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Le discours à l’adresse des « nationaux » ne me parle pas. C Delarue

mardi 24 septembre 2013, par Amitié entre les peuples

Le discours à l’adresse des « nationaux » ne me parle pas.

21 SEPTEMBRE 2013 | PAR CHRISTIAN DELARUE

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/210913/le-discours-ladresse-des-nationaux-ne-me-parle-pas

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Un dominant parle la même langue que nous.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/150913/un-dominant-parle-la-meme-langue-que-nous

Adresse critique à nos élites « de gauche » surtout !

Il en va un peu du discours aux nationaux comme du discours aux entreprises sans plus de précision : s’agit-il de parler aux patrons ou de parler aux travailleurs ? Mais c’est un peu plus compliqué.

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Concepts : deux nations, deux peuples.

La science politique et l’histoire des idées politiques montrent en l’espèce deux grandes conceptions : le peuple ethnique d’une part et le peuple démocratique et citoyens tel que défini légalement par l’Etat, d’autre part.

Un conception s’adresse à la nation ethnique, au peuple français ethnicisé (le « mes chers compatriotes » de N Sarkozy) . Elle irrite frontalement les gens de gauche. Cette notion valide aisément un racisme franc et massif, soit par valorisation fausse de soi soit par mépris des autres peuples.

Mais la conception qui s’adresse à la nation des citoyens (« mes chers concitoyens ») n’échappe pas non plus à la critique la plus soutenue, y compris quand il vient de gauche. Il encours une double critique d’importance, qui ne signifie nullement gauchisme ou mépris de toute forme de démocratie, d’intervention citoyenne. Loin de là même.

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DOUBLE CRITIQUE

 Voici, brièvement, cette double critique qui vaut aussi pour les nations de minorités géographiques ou culturelles.

Elle est souvent répétée mais toujours pertinente. Il faut donc poursuivre inlassablement, pédagogiquement.

1- Ce discours, fut-il de gauche, reste national donc d’exclusion des résidents étrangers. Il ne s’adresse pas aux résidents étrangers. Et, vue « de gauche », il ne s’adresse pas aux résidents étrangers du peuple-classe (les résidents étrangers appartenant à l’oligarchie ne font pas souci pour nous et pour personne).

J’y vois une forme de « communautarisme national » qui peut produire une forme lourde de racisme, racisme qui trouve sa forme concrète dans ce qu’on pourrait appeler la « discrimination préfectorale » avec des usagers étrangers dehors sous la pluie pendant plusieurs heures et les usagers de la communauté nationale bénéficiaires de la « charte marianne », dedans et au chaud.

2 - Il reste aussi a-classiste et donc socialement a-critique du fait du voile qu’il laisse sur le profond clivage interne à la nation.

Il ne distingue pas le loup et l’agneau, le prédateur et la victime, la classe dominante et le peuple-classe. Cacher les dominations sociales produites par le mode de production économique est le propre de la droite. Pourquoi la gauche fait de même ?

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Essai : Nation SOCIALISTE ou nation CAPITALISTE.

Lorsque l’on s’adresse au peuple-classe français on peut alors évoquer, le cas échéant (ce n’est pas nécessairement mon projet), une nation socialiste, avec beaucoup de services publics nationaux distribuant beaucoup de valeur d’usage, une nation avec une démocratie socialiste ouverte ou les citoyens-résidents interviennent sur des champs nettement plus larges, sans commune mesure avec le champ rabougri de la démocratie que l’on connait, avec une société beaucoup plus juste ou les riches sont moins riches et les pauvres moins pauvres, avec un revenu médian supérieur, permettant de vivre mieux avec des produits durables et de qualités. Une nation socialiste dispose aussi d’une politique consciente de transition écologique et d’une politique de solidarité avec les peuples-classes opprimés. J’arrête ici car ce serait trop long.

Mais on voit nettement que c’est autre chose et qu’il y a un projet politique fort avec un sujet social certes hétérogène : le peuple-classe. L’hétérogénéité du peuple-classe ne devrait pas effrayer les « politiques » rompus aux questions d’alliances stratégiques et à la constitution de front de classes. De nos jours, on voit plus, certes, le jeu des discours manipulateurs et tacticiens que celui qui pose des stratégies de convergences vers des ruptures nettement ciblées.

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EUROPE, Europe, Europe.

Un discours identique, « citoyenniste », aussi globalisant, mais à l’attention des européens serait passible de la même critique.

La référence à la nation ou à l’europe ou au monde qui ne passe que par la référence à la démocratie masque le fait que les citoyens ne sont pas égaux et que la démocratie peut être un objet fétiche donc surplombant les individus et les citoyens.

Ces références abstraites cachent la lutte de classe interne à la nation, à la démocratie (quelle démocratie ?)

La référence au citoyen est trop banale . De quel citoyen parle-t-on ? Du citoyen du peuple-classe ou du citoyen de l’oligarchie ?

Du citoyen du monde du travail ou du citoyen de la finance ?

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REPUBLIQUE, oui mais encore !

Il en va de même pour République, la res publica, la chose de tous de l’oligarchie au dernier des prolétaires. Le terme s’accomode aussi bien d’un régime de capitalisme libéral que d’un régime de capitalisme social que d’un socialisme démocratique.

Oligarchie, République, socialisme

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/041112/oligarchie-republique-socialisme ?

Seuils : Les trois formes de République .

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1666

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Pour approfondir lire :

1 - La référence :

« Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe » : Nouveaux Cahiers du socialisme

http://www.cahiersdusocialisme.org/2012/07/17/classe-dominante-et-oligarchie-contre-peuple-souverain-et-peuple-classe/

L’ennemi intérieur, c’est l’oligarchie ou le lampiste ?

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/200913/lennemi-interieur-cest-loligarchie-ou-le-lampiste

2 - Sur le fait que le mouvement altermondialiste ignore le classisme et les références de classe, il convient de pondérer le propos par la référence au(x) peuple(s). Et souvent on passe du peuple démocratique au peuple-classe.

Sur ce point précis lire : « Les mouvements de l’altermondialisme appartiennent aux peuples-classe. »

https://association.pour-politis.org/space/autre-monde/content/_8f53dd1d-5a7c-46d6-b3db-fc142bdc8ef2

3 - Sur la transcroissance du peuple-classe en peuple-nation lire cette analyse :

Peuple ethnique, Etat, peuple-nation chez E. Gellner : « Nations et nationalisme » (Christian Delarue) - Les blogs d’Attac

http://blogs.attac.org/groupe-societe-cultures/articles-cultures-anthropologie/article/peuple-ethnique-etat-peuple-nation