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Le patriarcat compris comme dynamique sociale - Christian DELARUE

dimanche 24 novembre 2019, par Amitié entre les peuples

Le patriarcat compris comme dynamique sociale

Au lieu de le voir comme un état ou une photo on va le voir ici comme une tendance opposée à une force de réduction ou abolition, comme un processus, une dynamique sociale et historique . Une tendance peut être relativement stabilisée dans un sens ou dans un autre .

Le patriarcat comme système de domination peut être soit bridé comme dans le patriarcat réduit, soit accentué, renforcé comme dans l’hyper-patriarcat. L’hyper-patriarcat relève de la revendication globale des contre-mouvements réactionnaires (religieux ou non) s’opposant durement aux conquêtes féministes des 50 dernières années.

 Le patriarcat peut être BRIDE par des lois, par des groupes sociaux pro-égalité H/F actifs et en position de le réduire voire de le détruire face aux masculinistes. On parlera alors de patriarcat réduit car il maintient néanmoins une sub-culture du « chacun à sa place » ou comme le dit Yvan Joblonka " la femme, en raison de sa biologie (utérus, poitrine), reviennent les responsabilités maternelles et ancillaires. Évidemment, considérer qu’aux organes féminins correspondent certaines servitudes relève d’une interprétation biaisée du corps humain. Les hommes, eux, monopolisent toutes les responsabilités extérieures, les pouvoirs politiques, militaires, économiques, et les privilèges qui vont avec ».

 Le patriarcat, au lieu d’être bridé, un peu comme le capitalisme par un Etat social dans certaines formations sociales d’après 1945, peut au contraire être RENFORCE par l’absence d’un droit qui criminalise le viol ou la prostitution.
Dans l’hyper-patriarcat, il y a pleine reconnaissance de la complémentarité hiérarchique des sexes, au sein de laquelle l’homme tient la position supérieure. Yvan Jablonka précise que « Cette préséance est double : responsabilités extérieures, mais aussi à l’intérieur du foyer. La femme n’y règne que par délégation. Elle s’occupe de ses enfants à lui, elle met à disposition son corps, y compris sur le plan sexuel. Dès lors que la femme doit obéissance à son mari en échange de sa protection, la notion de viol conjugal est inenvisageable. On voit bien comment, dans ce contexte, la violence physique est toujours possible : si le deal patriarcal n’est plus respecté, la violence devient un mode de régulation pour rappeler que chacun doit rester à sa place. »

On voit bien dans ce passage que si la « double préséance » peut perdurer dans un système de patriarcat réduit il n’en va pas de même du « devoir d’obéissance » de la femme au mari (ou compagnon) qui n’existe plus en droit mais aussi en fait dans les couples les plus éloignés du modèle patriarcal, surtout quand la femme dispose de son autonomie financière. Des complémentarités partielles peuvent certes subsister au sein d’un fonctionnement global d’égalité et de liberté de chacun.

Christian DELARUE

Le 1 hebdo - « Le féminicide est l’échec sanglant du patriarcat »
https://le1hebdo.fr/journal/numero/273/le-fminicide-est-l-chec-sanglant-du-patriarcat-3572.html