conflit) est externe mais en-haut (oligarchie allemande) ce n’est évidemment pas la même chose que si l’adversaire est extérieur (à la nation) mais en-bas : le peuple entendu comme peuple-classe.

1) La gauche, le peuple et la stratégie contre-hégémonique (Christian Delarue) - Les blogs d’Attac

https://blogs.attac.org/contre-hegemonie/democratisation/article/la-gauche-le-peuple-et-la-strategie-contre-hegemonique-christian-delarue

XX

Certaines pensées conformistes ne veulent voir sous le mot peuple que le format dit « communautaire » dit aussi « peuple-totalité » ou « peuple 100% » . Hors de çà il n’y aurait que des catégories ou couches ou classes sociales (ce qui n’est pas nié). Erreur. Il importe de mener une critique et de penser un peuple sans dominants économiques internes. Ce qui ne signifie pas absence de dominants au sein du peuple-classe.

Hypothèse critique : Ce peuple communautaire (peuple-nation ou peuple ethnique ou autre forme ) est à format 100% et mélange donc sa classe dominante et tous les autres, soit les « sans pouvoirs » (ou presque). Et montrer -à la suite - un peuple-classe 99% d’en-bas (ou 98% le cas échéant ou 99+ parfois) serait inconvenant, inadéquat. Ce serait mélanger l’ordre des peuples et l’ordre des classes pour parler comme feu G Labica. Mais quand une minorité nationale d’en-haut - ordinairement calée sur le 1% d’en-haut (cf Philippe Richard) - domine par sa richesse et ses pouvoirs alors évoquer la notion de peuple-classe comme l’ensemble hétérogènes des non riches et des sans pouvoirs est possible. Ce n’est pas une hypothèse ridicule. Loin de là. Evidemment, la tâche intellectuelle et pratique (militante) n’est pas finie ici . Il y a encore à penser et faire converger. Un programme politique est un point d’appui.

Répétons pour celles et ceux qui ne veulent pas entendre : nul ne dit que ce peuple-classe est homogène. Bien au contraire il y a des différences et des oppressions . On sait bien l’écart existant entre l’encadrement (interne au 99%) et le salariat de base public ou privé. Les conditions de vie et les revenus perçus ainsi que le patrimoine détenu forment un ensemble de différences importantes qui peuvent masquer des points communs, points communs qui ne sont pas que la simple humanité mais le fait de subir l’exploitation de la force de travail et d’autres méfaits liés au capitalisme financiarisé dominant. Un capitalisme financiarisé qui profite de façon incertaine aux 10% d’en-haut mais surtout au 1% d’en-haut.

Le POPULISME du 100% (affiché plus que réel souvent) n’est pas celui du 99%.

Le peuple 100% c’est le peuple totalité, le peuple communautaire qui englobe dans sa définition les riches et tous les autres, les élites et les autres, la classe dominante et les autres. Les autres c’est le peuple-classe rapproché du slogan « nous sommes les 99% » .

Le premier populisme, de droite, mélange précisément dominants et dominés et car ils ne veut pas que l’on mène une critique des élites d’en-haut sauf celles qui trahissent la Nation (lire Thierry Brugvin). Par contre, il peut refuser en son sein une France ou une Europe multicolore (1) . On dira qu’il sert les puissants et divise les couches sociales populaires par sa stratégie de « boucs émissaires ». Le second populisme, appuyé sur la notion de peuple-classe 99%, est lui aisément mobilisable pour une alternative anti-systèmique (2). Il est de gauche voire révolutionnaire, au sens de changer de France, changer d’Europe, changer de monde. Ses ambitions et ses idéaux sont en général diamétralement opposé au populisme de droite.

Le PEUPLE-CLASSE 99% rassemble les « sans pouvoirs » mais tous ne sont pas des travailleurs salariés, on y trouve des travailleurs indépendants et des petits patrons qui subissent la prédation financière. Mais ce petit patron pourra être (ce n’est pas systématique ) un féroce exploiteur de ses travailleurs salariés : soit en durée du travail, soit en intensification, soit en salaire modeste, plus d’autres moyens encore. La notion de peuple-classe admet donc - outre son hétérogénéité (il est multicolore en pigmentation de peau et en religion ainsi qu’au plan social) une certaine conflictualité de classe en son sein mais elle en montre une autre d’un niveau supérieur qui vise la prédation de la finance et de ses soutiens lesquels sont dans le 1%. Le 1% des trente pays les plus riches de la planète forment une classe de riches qui lutte pour accroitre sa puissance financière au détriment des peuples-classe. Le 1% est lui-même subdivisé en riches, très riches, hyper riches pour le dire en termes simples.

On parle de PROLETAIRE pour les travailleurs salariés et travailleuses salariées (TS) qui vendent leur force de travail. Au TS du public et du privé on ajoute souvent ceux et celles qui sont destinés à le devenir : les étudiant(e)s et les chômeurs ou chômeuses. Avec cette définition on trouve des prolétaires dans le 1% d’en-haut : des « prolétaires exploiteurs », des prolétaires grands serviteurs du capital, expert du capital, etc... . D’aucuns on alors rajouté un second critère d’exclusion : être aussi prolétaire face aux marchés des biens et services (distribution), en plus d’être prolétaire dans la production. Ce qui mérite précision. En ce cas on évoque non seulement le travailleur salarié qui vend sa force de travail (critère de la production) et il le fait pour vivre (critère hors production) et là on précise que ce travailleur connait « des fins de mois difficiles ». Face aux marchés des biens et services (hors production : secteur de la circulation marchande) il peut donc être rapidement insolvable s’il est smicard ou être en capacité d’une faible épargne de fin de mois s’il gagne deux fois le smic . Dans cette acception ces travailleurs font parti du peuple social 90% (cf Christian Delarue à partir de Thomas Picketty).

Le PEUPLE est aussi à géométrie variable . C’est aussi bien dans un sens qui nous vient de « populace » (mais sans la connotation péjorative) les couches populaires d’en-bas, les couches sociales très modestes, que le peuple à 100% qui est le peuple nation (qui exclut les simples résidents) ou le peuple démocratique au niveau continental (UE) ou le peuple ethnique. Dans ces trois cas on a un format de « peuple » qui mélange le loup et l’agneau, le 1% d’en-haut et les 99% pur reprendre un schéma altermondialiste. D’ou la création de la notion de peuple-classe dont la barre supérieure à 99% n’est qu’indicative. Elle peut être 98, 8 ou 99, 2 ou 99, 3%. Il s’agit de montrer un spectre populaire large qui exclut les élites riches autour de l’oligarchie.

Christian Delarue

1) Antiracisme et peuple-classe pour l’alternative : faire converger un peuple-classe multicolore. C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/Antiracisme-et-peuple-classe-pour