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Le mécréant contre les fétiches : « Qui sème le sacré récolte le blasphème ». C Delarue

vendredi 31 décembre 2010, par Amitié entre les peuples

Le mécréant contre les fétiches : « Qui sème le sacré récolte le blasphème ».

1er aout 2009

http://mobile.agoravox.fr/actualites/religions/article/mecreant-contre-les-fetiches-qui-59650

publié sur Dazibaoueb sous : [Un mécréant respecte les humains, pas les fétiches !

Réaction à « Le singe sur la croix et l’archevêque d’Avignon ». F Serra

1 - Question ouverte : Y-a-t-il une dimension émancipatrice du blasphème ?

Pointons d’autres réactions critiques :
* Quand le voile ou la kippa affiche « Allah (ou Yahvé) est grand ! » le mécréant répond « Je pisse sur ton Dieu » (et sur tout les Dieux) « Dieu, j’ai marché dessus par erreur ».
* Quand le voile dit « je suis respectable » j’ai écrit jadis « Nous sommes tous et toutes des putes ! » (je suis par ailleurs radicalement contre la prostitution mais ce n’est pas d’elles qu’il s’agit en fait)
* Siffler le drapeau ou la Marseillaise peut relever du même refus des symboles dominateurs (1)

2 - Comprendre : Pourquoi une telle réaction ?

* Au fond , à la racine de cette critique satirique, il y a un refus de l’éternelle tendance des religions de se croire, comme Dieu, au-dessus des humains, mais aussi un rejet de la tendance lourde de toutes les religions à vouloir diffuser partout leeurs préceptes et impératifs contre les autres religions mais surtout contre les agnostiques et les athées.

* Sur la forme, ces individus ne sont pas nécessairement vulgaire le reste du temps . Ils peuvent le plus souvent vivre sans dire le moindre terme grossier mais se sente devoir adopter le mode blasphématoire dans ces cas-là car, selon eux, la critique rationnelle ne suffit pas à faire tomber le fétiche. De ce fait, il y a de plus en plus une pente de type « critique satirique » contre les individus ou les symboles du sacré, de la respectabilité surfaite. Ces mécréants-là sont-ils des individus sans principe, sans morale ? Que non !

3 - Réponse à la question : Un tel mécréant respecte les humains, pas les fétiches !

* D’abord, il s’agit d’aimer les humains mais aussi de haïr les oppressions . C’est là le précepte philosophico-politique de Sartre repris récemment par J Ziegler. Voici le commentaire de J Ziegler à propos de la formule de Jean-Paul Sartre. Quand Sartre disait « Pour aimer les hommes, il faut haïr ce qui les opprime », tout est dans ce « ce ». La réaction n’est pas dirigé contre un groupe d’hommes ou des individus mais contre les mécanismes de l’oppression.

* Ensuite hors du strict respect des êtres humains, il y a sans doute des valeurs à respecter, mais ce sont d’abord les humains qui doivent être respecter. Placer la dignité humaine en premier est essentiel . Il ne s’agit pas pour autant d’un humanisme béat. L’humanisme véritable est de combat. Car il n’ignore pas que tout humain est pris dans des rapports sociaux de domination. Cela conduit nécessairement à ne pas tout accepter des pratiques humaines. Mais les modalités de résistances et de changement sont aussi importantes que le but.

4 - Les distinctions contre les faux-pas.

Une première distinction essentielle à constamment répéter pour ne pas l’oublier est la critique des actes des humains mais la valorisation de leur dignité humaine radicale . En ce sens on peut parfaitement critiquer la kippa ou le voile et même la religion - par exemple son discours qui survalorise la respectabilité de la musulmane voilée - mais néanmoins respecter les personnes qui portent ces pratiques. Donc ne pas les injurier, les frapper ou même refuser de les saluer. A la loi de déterminer dans quel lieu telle ou telle pratique n’est pas tolérable.

Par ailleurs, les valeurs à respecter sont celles qui accroissent la liberté, l’égalité, l’adelphité et la laïcité et donc la paix des communautés humaines. Mais dès que l’on approfondit l’équilibre à respecter entre ces valeurs républicaines on se trouve face à des conflits et à des positions de pouvoir. Il convient de procéder à de nouvelles distinctions . Il y a comme première distinction les conflits entre humains avec la subdivision des simples conflits de relations humaines et celles des divers rapports sociaux, de classes, de genre, de « races » (pour enlever les guillemets disons de racisation) et comme seconde distinction les conflits entre les humains et tous les dispositifs abstraits qui les surplombent.

5 - Contre les dispositifs abstraits qui surplombent les humains.

Mais ces dispositifs peuvent être ambigu, à la fois aliénant et émancipateur ou à tout le moins protecteur. Les religions apportent sans doute des consolations appréciables aux croyants ; elles mettent surtout Dieu au-dessus des hommes nécessairement de moindre dignité. Mais il n’y a pas que la religion à agenouiller les humains. Les grands dispositifs technico-juridiques qui suivent et contrôlent les procès de travail dans les structures productives participent de la réïfication humaine au travail. A contrario, un code du travail sera perçu comme plutôt protecteur pour les travailleurs salariés même si certains éléments permettent de reproduire l’exploitation de classe et la domination globale. De la même façon, les symboles de la nation tel la Marseillaise, le drapeau deviennent des fétiches à abattre lorsqu’ils ne correspondent plus à un contenu révolutionnaire. Par contre la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité peuvent avoir plus aisément une dimension émancipatrice car leur conjugaison à suivre Ernst Bloch implique une certaine dynamique d’émancipation humaine.

Christian Delarue

Siffler la Marseillaise en mémoire du 17 octobre 1961 !

LES BLASPHEMES DU MECREANT
Blasphème, démocratie et émancipation : un sujet délicat

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article6596

Emprise du religieux « par en-haut » et « par en-bas ».

http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=5208