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Le « dépit amoureux » selon Frédéric Mitterrand

mardi 4 août 2009, par Amitié entre les peuples

Le « dépit amoureux » selon Frédéric Mitterrand

Lettre ouverte des Chiennes de garde au ministre de la Culture

Marie Trintignant est morte il y a six ans, le 1er août 2003.
Elle a été tuée par l’homme qui disait l’aimer.
Était-ce du « dépit amoureux » ?

Marie Trintignant est-elle morte pour rien ? On peut le craindre à vous entendre, vous, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, quand vous apportez votre soutien au rappeur Orelsan.
Dans un rap, « Sale pute ! », dont le clip est disponible sur Internet, Orelsan insulte la femme qu’il aime et la menace d’horribles tortures parce qu’il l’a vue embrasser un autre homme. L’ensemble de son répertoire (par exemple, « Suce ma bite pour la Saint-Valentin ! ») est tout aussi violent envers les femmes, avec une complaisance inadmissible dans la description de violences physiques, viols, viols collectifs, transmission volontaire du sida, assassinat, avortement forcé, pédocriminalité, etc.

Interviewé, Orelsan affirme ne rien regretter de ses outrances, et dans l’un de ses raps il revendique même d’être compris au « premier degré ».
Le 14 juillet, sur RTL, vous avez déclaré « ne rien voir de choquant » dans la chanson « Sale pute ! », où vous ne percevez que l’expression légitime d’un « dépit amoureux ». Dépit amoureux ! Nous ne sommes ni chez Molière ni chez Marivaux, M. le ministre, mais dans la vraie vie : comment pouvez-vous percevoir de l’amour dans ce désir de se venger d’une femme, en la faisant souffrir, en la blessant, en la tuant ?

Ce « dépit amoureux » tue. Dans d’autres pays, on l’appelle par son nom : violence conjugale masculine. En France, dans un foyer sur dix, l’homme commet des actes de violence graves sur la femme. Tous les deux jours, un homme tue sa femme, ou sa compagne, et parfois aussi leurs enfants.

Il est irresponsable de prendre à la légère les paroles d’Orelsan, car il s’agit de banalisation du meurtre de femmes. Nous attendons plutôt de responsables politiques qu’ils concourent à apprendre aux hommes et aux garçons violents à se maîtriser. M. le ministre, relayez donc le travail féministe en déclarant que la violence nÕest jamais une solution ! La violence est le problème.

Adelphiquement*,
Florence Montreynaud

*Adelphiquement dérive de adelphité, mot qui désigne un sentiment entre fraternité et sororité. En français, sœur et frère proviennent de deux mots différents. Le mot adelphité est formé sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant sœur et frère.

Réseau « Encore féministes ! »
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